Festival Pianos de Kinshasa : Les “Intervalles” de la troisième édition 

Photo d'illustration
Jérémie Tshibi, pianiste congolais

C’est peut-être le rendez-vous incontournable du mois d’octobre à Kinshasa : un festival qui met en valeur un instrument de musique qui plus est “le plus complet”. Depuis octobre 2021, les pianistes, amoureux du piano et autres se retrouvent dans le cadre du festival Pianos de Kinshasa. Cette année ne déroge pas à la règle, les festivités se lancent dès le 1er octobre.

Fidèle à ses habitudes de deux premières années, le festival Pianos de Kinshasa tiendra ses concerts dans deux types d’endroits : les terrasses dites “Nganda piano” et les salles plus adaptées. Au-delà du côté musical, en fil rouge, Pianos de Kinshasa est pensé comme un rendez-vous de réflexion mettant au centre cet instrument de musique pour évoquer la société congolaise et ses réalités historiques, en particulier celles de la capitale qui est Kinshasa.

Intervalles 

Que Kinshasa soit remplie de pianos pendant une semaine, c’est ce que veut voir le directeur artistique de Piano de Kinshasa. Mais pas que, au-delà de représentation conventionnelle, le festival est aussi l’occasion de réfléchir sur le thème choisi cette année : intervalles. Quid ? 

L’intervalle désigne la distance qui sépare ou qui lie deux notes en musique, c’est l’écart entre deux sons, mesuré par le rapport de leurs fréquences. En tropicalisant la notion, une vue plus large se pose sur le mot Intervalle et qui va faire l’objet de la réflexion. La question est celle de la distance du point de vue géographique, humain et artistique aux niveaux local et international. 

« Dans le contexte congolais, l’intervalle, c’est réfléchir sur le rapprochement du pays qui est grand d’une superficie de plus de 2 millions de kilomètres carrés. On a tendance parfois à être moins concerné par ce qui se passe très loin du coin du pays où on se trouve. L’intervalle, c’est dire que Goma ou une autre ville du pays peut être loin mais on est tous connecté et concerné par ce qui se passe. C’est réfléchir sur le rapprochement plutôt que l’éloignement », explique David Shongo, directeur artistique du festival Piano de Kinshasa.

Et d’ajouter : 

« C’est aussi passer un message aux dirigeants de faire sorte de construire des routes au-delà de celles qu’on a eue a depuis la colonisation. Avec ce qui se passe avec Congo Airways, le pays devient encore plus loin. Kisangani, Lubumbashi ou Goma deviennent très éloignés de Kinshasa. On veut que les intervalles qui séparent des villes soient des dispositifs de rapprochement plutôt que d’éloignement ».

Dans les échanges, les intervalles seront aussi bien respectés que mis en évidence. Ce qui renvoie à l’écoute de l’autre, à la découverte de son univers, sa culture et bien d’autres éléments de différence ; le tout par le piano. Comprendre la sensibilité des autres pour “créer une société d’élitisme pour tous qui veut dire vivre comme on le sent”, précise David Shongo.

Pour parvenir à verbaliser ce que la société considère comme peu utile, l’art se propose comme une alternative. Le festival Pianos de Kinshasa a, pour ce faire, réussi à faire venir 21 artistes d’Allemagne, de la Suède, de la Suisse, de la France et de la Belgique, en plus des pianistes congolais. Les prestations auront lieu du 1er au 7 octobre.

« Mes prestations seront en constante transition. L’intervalle c’est pour moi une distance mais également une liaison. Il sera question pour moi de lier, de mettre en symbiose plusieurs contextes d’un point de vue musical international et national, et créer un langage », a confié Glody Singa, pianiste congolais.

Après, cette édition, l’organisation prévoit de combler l’intervalle qui la sépare avec la prochaine édition de 2024. En effet, des concerts sont en vue à plusieurs endroits. A en croire le directeur artistique, les pianos qui manquaient autrefois sont arrivés pour permettre cela.

Au programme 

Le festival s’ouvre le 1er octobre à 17h00, à la terrasse Les partenaires sur l’avenue de la libération (ex 24 novembre), avec le pianiste congolais Jérémie Tshibi et le pianiste belge Alexander Gurning. Dans la soirée, à 20h00, la pianiste allemande Hanni Liang se produira à l’académie des beaux-arts.

La clôture se fera par le congolais Fa Dièse à 17h00, toujours chez Les partenaires et à 20h00, la suédoise Sofia Nystrand et Jakob Lindhagen seront à l’académie des beaux-arts.

Cependant, les prestations se feront tous les jours entre le 1er et le 7 octobre à partir de 17h00, dans une terrasse de la place et à partir de 20h00 dans un espace culturel. Toute la programmation est à retrouver sur les réseaux sociaux du festival pianos de Kinshasa.

Pianos de Kinshasa est le seul festival de musique axé sur le piano et les pianistes en RDC et en Afrique subsaharienne. Il a vocation à être annuel avec différents thèmes. Le piano est mis en avant avec d’autres appareils musicaux à claviers ou des instruments congolais à cordes frappées et à clavier, tels que le clavecin, le xylophone, le synthétiseur, le Likembe ou le Madimba.

Emmanuel Kuzamba