RDC : le Fonds National de Réparation attendu avant la fin de 2021

Photo/ Droits tiers
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Les tractations se poursuivent pour la mise en place effective du Fonds National de réparations. Après la table ronde portant sur sa création qui s'est déroulée en avril, le mouvement national des survivant.e.s des violences sexuelles, la fondation Panzi ainsi que d’autres acteurs multiplient les rencontres pour sa concrétisation. Quelques avancées ont été signifiées au Desk Femme par Thésée-Aurore Makaba, chargée du projet.

  « Nous continuons à mener des plaidoyers au niveau des acteurs gouvernementaux. Il y a eu plusieurs discussions et des nouvelles rencontres sont prévues entre la directrice du Global Survivors Fund et un certain nombre d’acteurs. L’objectif est de pousser l’Etat à rendre disponibles ce fonds parce qu’il est de son devoir de le faire et le GSF pourra apporter un appui technique à l’Etat congolais au regard de son expertise dans la mise en œuvre des réparations, » explique Thésée-Aurore Makaba, chargée du projet au sein de la Fondation Panzi. 

Apporter des mesures de réparation aux survivants des violences sexuelles liées au conflit en RDC à la lumière notamment du Rapport Mapping et plusieurs autres rapports internationaux, établir les responsabilités, faciliter l’accès à la justice, permettre la réparation sont inscrits parmi les objectifs du Fonds. A l’allure où se déroulent les discussions, Thésée Makaba estime que sa matérialisation est possible d'ici la fin de l'année. 

« En avril, nous avons essayé d’évaluer les actions déjà faites, les perspectives et les moyens à mobiliser pour l’effectivité de ce Fond. Nous sommes actuellement en contact permanent avec la présidence, le ministère des droits humains et d’autres acteurs impliqués dans sa mise en œuvre. D’après ce qui apparaît, l’effectivité du Fonds ne saurait tarder. Les retombées arrivent mais nous attendons vraiment sa matérialisation. J’ai envie de dire que son effectivité est pour demain », soupire-t-elle. 

Des rencontres entre Denise Nyakeru, Albert-Fabrice Puela et Esther Dingemans

La première dame est également parmi les acteurs clés pour la mise en œuvre dudit fond. Le week-end dernier, Denise Nyakeru a échangé autour de la mise en place du Fonds avec Albert-Fabrice Puela, ministre des droits humains. Sur une affiche postée sur les réseaux sociaux, le ministre a annoncé que « son équipe travaillait d’arrache-pied pour finaliser ce projet », mais également qu’une nouvelle « table ronde avec toutes les parties prenantes » est en vue.

La directrice exécutive du Fonds mondial pour les survivants (Global Survivors Fund) a été reçue ce 19 août, par Denise Nyakeru. Les échanges ont également porté sur le plaidoyer. 

« Nous nous sommes mis d’accord sur le fait que la réparation est un pilier essentiel de la justice transitionnelle et qu’elle est l’un des schémas privilégiés qui donnera aux victimes compensation et satisfaction afin de leur permettre de recommencer une nouvelle vie» peut-on lire sur le compte Twitter de Denise Nyakeru.  

 

Tatiana Mukanire, coordonnatrice du Mouvement National des Survivant.e.s des violences sexuelles souhaite que les victimes soient placées au centre de tout le processus. «Nous espérons que la première dame va porter ce projet jusqu’au bout et que nos espoirs ne seront pas anéantis et susciter en nous un nouveau traumatisme. Nous pensons que les survivants seront au centre du processus par le biais des consultations mais aussi dans le processus de prise de décision car nous voudrions que les réparations qui seront données soient intégrales c’est à dire qu’elles répondent effectivement au préjudice subi,» a expliqué Tatiana Mukanire. 

De nombreuses questions à prendre en compte

« C'est important d'avoir des figures publiques qui s'affichent dans les initiatives aussi nobles que celle-ci,» estime Thésée-Aurore Makaba. Par ailleurs, elle souligne la nécessité d’impliquer plusieurs autres acteurs à la concrétisation de ce projet.  

 

"Les réparations impliquent des questions médicales, de santé publique, des questions liées à la fonction publique, des questions rurales, le tourisme, l'agronomie, l'environnement, la construction des monuments(...), énormément de questions qui nécessitent de ne pas être centralisées au niveau du bureau de la première dame ou de la présidence.  Mais que la première dame soit le symbole de la force que l'Etat peut représenter. C'est un gage de rapidité et d'efficacité. "

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Pour rappel, à la clôture de la table ronde au mois d’avril, André Lite alors ministre des droits humains dans le gouvernement sortant avait estimé entre 6 à 8 millions de dollars, les moyens à mobiliser pour l’effectivité du Fonds national de réparation. Il avait cité huit sources de financement, notamment les ressources forestières, minières (Fonds minier pour les générations futures), l’eau et l’électricité, la téléphonie mobile dans laquelle le gouvernement fera des prélèvements pour alimenter ce Fonds.

 

Prisca Lokale