Crise du maïs: le président zambien donne sa version et encourage les autorités congolaises à suivre le circuit officiel 

Plantation de maïs. Photo actualite.cd
Plantation de maïs. Photo actualite.cd

Le président zambien, Hakainde Hichilema a donné sa version au sujet de la commande de maïs effectuée par la RDC. Il a encouragé les autorités congolaises à suivre le circuit formel. Pendant plusieurs semaines, Kinshasa a accusé « une main noire » qui serait derrière le blocage de la fameuse commande. Vital Kamerhe, Vice-Premier ministre et Ministre de l'Économie nationale a même parlé d’embargo. Quatre membres du gouvernement se sont rendus notamment en Afrique du Sud et en Zambie pour discuter avec les fermiers et les autorités de ces pays.

« Deux mesures étaient prises en Zambie. Il était décidé de ne plus exporter vers la RDC au cours de cette année. L’Ethiopie, le Sud-Soudan, l’Ouganda, le Kenya, la Tanzanie, le Malawi avaient déjà acheté toutes les quantités destinées à la RDC. Posez-vous la question », avait déclaré Vital Kamerhe.

Selon, l’autre mesure concerne le transit: « Imaginez que nous achetons la farine en Tanzanie et en Afrique du Sud. Cependant, les droits de transit étaient supprimés. On ne pouvait pas passer par la Zambie. Cette mesure avait été prise dans un conseil des ministres et elle sera levée au plus tard le 15 juin.

Le Chef de l’Etat zambien a donné sa version qui apporte quelques nuances.

« Nous devons discuter avec nos voisins de manière pacifique, mais avec fermeté. Nous avons demandé à nos voisins, qui manquent de nourriture, de passer une commande officielle aux propriétaires de champs. Il s'agit de frontières nationales (…) Et nous négocions, puis nous allons voir nos agriculteurs et nous allons leur demander de produire plus afin de satisfaire à la demande du Congo », a t-il déclaré jeudi devant la presse et quelques officiels Zambiens.

Il a insinué que les précédentes démarches effectuées par les émissaires de Kinshasa ne suivaient les voies autorisées. Selon lui, ce n’est que maintenant que la RDC a passé une  commande formelle.

« Nous voulons commercer de manière formelle sans avoir à courir après les gens dans la forêt. Ce n'est pas de la rhétorique, c’est une réalité. Mais nous voulons aussi que l'argent soit versé dans notre système bancaire afin que les dollars entrent dans notre économie », a-t-il ajouté. 

Il a insisté sur l’importance de suivre le circuit formel et les conséquences sur l’économie de son pays.

« Nous voulons que l’argent entre officiellement dans le circuit normal de notre économie étant donné que nous avons dépensé des dollars pour acheter les engrais. Nous voulons éviter que soient créées des distorsions sur le marché de change. C'est pourquoi nous demandons maintenant aux banques et à nos amis d'en face de déposer de l'argent dans notre système bancaire en échange à la commande à un prix convenu (…). Nous avons pu négocier un prix fantastique, faites-nous confiance. Ne nous donnez pas de crédit, nous continuerons à travailler parce que c'est notre devoir ».

Pour résorber la crise de la farine de maïs au centre et au sud-est de la RDC, le gouvernement congolais annonce, pour sa part, qu’il va accorder une sorte d’amnistie totale sur le plan fiscal. Il s’agira d’appliquer la politique de « taxe zéro » pour les importations. Parallèlement, un plan d’urgence d’accroissement de la production de maïs est annoncé. Il sera exécuté parallèlement au plan de ramassage de la production dans le Grand Katanga et le Grand Kasaï en plus de l’accompagnement des privés dans l'opération d'importation en RSA et Zambie.  De plus, Vital Kamerhe a aussi déploré « une fiscalité toxique et une parafiscalité étouffante » qui contribuent à la crise. Au total, le besoin estimé pour les régions du centre et du sud-est de la RDC est d’environ un million de tonnes de farine, selon le gouvernement. La production locale ne couvre que 25% du besoin annuel. Ainsi, il se dégage un déficit de 750 000 tonnes. 

Dans sa communication, Hakainde Hichilema est également revenu sur la gestion des frontières. 

« Nous avons rencontré nos collègues du Congo, plusieurs fois au plus haut niveau, le problème est de l'autre côté. C'est pourquoi nous travaillons durement pour reconstruire les relations avec nos voisins, pour que nous puissions montrer à nos voisins qu’il nous faut pas fermer la frontière à 15 heures ». 

Il a plaidé pour que le trafic se déroule 24H/24 en s’appuyant sur les progrès technologiques.

« Les frontières ne sont ouvertes que pendant quatre ou cinq heures. Suis-je censé entrer au Congo et commencer à tirer sur les gens ? Est-ce que c'est ce que je suis censé faire ? Non, je suis censé continuer à faire ce qui est juste dans le cadre des canaux diplomatiques ». 

Il a annoncé que les efforts sont en cours au niveau de la région et au niveau de l’Union africaine: « Si nous étions les seuls. Nous l'aurions fait. Vous savez, lorsque nous sommes confrontés à des problèmes, nous agissons rapidement. Mais aujourd'hui, il s'agit d'une question bilatérale, d'une question de la SADC, d'une question de l'Union africaine. Vous serez heureux d'apprendre que, lors de la dernière réunion de l'Union africaine, nous avons décidé de mettre en place un programme d’action, ce qu'on appelle Smart Africa (…). La technologie nous dira que le camion s'est arrêté quelque part et qu'ils ont mis des êtres humains à la place de la marchandise. C'est pourquoi nous devrions avoir des postes-frontières sans interruption ».