Est de la RDC - l'ONU met en garde : "Nous ne pouvons tolérer ces souffrances indicibles et les atrocités récurrentes qui sont devenues quotidiennes"

Les rebelles du M23 à Bukavu le 20 février 2025
Les rebelles du M23 à Bukavu le 20 février 2025

L'Est de la République Démocratique du Congo reste confronté à une crise humanitaire majeure où les affrontements entre les Forces Armées de la République Démocratique du Congo/Wazalendo et divers groupes armés non étatiques se sont intensifiés. Depuis l'offensive de l'AFC/M23 soutenue par le Rwanda ayant conduit à la prise de Goma en janvier 2025, suivie de Bukavu en février, la région connaît une flambée de violence ayant causé des milliers de morts, des blessés et des déplacements massifs.

Martha Ama Akyaa Pobee, du Ghana, au poste de Sous-Secrétaire générale de l'ONU pour l’Afrique au sein des Départements des affaires politiques et de la consolidation de la paix et des opérations de paix (DPPA-DPO) dresse un tableau alarmant : près de six millions de Congolais sont déplacés à l’intérieur du pays, dont 2,5 millions pour les seules provinces du Nord et du Sud-Kivu.

"La République Démocratique du Congo fait face à l'une des urgences humanitaires les plus graves au monde. L'insécurité alimentaire s'aggrave alors que les familles n'ont plus accès à leurs terres alors que les récoltes sont confisquées. À ce jour 5,9 millions de congolais sont déplacés dans le pays dont 1 million au Nord-Kivu et 1,5 million au Sud-Kivu. Les familles sont régulièrement déracinées, prises au piège du cercle vicieux de la peur et du déplacement. Cette instabilité incessante met en mal la cohésion sociale et hypothèque toute perspective de paix,de relèvement sur le long terme. Nous ne pouvons tolérer ces souffrances indicibles et les atrocités récurrentes qui sont devenues quotidiennes à l'Est de la RDC", a-t-elle déclaré devant le Conseil de sécurité des Nations-Unies qui abordait la situation sécuritaire dans l'Est de la RDC.

Pour protéger les civils et rétablir l'ordre public et satisfaire les besoins humanitaires de la population, Martha Ama Akyaa Pobee, Sous-secrétaire général de l'ONU pour l'Afrique affirme que les parties doivent cesser les hostilités, doivent respecter et honorer leurs engagements en vertu de la résolution 2773 dans leur totalité avec le soutien continue du Conseil de sécurité et de la communauté internationale.

"Il convient de souligner que même si l'engagement en faveur du processus est le bienvenu celà ne peut nullement remplacer la cessation réelle des hostilités sur le terrain et les mesures concrètes pour que cesse le conflit à l'Est de la RDC. Il faut faire davantage, notamment pour renforcer la coordination et la cohérence entre les différentes initiatives de paix en cours. Conformément à son mandat, la Monusco utilisera ses capacités et connaissances spécialisées pour appuyer tous les efforts de paix en cours. La semaine prochaine l'envoyé spécial du Secrétaire général pour la région des Grands Lacs se rendra en Angola qui assume la Présidence de l'Union Africaine afin de voir comment l'ONU peut au mieux appuyer les efforts de paix menés par l'Afrique", a indiqué Martha Ama Akyaa Pobee.

La République Démocratique du Congo est dotée de ressources naturelles exceptionnelles, notamment de minerais tels que le cobalt et le cuivre, d'un potentiel hydroélectrique, des terres arables importantes, une biodiversité immense et la deuxième plus grande forêt tropicale du monde.

Cependant, la majeure partie de la population congolaise ne bénéficie pas de cette richesse. Une longue histoire de conflits, de bouleversements politiques et d'instabilité, ainsi qu'un régime autoritaire, ont conduit à une crise humanitaire grave et permanente, qui a été exacerbée depuis 2021 avec la résurgence de l'activisme du M23 soutenu par le Rwanda dans l'Est de la République démocratique du Congo. 

Cette situation a aggravé une crise humanitaire déjà désastreuse, avec des millions de personnes déplacées et des centaines de cas de violence sexuelle et sexiste. À cela s'ajoute, la baisse des financements humanitaires au niveau mondial.

Clément MUAMBA