Une trentaine de journalistes formés sur les questions de santé sexuelle et reproductive

Formation des journalistes en SSR

Du 08 au 09 avril 2019, Si Jeunesse Savait (SJS) a organisé une formation sur les techniques de communication en droit à la santé sexuelle et reproductive. Venus de différents supports médiatiques, une trentaine de journalistes ont réfléchi sur les questions de vulgarisation du protocole de Maputo, les droits de la femme ainsi que le droit à l’avortement.

Dès le premier jour de la formation, les organisateurs ont tenu à rappeler aux participants quelques notions autour des droits de la femme, la contraception ainsi que l’avortement en RDC. Plaçant un focus particulier sur le protocole de Maputo, publié dans le Journal Officiel en mars 2018.  

Au terme de premiers échanges, Serge Makoro, journaliste chez Digital Congo TV, en a profité pour rappeler la place que les médias devraient accorder à certains sujets tabous dans la société congolaise. “La santé sexuelle est un des sujets qui paraissent tabous dans la société congolaise, cette dernière étant encore  attachée à sa culture. Je pense que dorénavant les médias devraient accorder une place de choix à ces sujets. Il est important de rappeler que, chaque jour, il y a des femmes qui décident de mettre fin à leurs grossesses. Il est important de sensibiliser sur les méthodes contraceptives efficaces et à moindre risque”, a indiqué le journaliste.

Invités également à inscrire leurs craintes et atteintes par rapport à cette formation, Lynn Mazianda de Tshaku News a dit “ne pas vouloir d'une influence de l’association SJS sur les journalistes afin de valoriser les avortements, qu'elle n'admet pas”.  

Au deuxième jour de la formation, Anaclet Vungbo Tene, chef des travaux à l'Ifasic, a exposé sur la communication médiatique relative aux questions de santé sexuelle et reproductive (SSR), les moyens, angles et articles à exploiter.

Franck Akamba, docteur et expert en santé reproductive, est revenu sur les moyens qui existent pour parler de l’avortement ainsi que les stratégies de communication en matières de SSR, les termes qui stigmatisent ainsi que la liste de contrôle dans l'élaboration des messages. “Apparemment les questions de SSR reste accessibles aux  activistes des droits de l’homme et aux professionnels de santé alors que la promotion de l’éducation sexuelle et reproductive doit être l’apanage de tout le monde, y compris les journalistes”, a-t-il précisé.

Adonis Bope, coordonnateur national du Réseau des journalistes communicateurs pour la population et le développement (RJPD), en a profité pour faire part de ses attentes vis-à-vis des journalistes au terme de la formation. “Nous attendons que les journalistes ne soient pas que des cibles pour les organisateurs mais plutôt des acteurs engagés qui relaient et donnent de la résonance à cette thématique de la promotion de l'avortement sécurisé d'après les cas spécifiquement énoncés. Notamment, le cas d'inceste, de malformation fœtale ou lorsque la vie de la mère est menacée”, a-t-il affirmé.

Lynn Mazianda s'est dite satisfaite d'avoir eu un éclaircissement sur les questions liées à la SSR. Cela a permis d'effacer les préjugés tout en  évitant de porter un jugement sur les acteurs dans l'exercice de son métier.

Cette formation a visé 4 provinces sur les 26 de la RDC dont deux fois par jour pour chaque province. Richine Masengo, responsable de Si Jeunesse Savait, a parlé plutôt des contraintes financières et du facteur temps dans la réalisation et la conception des ateliers. “Quand il faut faire une formation telle que celle-ci, le facteur temps, les  moyens et le coût logistique entrent en compte. Nous avons d'abord commencé avec ces quatre provinces grâce aux moyens financiers que nous avions. Après, on verra avec les partenaires disponibles pour accompagner le projet. Peut-être que l'année prochaine ou cette année, nous pourrons disposer des moyens de financement des partenaires pour former également d'autres provinces”, a expliqué Richine Masengo.

À Kinshasa, environ 30 journalistes ont été formés, la majorité d’entre eux était des femmes. La formation va se poursuivre au Kongo Central, au Nord et Sud-Kivu où sont implantés les 4 sièges de la coalition. Si Jeunesse Savait (SJS) est une association des jeunes féministes de la République Démocratique du Congo, une branche de la coalition de lutte contre les grossesses non désirées (CGND).

Prisca Lokale