RDC-Ouganda : Un syndicat des pêcheurs congolais plaide pour la démarcation de frontière liquide sur le lac Edouard

Couchée du soleil sur le Lac Edourd/Ph Joseph Tsongo

La Fédération des comités des pêcheurs individuels du lac Edouard (FECOPILE) plaide pour le "balisage urgent de frontière liquide" sur le lac Edouard, entre la République Démocratique du Congo (RDC) et l'Ouganda, en vue de résoudre le récurrent problème d'arrestation et condamnation des pêcheurs congolais par l'Ouganda.

D'après Sylvain Nganduli, animateur de la FECOPILE, ce travail de démarcation de la limite lacustre pourra lever les confusions entretenues autour de frontière liquide, et faciliter le travail de pêche.

« Depuis 2017, une semaine ne passe sans que la marine ougandaise n'arrête les pêcheurs congolais. Elle les accuse d'avoir violé l'espace lacustre ougandais, alors qu'en exerçant leurs activités, nos compatriotes pensent qu'ils pêchent dans les eaux congolaises. Il y a une confusion qui ne facilite pas un bon climat de travail sur le lac Edouard. Il y a nécessité du balisage de frontière liquide, en vue de la visibilité de limite lacustre », recommande Sylvain Nganduli.

Selon lui, ce travail de balisage devra être fait par les autorités de la RDC et de l'Ouganda, sous la facilitation des mécanismes sous-régionaux, à l'instar de la Conférence internationale pour la Région des Grands Lacs (CIRGL). D'après un décompte du comité des pêcheurs de Kyavinyonge, jusque samedi 27 juillet dernier, 168 pêcheurs congolais sont aux arrêts en Ouganda, dont 111 déjà condamnés à près de trois ans d'emprisonnement pour "violation de l'espace lacustre ougandais".

La FECOPILE regrette que ce problème persiste depuis 2017, alors qu'il y a des mécanismes antérieurement arrêtés par les autorités du Nord-Kivu et celles des districts ougandais de Kasese, Rukungiri et Kishenyi, en vue de résoudre le problème.

« Depuis 2015, nous organisons des échanges annuels rotatifs dans nos deux pays pour tenter de résoudre ces genres de problème à notre niveau. En mars 2018, quand nous étions à Kasindi, en RDC, il avait été décidé de l'institution d'un cadre d'échange local pour renforcer les discussions entre acteurs impliqués dans la pêche. Rien n'est encore fait, et voilà le problème persiste. Au-delà de ces échanges, il faut le balisage », indique-t-il.

En attendant le balisage, il recommande à la partie congolaise de plaider pour l'accélération des assises de cette année, qui doivent avoir lieu en Ouganda, en vue d'obtenir, de la part de la justice ougandaise, la libération des pêcheurs arrêtés ainsi que, de la part de la présidence ougandaise, l'amnistie des pêcheurs congolais déjà condamnés.

Le problème de limite lacustre est fréquent sur le lac Edouard dont la RDC partage les eaux avec l'Ouganda. Régulièrement, la marine ougandaise accuse les pêcheurs congolais, détenteurs des pêcheries situées à la côte ouest du lac, dont Kyavinyonge, Kasindi-port, Nyakakoma et Kisaka, de "violation de leur espace lacustre", en allant pêcher dans leurs eaux territoriales. Jeudi dernier, au lendemain de la condamnation, par la justice ougandaise, de six autres pêcheurs congolais lors d'un procès en flagrance organisé dans la périphérie de Kampala, la capitale ougandaise, l'organisation congolaise de défense des droits de l'homme, la Voix des sans voix (VSV), a dénoncé l'indifférence des autorités congolaises face à la recrudescence de ces genres d'arrestation et condamnation de leurs concitoyens par la justice ougandaise. Pour l'organisation, Kinshasa doit "tout mettre en œuvre pour obtenir la libération des pêcheurs congolais en détention en Ouganda et trouver un compromis avec les autorités ougandaises sur la gestion responsable des tracées de limite sur le lac Edouard".

Claude Sengenya