Luzolo Bambi : peut-on construire l'État de droit au-dessus des cendres des millions de morts? Il nous faut la justice transitionnelle

Luzolo Bambi
Luzolo Bambi

Le bureau conjoint des Nations unies pour les droits de l'homme organise, du 19 au 20 août à Kinshasa, un atelier sur la justice transitionnelle en RDC auquel participent des acteurs des médias congolais. Plusieurs éminents professeurs de droits et experts de droits de l'homme y exposent sur plusieurs thèmes.

Prenant la parole pour parler de la thématique “Justice transitionnelle en RDC, intérêt, défis et opportunité”, l'ancien ministre de la justice et professeur de droit pénal, Luzolo Bambi Lesa, a martelé sur l'effectivité de cette forme de justice pour le redressement du pays et l'installation d'un véritable État de droit.

"Peut-on construire l'État de droit au-dessus des cendres des millions de morts? Il faut une réponse à nos morts, aux crimes perpétrés sur notre sol. La justice transitionnelle est un panacée qui peut nous permettre de nous développer dans la consécration de l'avènement de l'État de droit", a-t-il déclaré.

Luzolo Bambi préconise l'élaboration d'un texte régissant la justice transitionnelle pour réprimander tous les actes de violences dont font face les congolais sur toute l'étendue du territoire.

"La constitution de 2006 a dit Justice, Paix et Travail. C'est-à -dire que la justice donne la paix et que la paix donne le travail. La bible dit que c'est la justice qui élève une nation. Ce n'est pas le cadre macroéconomique qui élève une nation. Je crois que la justice transitionnelle est opportune. La volonté politique a été exprimée par le président de la République et il y a beaucoup de personnes qui ont compris que cette forme de justice qui nous manque aujourd'hui, c'est la justice transitionnelle. Donc on doit mettre en place une politique nationale sur la justice transitionnelle. C'est pourquoi je propose l'élaboration d'une loi de programmation de la justice transitionnelle avec la participation du gouvernement, du parlement, du pouvoir judiciaire et de la société civile. Un peuple qui ne peut pas se souvenir de son passé est condamné à répéter ce passé", a poursuivi Luzolo Bambi.

Ce dernier regrette que jusque-là qu'il n'y eut que de clémence au profit des présumés auteurs de crime en lieu et place de les poursuivre, réparer les dégâts mais également faire des réformes institutionnelles en vue d'amener les institutions à respecter les droits de l'homme. Luzolo Bambi a affirmé que la justice transitionnelle présente pour la RDC des intérêts politique, juridique, humanitaire et moral.

Le rapport mapping de l'ONU avait documenté 617 cas de crimes graves commis entre 1993 et 2003 en RDC. 6 millions des morts sont rapportés. Plusieurs personnalités dont le prix Nobel de la paix, docteur Denis Mukwege et les organisations insistent sur la mise sur pied de la justice transitionnelle afin à faire rendre compte aux criminels, répondre aux besoins des victimes et à lancer un processus de réconciliation et transformation qui donne naissance à une société plus juste et plus humaine. Au cours de la 43ème réunion du conseil des ministres en 2020, le gouvernement s'était dit favorable pour passer à l'action.

L’une des voix les plus écoutées de la RDC, le Prix Nobel de la Paix Denis Mukwege mène de plaidoyer en faveur de la justice transitionnelle pour réparer les crimes commis au pays, principalement dans l’est, où de nombreuses victimes attendent réparations. 

Lire : Denis Mukwege: « Il y a un an, le Président plaçait la justice transitionnelle à l’agenda du gouvernement, le temps est venu de traduire les paroles en actions »

Fonseca MANSIANGA