Ituri : défections, démissions et pression militaire font vaciller la CRP de Thomas Lubanga (Ebuteli)

L'officialisation de la Convention pour la révolution populaire (CRP) de Thomas Lubanga, ancien condamné de la Cour Pénale Internationale (CPI) a allongé la liste des groupes armés à la base de l'instabilité sécuritaire dans l'Est de la RDC. Ce nouveau mouvement rebelle constitue une menace contre les populations civiles mais aussi pour la région. Dans son rapport mensuel ( Octobre 2025) Baromètre sécuritaire du Kivu, Ebuteli « escalier », en lingala), institut congolais de recherche sur la politique, la gouvernance et la violence révèle que moins de douze mois après sa création, ce mouvement de Thomas Lubanga opérant depuis la province de l'Ituri en frontière avec l'Ouganda est désormais fragilisé suite aux offensives des FARDC et la démission de certains de ses cadres. 

"Durant ce mois d’octobre, les FARDC ont intensifié les offensives menées contre la CRP depuis le mois d'août, notamment contre l’un des principaux bastions de la milice à Nyamamba le 30. Lancée en mars 2025 à Kampala par Thomas Lubanga,ancien condamné de la Cour pénale internationale (CPI) pour crime de guerre et dont l’élection aux législatives provinciales de 2023 avait été invalidée, la CRP a prétendu incarner une plateforme fédératrice des principaux groupes armés de l’Ituri, qui ont pourtant nié leur appartenance à ce mouvement. Après avoir orchestré plusieurs attaques sur les positions des FARDC dans la région de Iga Barrière (25 km au nord-est de la ville de Bunia), et dans la partie littorale du territoire de Djugu durant le mois de juillet, le groupe a connu des tensions internes", a rapporté Ebuteli.

Au mois d'août, alors que les FARDC initiaient les opérations contre le groupe, 54 de ses combattants ont fait défection pour se rendre auprès des forces loyalistes. En octobre, la CRP a enregistré la démission de cadres politiques et fondateurs dont Charles Bagamuzi Kakani, premier vice-président de la CRP, Tungulo Basikolo, David Ung’yertho Birwinyo, Baudouin Wendunga Ndara, et Xavier Drani Grileba.

"Dans un communiqué signé à Kampala le 18 octobre, ils ont dénoncé « une gestion autocratique, un clanisme exacerbé, un affairisme rampant et une instrumentalisation économique de conflits en Ituri. Au total, la CRP a été la cible de six offensives avec appui aérien des FARDC sur les positions de cette rébellion dans les villages de Datule, Fitchama, Loromi, Buki,Kasenyi et Nyamamba", ajoute rapport de Ebuteli. 

Dans un communiqué rendu public au mois de mars 2025, Thomas Lubanga Dyilo, criminel de guerre et condamné déjà par la CPI a officialisé son mouvement dénommé la convention pour la révolution populaire. Selon le communiqué, la CRP se veut être le corps qui porte en lui l'esprit de changement qui anime tous les Congolais censés faire face à la mauvaise gouvernance politique du pays caractérisée par les détournements, la corruption, la kleptocratie, la kakistocratie, l'égocratie, le caporalisme, le patrimonialisme, le tribalisme, le népotisme, le clientélisme.

La C.R.P. se sent interpellée par la démission scandaleusement flagrante de l'Etat de sa mission régalienne, celle d'assurer la sécurité des personnes et de leurs biens. Il en va sans dire que les manifestations les plus cruelles de cette démission se lisent particulièrement en Province de l'ituri, durant 8 ans, en termes de plusieurs milliers des morts et des personnes déplacées entassées dans de multiples sites de fortune s'apparentant aux camps de concentration, plusieurs centaines de milliers des réfugiés dans les pays frontaliers notamment l'Ouganda, des viols, des exactions, des violations massives des droits humains, des destructions méchantes des biens meubles et immeubles

La C.R.P. est révoltée de la complicité ignoble de la gouvernance militaire, pendant les quatre ans de l'état de siège, dans l'insécurité endémique de l'ituri et cela, à travers la manipulation et le parrainage des groupes armés, pour s'assurer et se rassurer de la conservation d'un pouvoir politique de tout temps asservissant et méprisant avec une propension aveuglante à l'exploitation minière criminelle.

En date du 17 mars 2006, Thomas Lubanga a été arrêté en vertu d'un mandat d'arrêt émis par la CPI. Son procès, pour crime de guerre de « conscription et enrôlement de mineurs de moins de quinze ans et de leur utilisation pour participer activement à des hostilités »  a commencé le 26 janvier 2009,  et il a été reconnu coupable le 14 mars 2012,  et risquait une peine allant jusqu'à 30 ans. 

Le 10 juillet 2012, la Chambre de première instance I de la Cour pénale internationale (CPI) a condamné Lubanga à une peine totale de 14 ans d'emprisonnement, ordonnant également que le temps écoulé entre la remise de Lubanga à la CPI en 2006 et le jour de la condamnation soit déduit de la peine de 14 ans, ce qui signifie qu'il passerait 6 ans de moins en prison. Il a été libéré de prison en 2020.

Après sa libération, il a fait partie de la Task force présidentielle mise en place par le Chef de l'État Félix-Antoine Tshisekedi pour sensibiliser les populations de l'Ituri à la paix et à ne pas se livrer aux groupes armés. Malgré les multiples missions menées sur terrain,il n'y a pas eu des résultats escomptés et le concerné avait vu son élection comme député de l'Ituri être annulée et remplacée par une autre personne.

Clément MUAMBA