Au Maniema dans le territoire de Kabambare, les affrontements entre deux factions de la milice Malaïka sont signalés depuis début octobre. Selon des informations recueillies auprès des sources officielles et indépendantes locales, les affrontements opposent le groupe du chef de guerre le Cheik Kabala et ceux du chef de guerre et général d’Etat-Major autoproclamé Mandevu.
Shabani Bitchanga, président de la société civile sous antenne de Lusangi dans le territoire de Kabambare, a indiqué que les combats ont commencé le 1er octobre à 16 heures à Kibenga, une localité située dans la collectivité de Bangubangu Lulindi. " Les populations des localités Kibenga, Mavi ya Kuku et d'autres villages environnants ont fui vers Lusangi et le groupement Mukoko. Nous ne savons pas encore avec précision la situation sur place, car des affrontements sont en cours dans la région ", a fait savoir Shabani Bitchanga.
La signature du cahier de charges entre Strategos Mining et la communauté locale de Salamabila serait la pomme de discorde entre les deux factions de la milice selon Albert Katuta Wabulangi, administrateur de territoire de Kabambare.
" La pomme de discorde, c'est parce qu'ils ont appris que le gouverneur était parti à Salamabila et il a déclaré qu'il y a la paix " a-t-il fait savoir, ajoutant que les hostilités ont commencé au niveau de la frontière du territoire de Kabambare avec celui de Kasongo.
" Ce sont les éléments de Mandevu qui sont passés du côté de Kabambare dans le village de Mwangulu. Ils ont tracassé fortement là-bas. Et puis loin de là, ils ont aussi commencé à tracasser du côté de la localité Kibenga ", indique-t-il.
Des sources locales ont indiqué que c’est en réaction à l’acte posé par le chef de guerre Mandevu et ses hommes dans le territoire de Kabambare que l’autre faction de la milice a décidé de contre-attaquer.
" C'est ce qui n'a pas plu aux oreilles de M. Kabala qui a voulu mettre hors d’état de nuire le chef de la milice Mandevu et ses hommes pour qu’ils restent chez eux du côté de Kasongo et ne plus venir troubler la quiétude et la paix retrouvée à Kabambare ", a renchéri l’Administrateur de territoire de Kabambare.
Situation humanitaire précaire dans la zone selon la société civile
Moïse Kangakolo, président de la société civile du Maniema antenne de Kabambare, tire la sonnette d'alarme face à une situation humanitaire de plus en plus préoccupante dans la zone de santé de Lusangi. Les déplacements massifs de population ont créé une crise sans précédent, laissant des milliers de ménages livrés à eux-mêmes dans des conditions dangereuses.
Selon Moïse Kangakolo, les déplacements en cascade affectent presque trois aires de santé de la région. Une grande partie de la population se retrouve en brousse, tandis que d'autres se sont installés à Wamaza et à Lusangi. On estime que plus de 4500 ménages sont actuellement en déplacement, cherchant désespérément un refuge et une assistance.
Notre source indique que ces milliers de déplacés manquent de tout. Les besoins prioritaires sont l’appui en vivres et moyens de subsistance aux ménages affectés ; abri et articles ménagers essentiels ; appui en articles ménagers essentiels en y associant les moustiquaires et les bidons pour le stockage d'eau.
Face à cette situation critique, Moïse Kangakolo lance un appel pressant aux autorités et aux organismes humanitaires pour qu'ils interviennent rapidement. Il demande aux autorités de restaurer l'autorité de l'État dans la zone et d'assurer la sécurité des populations déplacées. De plus, il sollicite l'aide des humanitaires pour fournir une assistance d'urgence à ces personnes dans le besoin.
Contexte
Fin septembre 2023, la société minière Strategos et la communauté locale ont signé un cahier de charge. Ce cahier des charges prévoit notamment la cession d'une partie du carré minier aux exploitants artisanaux, ce qui était une revendication de la communauté locale depuis plusieurs années. Cette situation avait conduit à des tensions et des violences entre la communauté locale et la société BANRO, qui avaient finalement conduit à la fermeture de l'exploitation minière en 2017.
Depuis 2016, le sud de la province du Maniema est le théâtre d'activités de groupes armés, notamment la milice Malaïka, composée de populations autochtones. Cette milice a mené des attaques, des tueries et des enlèvements pour protester contre le non-respect du cahier des charges signé avec Namoya Mining, une filiale de la société canadienne Banro Corporation.
L'acquisition des actifs de Banro par Strategos avait été annoncée en mars dernier. Antérieurement, en juin 2020, le groupe Banro avait annoncé la vente de sa mine d'or de Namoya à Shomka Resources Ltd, dans laquelle la société chinoise Baiyin International Investments détenait une participation minoritaire.
Chadrack Londe, à Kindu