La RDC annonce la reprise imminente des exportations du cobalt mais martèle en ce qui concerne la suspension: "nous n'avons des excuses à présenter à personne, ça nous permet de contrôler le marché"

1
Sacs des minerais. Ph. ACTUALITE.CD

Le ministre des Mines, Louis Watum Kabamba, a défendu la récente position du gouvernement, prise par le biais de l’Autorité de régulation et de contrôle des marchés des substances minérales stratégiques (ARECOMS), portant sur la suspension temporaire des exportations de cobalt.

Alors que cette mesure a été critiquée par certaines personnes et entités, Kinshasa estime qu'elle en valait la peine car, étant détentrice d’une grande partie des réserves mondiales de cobalt, la République démocratique du Congo se devait de dicter le tempo dans ce secteur stratégique pour le monde des affaires. Le ministre des Mines a annoncé pour bientôt, la reprise des exportations. 

"J’aimerais qu’on comprenne bien ce que nous avons voulu faire avec le cobalt. Nous étions dans une position de suroffre : il y avait plus d’offres que de demande. Lorsque vous êtes dans cette situation, il y a une chose qui se passe: vos stocks commencent à augmenter parce que vous ne vendez pas tout. Et quand vos stocks augmentent, cela doit vous indiquer ce qui va venir après : le prix va s’effondrer. Nous voulions empêcher cela. C’est pour cela que nous avons, à un moment donné, interrompu, interdit complètement l’exportation du cobalt. Je sais que cela nous a coûté cher au trésor, car ce sont des revenus qui ont été différés, ils ne sont pas perdus, le stock est là et nous allons le vendre. Je vous annonce d’ailleurs qu’en principe, cette semaine, les exportations doivent reprendre", a expliqué le ministre des Mines jeudi 27 novembre 2025 lors d'un briefing de presse à Kinshasa.

Il souligne que l'actuelle politique de quotas d'exportation annuels permettra au gouvernement de la République Démocratique du Congo d'avoir le contrôle de la situation, de stabiliser les prix et de gérer l'offre mondiale

"Dans cette reprise, nous avons voulu instaurer un quota pour mieux contrôler le marché. Lorsque vous détenez 70 % des réserves mondiales d’une commodité, c’est votre droit le plus strict de dicter votre politique, votre volonté. On ne peut pas rester spectateurs de la compétition internationale. On ne peut pas laisser le marché, avec ce que les Anglo-Saxons appellent fear and greed : le Marché a un côté irrationnel, la peur de perdre de l’argent et la soif de gains excessifs: c'est toutes ces forces qui conduisent les prix, nous ne pouvons pas rester spectateurs. C’est pour ça que nous avons régulé cela, nous ne pouvions pas rester passifs, il y avait beaucoup de sceptiques qui pensaient que nous n’y arriverions pas. Regardez le prix du cobalt là où il était lorsque nous avons pris cette mesure, a maintenant considérablement augmenté. Nous avons donc monté rapport au prix précédent", a fait remarquer Louis Watum Kabamba, Ministre des Mines

Selon les récentes données, avant la mesure gouvernementale la tonne du cobalt se négociait autour de 21.000 USD et aujourd'hui, elle se négocie à presque 50.000 USD. 

"Maintenant nous allons commencer à le vendre à 50.000 USD, on l'aurait vendu à 20.000 USD il serait allé en continue à s'enfoncer parce qu’on était en position de sur offre, je crois que nous avons pris cette décision de manière responsable et j'ai été clair avec les chinois, avec tous ceux qui s'agitent, je leur ai dit nous  n'avons des excuses à présenter à personne pour cela, nous assumons notre souveraineté et il en sera ainsi et c'est tout", a martelé le ministre.

Au mois de septembre de l'année en cours, l’Autorité de régulation et de contrôle des marchés des substances minérales stratégiques (ARECOMS) avait la prorogation, jusqu’au 15 octobre 2025, de la suspension temporaire de toute exportation de cobalt de la République démocratique du Congo. Dans une décision rendue publique, l’ARECOMS précise qu’à compter du 16 octobre 2025, la suspension sera levée et remplacée par une politique de quotas « jusqu’à nouvel ordre ».

Pour la période allant du 16 octobre au 31 décembre 2025, un volume maximal de 18 125 tonnes pourra être exporté, soit 3 625 tonnes en octobre et 7 250 tonnes en novembre et décembre. Pour l’année 2026, un plafond de 96 600 tonnes est fixé, comprenant un quota de base de 87 000 tonnes réparti à raison de 7 250 tonnes par mois, et un quota stratégique de 9 600 tonnes réservé à l’ARECOMS. Les mêmes volumes s’appliqueront en 2027, sous réserve d’ajustements.

Certaines entreprises seront exclues de ce système : celles ayant exporté moins de 100 tonnes en 2024 (à l’exception de l’Entreprise générale du cobalt, EGC), celles possédant une raffinerie sans exploitation de mine de cobalt au cours des cinq dernières années, et celles dont les gisements sont épuisés. L’ARECOMS indique que les conditions d’obtention et de répartition des quotas, les frais de régulation, le système de prépaiement et les nouvelles formalités d’exportation seront précisés dans une décision ultérieure. Ces mesures, souligne le communiqué, entrent en vigueur le 21 septembre 2025.

Clément MUAMBA