RDC: Plus de 300 élèves recensés parmi les déplacés à Kisangani à la suite du conflit entre Mbole et Lengola

Des déplacés vident le site de Kanyaruchinya pour se diriger vers Goma
Des déplacés vident le site de Kanyaruchinya pour se diriger vers Goma

Le conflit entre les membres des communautés Lengola et Mbole dans les territoires d’Opala et d’Ubundu (Tshopo) a des conséquences sur les activités scolaires. Alors que la rentrée scolaire est effective depuis le 4 septembre dernier sur l’ensemble du pays, plusieurs enfants n’ont pas pu retourner à l’école suite au conflit qui a dégénéré faisant des dizaines de morts.

A Kisangani, plus de 5 000 déplacés sont enregistrés en provenance d’Opala et d’Ubundu. Parmi eux, plus de 300 élèves.

"Depuis le 3 mai 2023, on a enregistré 50901 déplacés dans ce camp ici dans la commune Kisangani. Parmi eux, nous avons enregistré 329 élèves du primaire et du secondaire dont 162 filles et 167 garçons. Au niveau de la commune, nous disposons d'un bâtiment de 3 salles de classe qu'on va mettre à la  disposition des élèves qui veulent étudier. Nous allons nous concerter avec des enseignants pour qu'ils viennent en aide à ces enfants qui ont aussi le droit d'étudier", a indiqué à ACTUALITE.CD Bokendi Liyeli, bourgmestre de la commune Kisangani.

Tous les enfants se trouvant au camp des  déplacés de la commune Kisangani viennent des quartiers périphériques de la commune de Lubunga où des incursions des assaillants se poursuivent. Il s'agit des villages situés sur l'axe Ubundu et Opala. Ces enfants ne savent pas rentrer dans leurs villages respectifs suite aux atrocités.

"Je m'appelle Caty Otikake, élève de 5e primaire, j'ai besoin d'étudier mais je ne peux rien car il n'y a pas d'école ici au camp des déplacés. Où allons-nous étudier cette année scolaire ? ",   lâche Caty Otikake (12 ans), d'une voix tremblante.

"Je suis Jacques élève de la 4e année secondaire, je viens du PK 8 route Opala. Nous avions fui avec nos parents, des hommes armés de machettes et des lances qui passaient devant notre maison à la recherche des Lengola. J'ai interrompu mes études à cause d'eux. Maintenant que les cours ont commencé, moi aussi je veux étudier comme ces enfants que je vois ici  en face de  nous qui vont à l'école chaque matin", ajoute cet autre élève.

Les parents déplacés demandent l’implication des autorités pour que les enfants qui se trouvent en déplacement puissent étudier.

"Nous demandons aux autorités de chercher comment nos enfants vont étudier. Il n’y a pas moyen de regagner nos villages pour faire étudier nos enfants. Là les écoles  ont été  détruites et incendiées par des assaillants, il n’y a pas moyen de regagner nos villages actuellement, ils  sont encore là ceux qui tuent les gens  et  pillent les biens d’autrui, ils sont là cachés dans nos forêts. Nous craignons qu'ils tuent nos enfants", plaident les parents déplacés.

Les sources d’ACTUALITE.CD indiquent également que, suite à ces affrontements, de nombreux élèves sont devenus orphelins, rendant ainsi la poursuite de leurs études encore plus précaire. Les parents des zones d'Opala et d'Ubundu lancent un appel pressant aux autorités pour le rétablissement de la sécurité et de la paix.

Contexte

Les attaques entre les deux communautés ont débuté après la signature fin février, d’un contrat d'occupation provisoire de cinq ans d’une concession de 4 000 hectares entre le gouvernement provincial de la Tshopo et une entreprise dans les villages Losilo et Batiamutengo dans la commune de Lubunga.

Sur l’axe Ubundu-Opala, plusieurs personnes ont été décapitées, mutilées et des maisons incendiées au cours des affrontements à l’arme blanche.

La tension n’a pas baissé et les habitants continuent de déserter plusieurs villages. C’est notamment les villages Lokata, Kubagu, Ngenengene, Osio, 5 chantiers sur l'axe Opala, tandis que sur l'axe Ubundu la situation demeure tendue au PK 14 et 87. Et ce, malgré le déploiement des forces de l’ordre et de sécurité dans la zone.

Une initiative de paix a été mise en place par le gouvernement provincial en collaboration avec l’assemblée provinciale, la société civile, des leaders communautaires et chefs coutumiers pour endiguer la violence. Mais pour l’instant, la paix n’est pas rétablie à Ubundu et Opala. 

Gabriel Makabu, à Kisangani