Les chiffres font froid dans le dos. Ils ont été communiqué par Médecins Sans Frontières (MSF). L’ONG dit avoir pris en charge plus de 670 victimes de violences sexuelles en deux semaines dans les sites de déplacés installés autour de Goma (Nord-Kivu). Selon les statistiques de l’organisation cela fait une moyenne de 48 nouvelles victimes par jour parmi ces personnes qui ont fui les violences du conflit entre les FARDC et le M23. Plus d’un million de personnes se sont déplacés depuis mars 2022. Parmi elles, plus de 600 000 ont trouvé refuge dans des camps, souvent surpeuplés et insalubres, aux abords de la ville de Goma.
« Ces chiffres choquants témoignent de l’extrême vulnérabilité et des risques de violences auxquels sont exposées les personnes déplacées. Près de 60% des victimes ont été agressées moins de 72 heures avant de se présenter à MSF, illustrant l’urgence de la situation », rapporte Médecins sans frontières dont les équipes travaillent depuis mai 2022 dans ces zones assurant des soins médicaux gratuits, fournissant de l'eau potable et construisant des latrines et des douches selon les besoins les plus urgents.
Rien que la période allant du 17 au 30 avril 2023, les équipes de MSF ont soigné 674 victimes de violences sexuelles à Bulengo, Lushagala, Kanyaruchinya, Eloime, Munigi et Rusayo. Ce dernier site est celui qui inquiète le plus avec 360 victimes. Situé à l’ouest de Goma, c’est le site les plus récents et le plus densément peuplés.
« Depuis des mois, nos équipes soignent un nombre élevé de cas mais cela n’avait jamais atteint l’ampleur catastrophique de ces dernières semaines. Près de 60% des victimes se présentent dans les 72 heures suivant leur agression ; ce qui montre l’urgence médicale et humanitaire à laquelle nous sommes face », explique Jason Rizzo, coordinateur d’urgences pour MSF au Nord-Kivu.
La majorité d’entre les victimes disent avoir été agressées lors de leurs déplacements hors des sites de déplacés, à la recherche de bois de chauffage et de nourriture. À Rusayo, Bulengo et Kanyaruchinya, plus de la moitié des victimes ont également rapporté aux équipes MSF avoir été agressées par des hommes armés.
« Après notre arrivée ici, un de mes enfants a commencé à montrer des signes de malnutrition. Je ne pouvais pas rester à attendre sans rien faire. J'ai décidé d'aller dans la forêt pour ramasser du bois à vendre afin de gagner quelque chose et d'acheter de la nourriture. C'est là que je suis tombée sur des bandits qui m'ont agressée », raconte une femme déplacée, résidant dans le camp de Rusayo.
MSF fournit une prise en charge médicale et psychologique, gratuite et confidentielle, à toutes les victimes de violences sexuelles dans les principaux sites de déplacés autour de Goma. Afin d’éviter les complications médicales liées à l’agression sexuelle, il est essentiel que les victimes se présentent dans une structure de santé dans les 72 heures suivant l’incident pour y recevoir des soins médicaux appropriés.