Dans le cadre des 16 Jours d’activisme contre les violences basées sur le genre, l’organisation Women Power DRC a tenu, ce jeudi 27 novembre 2025 à Goma, une table ronde consacrée à la situation des femmes et jeunes filles retournées à Kibumba, dans le territoire de Nyiragongo.
Selon Sylvie Mazambi, coordonnatrice de Women Power DRC, cette rencontre s’inscrivait dans la clôture du projet « Plaidoyer pour la réponse d’urgence aux besoins en santé sexuelle et reproductive des femmes et jeunes filles retournées à Kibumba », un projet réalisé avec l’appui de Urgent Action Fund Africa.
L’activité a réuni les acteurs intervenant dans la thématique de la santé sexuelle et reproductive (SSR). L’objectif était de présenter les résultats du plaidoyer mené sur le terrain, fondé sur la collecte de témoignages et de besoins exprimés par les femmes de Kibumba.
La coordinatrice de l'organisation Women Power DRC explique avoir recueilli la parole des femmes et des jeunes filles retournées dans cette localité, dont plusieurs sont survivantes de violences sexuelles. Leurs témoignages ont permis d’identifier des besoins prioritaires, notamment l’accès à des soins adaptés, un accompagnement psychosocial, ainsi qu’une meilleure information sur leurs droits en matière de santé sexuelle et reproductive.
« Il s’agissait de réunir les acteurs qui travaillent dans la thématique de la santé sexuelle et reproductive. Nous voulions présenter le plaidoyer que nous avons mené sur le terrain, fondé sur la collecte d’histoires et de témoignages de femmes. Women Power DRC a recueilli les besoins des femmes et des jeunes filles retournées dans la localité de Kibumba, notamment en matière d’accès à la santé sexuelle et reproductive. Cette rencontre était pour nous l’occasion de présenter ces besoins afin que les partenaires puissent se positionner et accompagner les actions que Women Power DRC pourrait mettre en œuvre à l’avenir. Parmi les besoins répertoriés, plusieurs proviennent des femmes survivantes de violences sexuelles, qui ont accepté de partager leurs histoires », a-t-elle fait savoir.
Un livret témoignage a été présenté lors de la table ronde. Il rassemble des récits authentiques de femmes qui ont accepté de raconter leur vécu, leurs difficultés et les obstacles qui persistent dans l’accès aux services essentiels.
Ces témoignages mettent en lumière la méconnaissance persistante des droits garantis par le Protocole de Maputo, particulièrement son article 14, qui prévoit notamment un accès à des services de santé reproductive sûrs pour les survivantes de viol et dans les cas où la santé de la femme est en danger.
D'après Sylvie Mazambi, ces récits ont pour but de permettre aux partenaires de comprendre l’ampleur des besoins, mais aussi de favoriser un positionnement clair des organisations qui pourraient accompagner Women Power DRC dans la mise en œuvre d’actions futures.
« Plusieurs acteurs œuvrant dans le domaine de la santé sexuelle et reproductive ont participé à cette activité. Nous avons également constaté que les femmes nécessitent un renforcement de capacités ainsi qu’un appui dans les activités génératrices de revenus. Le projet, mené de septembre à novembre, a duré trois mois. Aujourd’hui, cette rencontre a été l’occasion pour nous de le clôturer avec nos partenaires. Les décideurs pourront désormais mieux s’orienter par rapport aux besoins identifiés. Certains avaient déjà planifié des interventions dans d’autres zones, oubliant complètement Kibumba. Grâce à cette activité, plusieurs organisations internationales ont réalisé que cette localité avait été laissée de côté. À travers les témoignages recueillis, les survivantes ont expliqué leur situation, leurs difficultés et les besoins qui en découlent. Ces récits montrent à quel point il est essentiel de renforcer l’information, l’accompagnement et les capacités des femmes congolaises confrontées aux violences », a-t-elle ajouté.
La table ronde a permis de réunir plusieurs acteurs humanitaires, institutionnels et organisations internationales œuvrant dans le domaine de la SSR.
Women Power DRC a adressé une note de plaidoyer à divers partenaires, dont l’UNFPA, le Programme National de Santé Sexuelle et Reproductive, CARE International UK, IPass GTSS, Première Urgence Internationale, Sofepadi, ainsi que d’autres organisations nationales et internationales.
La note souligne la nécessité de réorienter certaines interventions vers Kibumba, une zone souvent négligée malgré les besoins pressants de sa population féminine. Plusieurs participants ont reconnu que cette localité avait été insuffisamment prise en compte dans certains programmes en cours.
La rencontre a conclu un projet de trois mois mené entre septembre et novembre, visant une réponse rapide aux besoins urgents des femmes retournées à Kibumba.
Les échanges ont permis de dégager des stratégies pour améliorer l’accès à la santé sexuelle et reproductive dans cette partie de la province du Nord-Kivu.
En parallèle, Women Power DRC a rappelé son engagement, aux côtés de la MONUSCO – Bureau Genre, dans la lutte contre les violences numériques basées sur le genre et la prévention des VBG en milieu scolaire et communautaire, dans le cadre des 16 Jours d’Activisme.
Josué Mutanava, à Goma