RDC : au-delà d’Ebola, le projet LEVER de Mercy Corps a aussi aidé les communautés à se débarrasser d’autres maladies à potentiel épidémique

Photo d'illustration/ACTUALITE.CD

Dans le cadre de la lutte contre la dixième épidémie d’Ebola dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), l’organisation américaine Mercy Corps a mis en place le projet LEVER (Lutte contre Ebola Via l’Engagement des communautés Redynamisées ). A travers ce projet, Mercy Corps et ses partenaires ont réalisé des ouvrages d’eau, d’hygiène et assainissement ainsi que des infrastructures qui pouvaient faciliter l’accès aux structures de santé, notamment des routes en terre battue et des ponts. En construisant des adductions d’eau potable, Mercy Corps a, sans s’y attendre, aidé aussi les communautés à se débarrasser des maladies d’origine hydrique.  

Mercredi 16 décembre 2020 était une journée de joie pour les habitants de Kiyite-Kasoko, dans la zone de santé de Musienene. Ils ont reçu de l’organisation Mercy Corps une mini-adduction d’eau potable construite dans le cadre d’un projet de lutte contre Ebola.

« Depuis 1994, aucune autre source n’a été aménagée dans notre localité, alors que la communauté ne cesse de s'accroître. On est aujourd’hui plus de 1 500 habitants ici à Kasoko, et nous n’avions que cette source d’eau de Makusa qui faisait sortir de l’eau à compte goutte. Pendant Ebola, c’était difficile d’adopter l’hygiène régulière de mains faute de l’eau potable. Merci à Mercy Corps d’avoir pensé à nous. L’eau coule déjà ici », s’émerveille Kasereka Lwanzo, représentant du chef de localité de Kiyite-Kasoko à cette cérémonie de remise des ouvrages d’accès à l’eau.

LEVER chasse Ebola et d’autres maladies

A Kiyite-Kasoko, Mercy corps a construit une muni-addiction dotée de sept bornes fontaines pouvant servir les habitants des villages situés sur cet axe Musienene-Lukanga. Ce qui enchante les femmes, habituées à parcourir près d’un kilomètre chaque matin pour avoir accès à l’eau potable à l’ancienne unique source du village.

« Chaque matin, je dois faire des vas et viens à environ 700 mètres pour puiser de l’eau, encore d’une qualité discutable. En plus d’être au pied d’un cimetière, notre ancienne source était mal entretenue. Souvent, nos enfants accusaient des maladies d’origine hydrique. Notre nouvelle source d’eau potable va aussi chasser d’autres épidémies, surtout la diarrhée, le choléra et la fièvre typhoïde », espère Florence Kavira, mère de trois enfants et représentante des femmes de Kiyite-Kasoko.

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L’espoir de Florence est justifié. Car, depuis un temps, plusieurs familles de cette région de Musienene connaissent des cas de maladies d’origine hydrique suite à la consommation de l’eau sale.

« Avant l’érection de cette mini-adduction dans mon aire de santé, nous enregistrions chaque semaine au moins trois cas de maladies d’origine hydrique, notamment la fièvre typhoïde, l’amibiase, le verminose et ankylostome. Des enfants et adultes en souffraient. Mais depuis début décembre, soit en deux semaines, nous n’avons enregistré jusque-là que deux cas. Nous croyons à la chute de cas liés à ces maladies », indique Kasereka Kamuha, infirmier titulaire au poste de santé de Kasoko.

Des comités de gestion mis en place

Ces adductions construites dans l’optique d’aider les communautés à se débarrasser d’Ebola et de Covid-19, pourront également aider à lutter contre d’autres maladies à potentiel épidémique, si elles sont bien gérées.

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Dans son approche, Mercy Corps encourage les communautés à constituer des comités de gestion d’eau potable (COGEP). Ils viennent d’être mis en place dans plusieurs entités qui ont bénéficié des ouvrages d’eau potable, notamment dans les zones de santé de Musienene, Butembo, Katwa, Beni et Mabalako.

« On ne doit pas attendre que ce soit encore les organisations comme Mercy Corps qui viennent nous aider à gérer nos sources d’eau potable. Elles sont les nôtres, et on doit bien les gérer. Nous avons peiné pour les avoir, on doit bien les protéger», interpelle Kavugho Marie José, administrateur assistant du territoire de Lubero.

Mercy Corps encourage les COGEP  à mobiliser les communautés afin de trouver des moyens nécessaires pour garantir la maintenance de l’ouvrage. L’organisation vient de leur remettre des boîtes d’outillages. Celles-ci contiennent des kits d’usure et de réparation pouvant les aider en cas d’éventuelles pannes.

LEVER et son volet d’infrastructures

A travers LEVER, l’organisation Mercy Corps n’a pas seulement construit des ouvrages d’eau, d’hygiène et d’assainissement. Elle a aussi construit des ponts et ouvert des axes routiers donnant l’accès aux structures sanitaires à Butembo, Beni et Mabalako.   

« Le volet innovant était vraiment celui des infrastructures. C'est-à-dire, afin de mieux lutter contre Ebola, il fallait rénover des infrastructures existantes ou en construire de nouvelles pour faciliter l’accès aux centres de santé. Souvent les routes d’accès vers les centres de santé sont en mauvais état. Alors on a travaillé avec les communautés. A travers les CAC on a proposé les critères des personnes les plus vulnérables, notamment les guéris d’Ebola pour travailler avec eux comme de la main d’œuvre rémunérée pour rénover les routes et mettre œuvre les programmes graves à la méthode Cash for work. On a rénové une quinzaine de kilomètres de routes», se réjouit Guillaume Cailleaux, directeur adjoint du programme Ebola à Mercy Corps à Beni-Butembo.

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Lancé en octobre 2019, le projet « Lutte contre Ebola Via l’Engagement de communautés Redynamisées-LEVER» mis en œuvre par Mercy Corps prend fin en ayant, d’après Mercy Corps, atteint l’ensemble de ses objectifs. Il a été réalisé en collaboration avec les Cellules d’Animation Communautaires (CAC), mises en place par les communautés affectées par Ebola, avec l’appui financier de l’Agence Américaine d’Aide au Développement (USAID), et en soutien au ministère de la santé de la RDC.

Claude Sengenya