RDC: à l’ONU, la Chine appelle l’AFC/M23 à cesser ses opérations militaires et à s’abstenir de progresser vers d’autres provinces, notamment le Tanganyika

Conseil de sécurité de l'ONU
Conseil de sécurité de l'ONU

La Chine joint sa voix à celle des autres nations en appelant la rébellion de l’AFC/M23, appuyée par le Rwanda, à cesser ses offensives dans l’Est de la République démocratique du Congo, à quitter la ville d’Uvira et à s’abstenir de progresser vers d’autres provinces, notamment celle du Tanganyika.

Cet appel a été lancé par l’ambassadeur Sun Lei, vendredi 19 décembre, lors de l’adoption du projet de résolution au Conseil de sécurité prorogeant le mandat de la MONUSCO. Au nom du gouvernement chinois, il a invité la rébellion à respecter la nouvelle résolution du Conseil de sécurité.

" Récemment, la situation dans l’est de la RDC s’est gravement détériorée, le M23 a attaqué et occupé Uvira, ce qui est préoccupant. Nous exhortons le M23 à respecter les dispositions de la résolution 2808 (NDLR : résolution prorogeant le mandat de la Monusco) de se retirer immédiatement d’Uvira et d’autres villes, cesser toutes les opérations militaires et toutes expansions et s’abstenir d’avancer dans les provinces, notamment du Tanganyika. Il est nécessaire de promouvoir un cessez-le-feu rapide sur le terrain ", a déclaré le diplomate chinois lors de sa prise de parole. 

L’ambassadeur Sun Lei a exhorté les États de la région à soutenir le processus de paix dans l'Est de la RDC tout en rassurant le soutien de la Chine à la Monusco. 

" Tous les pays extérieurs à la région devraient rester profondément attachés à la paix dans l’est de la RDC, cesser de profiter de la situation et rechercher des ressources économiques ou d’autres intérêts égoïstes. Nous appuyons pleinement la MONUSCO dans l’exercice de ses fonctions. Nous appuyons également l’envoyé spécial pour la région des Grands Lacs du Secrétaire général, qui participe aux efforts de médiation, et nous sommes prêts à travailler avec toutes les parties afin de contribuer davantage à la paix et à la stabilité en RDC ", a affirmé le diplomate chinois.

Cette rencontre intervient dans un contexte marqué par l’annonce, par la rébellion de l’AFC/M23, soutenue par Kigali, de son retrait de la ville d’Uvira, dans la province du Sud-Kivu. Une démarche contestée par Kinshasa, qui estime que le mouvement rebelle cherche à faire diversion afin de réduire la pression internationale, notamment celle des États-Unis d’Amérique, sur le régime de Kigali, considéré par l’ONU comme le parrain de cette rébellion. Ce mouvement rebelle poursuit des conquêtes territoriales dans l’Est de la RDC, tout en mettant en place une administration parallèle ne relevant pas des autorités de Kinshasa.

La ville d’Uvira, considérée comme stratégique dans le dispositif sécuritaire du gouvernement congolais au Sud-Kivu, était passée sous le contrôle de l’AFC/M23, renforçant ainsi l’influence et la mainmise de la rébellion dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Il s’agit d’un verrou essentiel, susceptible d’ouvrir la voie à l’AFC/M23, soutenue par le Rwanda, vers l’espace du Grand Katanga, considéré comme le poumon économique du pays.

La détérioration de la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC a coïncidé avec l’entérinement des accords de Washington, signés entre Kinshasa et Kigali sous les auspices des États-Unis d’Amérique. Alors que ces accords étaient censés consolider le cessez-le-feu souhaité par les médiateurs et plusieurs partenaires des deux pays, la situation s’est, au contraire, aggravée, marquée par des accusations mutuelles entre les deux États quant à la responsabilité de la crise sécuritaire actuelle.

Clément MUAMBA