Depuis le 12 décembre, Kinshasa célèbre la Rumba avec la première édition du Marathon de la Rumba. Le coup d’envoi officiel a été donné ce vendredi à l’ancienne résidence de Papa Wemba, légende de le musique l’icône congolaise, désormais consacrée à la sauvegarde et la valorisation de ce genre musical emblématique.
Acquise par le gouvernement congolais en 2022 et placée sous la gestion de l’Institut des Musées Nationaux du Congo (IMNC), la maison située à Ma Campagne (Kinshasa) devient officiellement le Musée National de la Rumba. Ce nouveau haut lieu culturel a pour mission de raconter l’histoire, l’évolution et l’impact socioculturel de la Rumba congolaise, inscrite depuis décembre 2021 au patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO.
La cérémonie d’inauguration s’est déroulée en présence de nombreuses personnalités politiques et culturelles, parmi lesquelles la représentante de la ministre de la Culture, Alia Elessé ou la directrice générale du Fonds promotion culturelle, Barbara Kanam Mutund, ainsi que plusieurs artistes, opérateurs culturels et bien d’autres.
Moment fort de cette journée, l’artiste Fabregas Le Métis Noir a remis symboliquement son trophée AFRIMMA du Meilleur artiste masculin d’Afrique centrale, décerné en septembre 2023 à Dallas, États-Unis, au directeur général de l’IMNC, Simon Siala. Ce trophée sera désormais exposé au Musée National de la Rumba, rejoignant les collections dédiées à la mémoire et à l’évolution contemporaine de ce genre musical.
Saluant ce geste de grande portée patrimoniale, le DG de l’IMNC a encouragé l’artiste à poursuivre cet engagement, souhaitant que ce don soit le premier d’une longue série. Il a également lancé un appel à l’ensemble des musiciens congolais à contribuer activement à la sauvegarde et à la transmission du riche héritage culturel national.
Trois jours pour célébrer et transmettre la Rumba
À l’occasion de la célébration du quatrième anniversaire de l’inscription de la rumba congolaise sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO, Kinshasa a vibré au rythme d’un Marathon de la Rumba étalé sur trois jours, mêlant célébration populaire, réflexion académique et mise en valeur du patrimoine musical.
La première journée, vendredi 12 décembre, a été marquée par la cérémonie d’inauguration du Musée National de la Rumba, suivie d’un concert populaire et d’une séance de karaoké. Plusieurs artistes congolais de renom, tels que Barbara Kanam, Fabregas, Poison Mobutu ou encore Maïka Munan, ont honoré l’événement de leur présence.
La deuxième journée, samedi 13 décembre, s’est poursuivie au Musée National de la RDC (MNRDC) avec une conférence réunissant des figures historiques de la Rumba et des spécialistes du secteur culturel. Parmi les intervenants figuraient Pépé Felly Manuaku, Hermann Bangi Bayo, premier vice-président de la Commission nationale pour la valorisation de la rumba, et le Professeur Yoka Liyé. Les échanges ont porté sur les défis liés à la préservation, la transmission et l’adaptation de la rumba aux enjeux contemporains.
La clôture du Marathon est prévue pour ce dimanche 14 décembre au Musée d’Art Contemporain et Multimédia (MACM), situé dans l’enceinte de l’échangeur de Limete. Deux temps forts sont au programme : un concert de rumba gospel de 13h à 16h avec David Mpia et Alia Elessé, nièce de feu Mayaula Mayoni, suivi d’un grand concert populaire de 18h à 22h avec Pi-Rogee Bosekota, Viva La Musica et Fabregas.
Un patrimoine à préserver
Si l’inscription de la rumba congolaise au patrimoine immatériel de l’humanité constitue une reconnaissance mondiale, elle n’est pas acquise de manière définitive. Pour rester sur cette liste de l’UNESCO, la rumba doit faire l’objet d’un engagement continu en matière de valorisation, transmission et sauvegarde. Faute de quoi, elle pourrait perdre ce statut prestigieux.
C’est dans cette perspective que l’Institut des Musées Nationaux du Congo (IMNC), en tant que gardien du patrimoine culturel national, a lancé le Marathon de la Rumba. L’objectif : ancrer cette reconnaissance dans la durée et favoriser une réelle appropriation de cet héritage musical par les générations présentes et futures.
Du 12 au 14 décembre, Kinshasa s’est ainsi muée en capitale culturelle de la rumba, entre mémoire, célébration et engagement. Un rappel fort que ce genre musical né dans les ruelles populaires de Léopoldville, devenu langue commune des émotions africaines, continue de faire danser, rêver et résister. Et que sa sauvegarde dépend désormais de la volonté de tous.
James Mutuba