Entre fin 2019 et l’année 2020, de nombreuses promesses ont été faites par les autorités congolaises, en vue d’intensifier la lutte contre les violences basées sur le genre (VBG) sur toutes l’étendue du pays. Ce 04 janvier 2021, la rédaction Femme de ACTUALITE.CD épingle 4 (quatre) d’entre elles, annoncées et non réalisées.
En novembre 2019, après la succession des scandales sexuels révélés via les réseaux sociaux, au cours d’un point de presse, la ministre d’Etat en charge du genre avait indiqué que des efforts seraient mis en œuvre afin d’intégrer l’aspect “réseaux sociaux” dans la campagne Orangez le monde.
“Nous nous battons pour trouver une solution à cela. Il est vrai que ces vidéos balancées sur les réseaux sociaux sont de plus en plus nombreuses. Nous avons un chargé des Nouvelles technologies, c'est avec lui que nous allons travailler pour voir comment intégrer la lutte sur les réseaux sociaux »,
Sur les réseaux sociaux, à ce jour, aucune action n’a été menée par le ministère du genre.
Promesse du lancement de la “ Campagne Tolérance zéro immédiate ”
Au cours du 46ème conseil des ministres, tenu le 28 août, le gouvernement avait adopté le dossier relatif au lancement de la Campagne « Tolérance zéro immédiate » axée sur les crimes des Violences Sexuelles Basées sur le Genre (VSBG) et l’impunité en RDC.
Ce projet avait été présenté par Béatrice Lomeya, ministre d’Etat en charge du genre, famille et enfant. Le budget y relatif a également été présenté aux membres du gouvernement. La ministre proposait que le lancement et la campagne en soi interviennent du 25 novembre (Journée internationale de lutte contre toutes les formes de violences faites à la femme) au 10 décembre 2020 (anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme).
Malheureusement, cette campagne n’a pas été lancée en 2020.
Promesse d’une justice spécifique pour sanctionner les auteurs des viols en général
La nuit de jeudi à vendredi 11 septembre, environs 50 individus identifiés comme des kuluna ont fait irruption dans le centre de santé et maternité « Révolution » de Kinseso, munis d’armes blanches. Deux jeunes infirmières ont été victimes des violences sexuelles sous le regard impuissant des autres membres du personnel et des malades. Parmi les dossiers VBG les plus commentés en 2020, il y a notamment celui-ci.
Dimanche 13 septembre, la ministre d'État en charge du genre, famille et enfant a rendu visite aux infirmières victimes de viols internées au Centre mère et Enfant de Ngaba. Affligée par cette situation, Béatrice Lomeya a promis de s'entretenir avec ses collègues ministres de l'intérieur, de la sécurité et de la justice pour que de nouvelles dispositions sécuritaires soient prises notamment pour les hôpitaux, les écoles, des lieux de cultes mais aussi pour sanctionner les auteurs de viols.
"Il n'y a pas d'autres termes pour décrire cette situation (...) Effectivement, je vais conférer avec les collègues en charge de l'intérieur, de la sécurité et la justice. Je pense qu'il faut désormais des dispositions sécuritaires spécifiques pour des endroits comme les hôpitaux, les lycées et même églises. Aujourd'hui, c'est le centre de santé de Kinseso qui est victime. Cette affaire risque de s'amplifier. Je pense que l'heure a sonné pour qu'il y ait une justice spécifique pour sanctionner les auteurs des viols ", " avait affirmé la ministre.
Le 14 septembre, comme au centre mère et enfant de Ngaba, Béatrice Lomeya réaffirme sa volonté de motiver ses homologues ministres pour une justice spécifique concernant les violences sexuelles.
« Il y a une combinaison d’efforts à faire. Nous pouvons dénoncer mais, il y a d’autres collègues qui ont dans leurs attributions la justice. Si aujourd’hui, la question du viol persiste, nous pouvons dire qu’il n’y a pas des bonnes mesures au niveau de la répression. Nous pouvons sensibiliser mais, il faudrait que le ministère de la justice fasse sa part. Dans la solidarité gouvernementale, je prends la responsabilité de faire pression sur mes collègues », avait-elle dit, au cours d’une conférence de presse tenue dans son cabinet.
La promesse du gouvernement d’engager des enquêtes et sanctions contre les auteurs des cas d’exploitation et d’abus sexuels Ebola
Le 29 septembre 2020, l’ONG The New Humanitarian et la Fondation Thomson Reuters ont publié un rapport révélant plus de 50 cas d'exploitation et d'abus sexuels de la part des employés de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et de certaines ONG lors de la dixième épidémie d'Ebola en République démocratique du Congo.
Ce dossier avait suscité un bon nombre des réactions notamment des USA à travers son ambassadeur à Kinshasa Mike Hammer et son ambassadrice et représentant permanent à l’ONU, Kelly Craft. Le Canada à travers Nicolas Simard. Pour le compte de l’OMS, la directrice régionale le Dr Matshidiso Moeti. Pour OCHA, le coordonnateur humanitaire, David Mclachlan-Karr.
Dans une déclaration commune le 09 Octobre, les ministres congolais en charge du genre, des droits humains et de la santé se sont exprimés sur ces allégations. Béatrice Lomeya, André Lite et Eteni Longondo s’étaient officiellement engagés à poursuivre tous les auteurs de ces actes et à utiliser toutes les voies de droits pour que la sanction soit exécutée et que les victimes soient rétablies dans leurs droits.
Relire la déclaration : https://actualite.cd/index.php/2020/10/10/abus-sexuel-ebola-le-gouvernement-congolais-sengage-utiliser-tous-les-moyens-de-droits
Parmi les actions menées pour faire avancer les enquêtes, le 15 Octobre, l’OMS a annoncé avoir nommé la congolaise Julienne Lusenge et la Nigérienne Aïchatou Mindaoudou pour co-présider une commission indépendante portant sur ces allégations. Le 10 décembre, OCHA RDC a mis en place une ligne verte (49 55 55) sur la redevabilité et la protection contre l’exploitation et les abus sexuels.
Cependant excepté la déclaration du gouvernement congolais, aucune autre action n’a été rendue publique jusqu’à la fin de l’année 2020.
Prisca Lokale