UA-UE : Antonio Guterres considère l'architecture financière mondiale actuelle « injuste et inefficace » et presse pour la réforme en vue de mettre fin à la pauvreté

António Guterres
Le Secrétaire général des Nations unies, António Guterres

Trois ans après le dernier sommet, la ville de Luanda, capitale de l’Angola, accueille du 24 au 25 novembre 2025, les dirigeants de l’Union européenne (UE) et des États membres de l’Union africaine (UA) à l’occasion du septième sommet UE-UA, placé autour du thème : " Promouvoir la paix et la prospérité grâce à un multilatéralisme effectif".

Ce sommet de Luanda qui intervient quelques semaines seulement après la deuxième édition du Global Gateway Forum, organisée du 9 au 10 octobre 2025 à Bruxelles connaît la participation du Secrétaire Général des Nations-Unies António Manuel de Oliveira Guterres. Occasion pour lui de lancer un appel à réformer le système financier mondial. 

"L'architecture financière mondiale actuelle est à la fois injuste et inefficace. Elle favorise les nations déjà riches. Nous devons la réformer, pour le bien de tous.Cela signifie: Mettre fin au cycle écrasant de la dette ; Tripler la capacité de prêt des banques multilatérales de développement ; Et en accordant aux pays en développement dont beaucoup se trouvent en Afrique  une participation et une influence accrues au sein des institutions financières mondiales, dans le cadre de la réforme de l'architecture financière internationale, afin de l'adapter au monde d'aujourd'hui", a plaidé ce lundi 24 novembre 2025 le Secrétaire Général des Nations-Unies António Manuel de Oliveira Guterres.

Selon lui,  l'Afrique et l'Europe peuvent façonner un système mondial en s'attaquant à l'injustice de la pauvreté et aux causes profondes des migrations et des déplacements de population

"À Séville cette année, la communauté internationale s'est accordée sur des mesures globales pour faire progresser ces objectifs. L’Agenda 2063 de l’Union africaine et l’Agenda 2030 des Nations Unies pour le développement durable vont également dans ce sens. Ensemble, nous pouvons mettre fin à l'injustice de la pauvreté, nous attaquer aux causes profondes des migrations et des déplacements de population, et libérer le potentiel économique sans égal de ce continent" a-t-il ajouté.

Le Secrétaire général de l'ONU dit avoir constaté que le monde évolue rapidement vers un système multipolaire, où le pouvoir est réparti entre plusieurs régions au lieu d'être concentré dans une ou deux prévenant que cette évolution ne garantira pas la stabilité.

"Le monde évolue actuellement à un rythme radical.La technologie progresse à toute vitesse. Le chaos climatique règne. Et les inégalités s'aggravent. Nous évoluons vers un monde multipolaire, où le pouvoir mondial est en pleine mutation. Face aux risques de division du monde en deux blocs, dirigés par deux grandes puissances, nous avons besoin d'une multipolarité interconnectée  avec un réseau inclusif de relations intenses en matière de commerce, de développement, d'institutions financières et avec une coordination politique croissante. Mais la multipolarité en elle-même n'est pas une garantie de paix et de prospérité ", a fait remarquer le SG de l'ONU dans son intervention

Il a soutenu que les deux régions pourraient former un « axe central » pour un ordre mondial plus juste. Le SG de l'ONU a affirmé que cela pourrait corriger les « injustices historiques » et donner une véritable voix aux pays longtemps exclus des instances de décision internationales.

"L’Europe était multipolaire en 1914, mais en l’absence d’une gouvernance multilatérale forte, il en a résulté la guerre. Pour réussir, la multipolarité actuelle a également besoin d'institutions et de dynamiques multilatérales comme condition de stabilité et d'équilibre. Le partenariat entre l'UA et l'UE deux organisations multilatérales  et plus largement le partenariat entre l'Europe et l'Afrique, sont bien placés pour constituer un axe central d'un nouveau monde multipolaire.  Cette nouvelle réalité offre l'opportunité de corriger les injustices historiques et d'instaurer un système plus juste et plus égalitaire pour les pays longtemps exclus de la prise de décision mondiale", a souligné le SG de l'ONU

Ce sommet marque le 25ᵉ anniversaire du partenariat UE-UA ainsi que le 50ᵉ anniversaire de l’indépendance de l’Angola et de plusieurs autres pays africains, est coprésidé par le président angolais et président de l'Union africaine João Lourenço et par le président du Conseil européen, António Costa. L’UE est également représentée par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et l’UA par Mahmoud Ali Youssouf, président de la Commission de l’Union africaine.

Le sommet de Luanda s'inscrit dans le cadre de l'Agenda 2063, "l’Afrique que nous voulons", des objectifs de développement durable fixés par les Nations unies et de la vision commune UA‑UE pour 2030. Avec plus d'un 1,4 milliard d'habitants en Afrique et une Europe soucieuse de diversifier ses partenariats, ce rendez-vous a pour objectif notamment de stimuler l'intégration économique africaine et à renforcer le commerce intercontinental.

Le sommet de Luanda intervient quelques semaines seulement après la deuxième édition du Global Gateway Forum, organisée du 9 au 10 octobre 2025 à Bruxelles.

Clément MUAMBA