Même si cette qualification manque de plus en plus d’adeptes, il y en qui croient à “Kin la belle”. Appellation des années 1970 attribuée à la ville de Kinshasa, capitale de la RDC, pour sa beauté remarquable dans ses constructions, sa propreté et même dans l’élégance vestimentaire de ses habitants. Aujourd’hui, plusieurs parlent de “Kin la poubelle” en référence à la montée de l’insalubrité. Pas suffisant pour détourner l’attention de la troisième édition du festival bosangani.
Cette rencontre annuelle des danseurs de Kinshasa et ceux d’ailleurs se place sur cette thématique pour sa troisième édition qui court entre le 24 septembre et le 1er octobre. Après une deuxième édition qui a voulu mettre en valeur la femme, cette année met en valeur toute la ville où se tient le festival Bosangani depuis août 2021. Cela ne veut pas dire pour autant que l’on ferme les yeux sur de nombreux problèmes à résoudre dans la ville.
« A Kinshasa aujourd’hui, on voit des poubelles, il faut qu’on en parle ; on voit des gens étudier et avoir des diplômes mais sans savoir le bout du tunnel au niveau travail ; c’est des choses qui me tiennent à cœur. On se dit que c’est Kin la belle, c’est beau mais on a des problématiques à résoudre », a souligné Jolie Ngemi, initiatrice du festival Bosangani.
Kin la belle, c’est aussi opposer deux réalités assises sur des clichés dans l’imaginaire des étrangers. A titre d’exemple, les artistes belges, italiens et portugais qui prennent part à cette édition ont dû faire face à un tas de témoignages écrits pour soit les dissuader soit les appeler à une prudence extrême pendant leur séjour à Kinshasa.
Le concept Bosangani
“Bosangani” est un mot lingala qui veut dire "Rendez Vous, Rencontre ou Réunion". A travers ce projet initié par la danseuse Jolie Ngemi, il y a une envie d’ouvrir une nouvelle page et de participer au développement culturel de la RDC et de l'Afrique. Dans ce contexte de festival, le plus important est de créer un espace d'écoute de l'autre et de soi, un espace de partage, un espace d'éveil de la curiosité.
Ce festival met en place des outils de transmission par le biais de rencontres et d'évènements autour des métiers du spectacle vivant, c'est un rendez-vous intergénérationnel. Les artistes émergents profitent des rencontres misent en place avec les artistes confirmés pour nourrir leur propre travail, et vice-versa. Bosangani est un rendez-vous fédérateur entre les institutions et artistes qui créent le terreau de la création congolaise.
Dans le fond, l’idée n’est pas de faire bouger uniquement le corps mais d’aller plus loin, dans le pourquoi de chaque mouvement. Jolie Ngemi, qui a fait des études de danse en Belgique, a de quoi apprendre aux plus jeunes. Mais pas qu’elle, des masterclass auront lieu avec d’autres anciens du domaine dans la ville et ceux venus de l’étranger.
Aussi, dans la longévité, le festival se veut de travailler avec les mêmes artistes et ajouter au fur et à mesure pourvu de suivre l’évolution de chacun d’entre eux. Les danseurs proposent des spectacles chaque année et un de ceux-ci a été retenu et est allé se jouer en Europe.
Au programme de cette édition, des ateliers, masterclass, battles de groupe de danse hip hop, performances extérieures, spectacles, concerts, animation, débats constructifs et témoignages. Les invités viennent du Portugal, de l’Italie, du Cameroun et de la Belgique.
Les activités se dérouleront au centre Wallonie-Bruxelles, à la résidence de l’ambassadeur de Suisse en RDC, au bord du fleuve Congo, à la place commerciale à Limite 7ème rue, au centre culturel Ntongo elamu et au Terrain Adi. L’accès est libre. Rendez-vous sur les pages des réseaux sociaux du festival Bosangani pour les détails quotidiens de chaque activité du jour.
Emmanuel Kuzamba