La RDC et la nouvelle donne climatique

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Si le terme « scandale géologique » est, depuis longtemps, un cliché pour désigner le Congo, un second terme qui fait référence à un autre type de richesse est désormais en vogue :

« deuxième poumon de la Terre », en raison de sa possession de la majeure partie de la forêt tropicale du bassin du Congo. Thème évoqué par le président Félix Tshisekedi lors de sa participation à la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP 26) cette semaine à Glasgow, en Écosse.

Bonjour ! Je m’appelle Joshua Walker--je suis le directeur de programme du Groupe d’étude sur le Congo, centre de recherche indépendant basé à l’Université de New-York. Dans ce 38e numéro de Po na GEC, notre capsule audio qui tente d’analyser l’actualité en RDC, j’examine les enjeux autour de la politique environnementale en RDC sous Félix Tshisekedi.

C’est depuis le 31 octobre que la COP 26 a commencé à Glasgow, au Royaume-Uni. Au programme, entre autres, des engagements pour lutter contre la déforestation et ainsi freiner le changement climatique mondial. La RDC a un rôle clé à jouer dans cette lutte : la forêt du bassin du Congo, dont plus de 60 % se trouve en RDC, abrite le deuxième « puits de carbone » mondial. La protection de cette forêt est donc un enjeu majeur dans la lutte contre le changement climatique, notamment en développant d’autres sources d’énergie que celle du bois de chauffe et en limitant l’exploitation du bois. Le président Tshisekedi a déclaré à Glasgow que la RDC se veut un « pays-solution à la crise climatique »--déclaration qui traduit également la campagne de la Vice premier ministre et ministre de l’Environnement, Eve Bazaiba.

Depuis le mois de juillet, en effet, le gouvernement congolais a annoncé une série de décisions concernant l’environnement, dont certaines semblent fournir une protection de l’environnement et d’autres, comme la levée du moratoire, instauré depuis 2002, en matière d’octroi des titres d’exploitation forestière, sont plus ambiguës. Décidément, la RDC passe à une nouvelle rhétorique forte en matière de gestion de l’environnement. Quelques jours avant le début de la COP 26, le président Tshisekedi a annoncé un audit de tous les contrats d’exploitation forestière en vigueur.

Pourquoi toute cette activité ? Une possibilité est que la RDC chercherait, à raison, à bénéficier davantage des fonds destinés à la lutte contre le changement climatique. Le président Tshisekedi, comme d’autres chefs d’État africains, n’a cessé de répéter à Glasgow que l’Afrique a besoin que les pays riches honorent leur promesse (établie en 2009) de donner 100 milliards de dollars par an au continent pour la lutte contre le changement climatique. Pour le moment, la RDC n’a reçu que 175 millions de dollars depuis 2012 pour son « Fonds national pour la réduction des émissions de déforestation et de la dégradation des forêts (REDD+) », mais dont les détails des dépenses sont peu connus. Plus récemment, un ensemble de pays bailleurs de fonds ont promis 1,5 milliards de dollars entre 2021 et 2025 pour la protection des forêts du bassin du Congo.

La RDC se positionne plus explicitement donc comme un « pays-solution » dans deux sens : à la fois comme la source principale de minerais (principalement le cobalt) qui serviront à la réduction des émissions de gaz à effet de serre à travers la production, par exemple, des véhicules électriques et comme l’un des garants des grandes forêts mondiales. Et avec cette solution, vient l’argent.

C’est une position enviable pour le Congo, mais elle soulève des questions. Premièrement, comment garantir que de futurs fonds pour lutter contre le changement climatique en RDC seront gérés de façon transparente ? Comment cette démarche assez extravertie va-t-elle profiter à la population congolaise ? Deuxièmement, comment l’accent mis par le gouvernement sur le rôle de la RDC dans la lutte mondiale contre le changement climatique protégera-t-elle concrètement les Congolais contre les effets du changement climatique ? Comme l’indique un article récent publié par Richard Marcantonio de l’Université Notre Dame et ses collaborateurs, la RDC est l’un des pays les plus vulnérables au monde aux effets connexes du changement climatique et de la pollution toxique.

Dans sa quête de s’attirer plus de compensation carbone, la RDC ne risque-t-elle pas de privilégier les intérêts des élites et des étrangers au détriment de sa population ?

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