CHAN 2024 : « s’il y a démission à poser, je la poserai » (Otis Ngoma)

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Otis Ngoma

Les Léopards A’ n’ont pas su renverser la montagne marocaine au Nyayo Stadium de Nairobi ce dimanche 17 août 2025. Dans ce duel aux allures de finale avant l’heure, ils se sont heurtés à l’expérience et à la maîtrise des Lions de l’Atlas, qui l’emportent sèchement (3-1). Une défaite lourde de conséquences pour les doubles champions du CHAN (2009, 2016), contraints de quitter la compétition dès la phase de groupes, comme en 2023 en Algérie. Les congolais n'y arrivent plus depuis 2018.

Otis Ngoma, le très contesté sélectionneur des fauves A' ne fait pas profil bas face à cette  évidence flippante. Il porte sans froid aux yeux le chapeau de cette unième déconfiture : sa deuxième depuis qu'il a pris le bâton de commandement de cette sélection en 2022. « Je suis l’entraîneur, c’est moi le responsable des résultats. J’assume l’entière responsabilité. Je verrai avec ma Fédération ; s’il y a démission à poser, je la poserai. Mon successeur, je lui conseillerai sur ce qui a été, et sur ce qui n’a pas été  », a-t-il laissé entendre en conférence de presse d'après match.

Pour l'ancien entraîneur du DCMP, cette élimination est d’abord le reflet d’un déséquilibre structurel. Il n'en veut pas par le dos de la cuillère après avoir broyé  les marocains en première période : la seconde période, a été celle durant laquelle, ils n'avaient plus répondant dans l'intérieur du jeu. La bataille du milieu n'était plus à leur gise. Les Lions de l'Atlas bien en place, en ont profité pour leur asséner des coups. « Le match s’est joué sur des détails. L’expérience a pris le dessus. Nous n’avons pas préparé cette compétition sur un même pied d’égalité que les autres. Les académies poussent partout en Afrique, les jeunes jouent ensemble depuis les U17, comme c’est le cas de l’Angola. En RDC, nous avons du talent, mais pas d’accompagnement. Nos joueurs arrivent souvent sans préparation suffisante, malgré l’argent investi à la dernière minute par l’État  », peste t-il. Avant de signifier que dans cette bataille 
« Notre milieu de terrain était dépassé. J’avais demandé certains changements plus tôt, mais nous les avons retardés. C’est une erreur technique de notre part. Et le pénalty de la VAR a cassé le mental de nos jeunes. Beaucoup découvrent la sélection à 24, 25, 26 ans, sans expérience internationale. Ils ont craqué  », s'en veut-il.

Dominés dans les transitions, les Congolais avaient pourtant bien résisté à l’entame. Mais le coaching de Tarek Sektioui (médaillé de bronze aux JO 2024) allait tout changer. À l’heure de jeu, l’entrée de Khalid Baba donnait un souffle nouveau aux Marocains. À la 62ᵉ minute, sa frappe du gauche obligeait Brudel à une parade ferme. À la 70ᵉ, il provoquait un pénalty transformé par le capitaine Mohamed Rabie Hrimat (2-1). Le coup de grâce survenait dix minutes plus tard : Lamliouli, bien servi à ras de terre, scellait le sort des Léopards (3-1). Les changements de Ngoma (Tumbane, Horso, Nyembo, puis Basiala et Kitambala) n’y changeront rien. Sous la pluie battante de Nyayo, les Léopards perdaient leurs dernières griffes. Même les deux buts refusés par l’arbitre malien Ousmane Diakité ne viendront pas adoucir une élimination douloureuse.

Avec six points pris et une troisième place au classement, la RDC sort par la petite porte de son huitième CHAN. Une deuxième élimination consécutive en phase de groupes. Le trou est béant. Le niveau du tactique du football commence à se mettre nu dans le monde. La nécessité de « donner à nos U17 et U20 des compétitions internationales pour qu’ils arrivent chez les seniors avec un vrai bagage ", s'impose, soutient Ngoma par ricochet. " Le football africain a évolué. Nous, nous avons encore du retard. C’était du très haut niveau. Nos garçons sont tombés armes à la main. »


Jenovic Lumbuenadio à Nairobi