Après l’accord de Samoa, l’UE et la RDC posent les bases d’une nouvelle coopération et d’un partenariat renforcé et réinventé

Foto
Les autorités congolaises et de l’UE

Les travaux du dialogue de partenariat entre l’Union européenne, ses États membres et le gouvernement congolais ont été officiellement lancés à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo. Il s’agit de la toute première session tenue depuis la signature de l’accord de Samoa, paraphé le 15 novembre 2023. Cet accord, qui encadre désormais les relations entre l’UE et les États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP), succède à l’accord de Cotonou entré en vigueur en 2000.

Ces assises, présidées au nom de la Première ministre Judith Suminwa par le Vice-Premier ministre et ministre des Transports, Voies de communication et Désenclavement, Jean-Pierre Bemba Gombo, ont porté sur plusieurs thématiques majeures : paix et sécurité, minerais critiques et règlement européen sur les minerais de conflit, environnement et changement climatique, stratégie Global Gateway, ainsi que les mesures de réciprocité.

À l’ouverture des travaux, le représentant de Judith Suminwa Tuluka a salué les avancées du partenariat entre la RDC et l’Union européenne, qualifiant ce dialogue de "nécessité".

"Je pense au corridor de Lobito, à l’électrification de Kisangani et à notre coopération dans le domaine des minerais critiques. Nous remercions également l’Union européenne et ses États membres pour leur engagement humanitaire substantiel, réaffirmé lors de la conférence de Paris, avec plus de 900 millions d’euros annoncés pour les populations touchées par la crise. Cet effort, qui s’inscrit dans un engagement global dépassant 1,5 milliard d’euros, témoigne d’une solidarité européenne à un moment crucial. Toutes ces initiatives démontrent qu’un partenariat aligné sur les priorités souveraines de la RDC peut devenir un levier de transformation économique, d’intégration régionale et de création d’emplois pour notre jeunesse", a déclaré Jean-Pierre Bemba Gombo.

Pour la ministre d’État, ministre des Affaires étrangères, Coopération internationale, Francophonie et Diaspora, Thérèse Kayikwamba Wagner, ce cadre de dialogue traduit la volonté commune d’instaurer un échange " franc, constructif et résolument tourné vers l’obtention de résultats concrets ". Elle a souligné que ce dialogue constitue un pilier central dans la relation RDC-UE, offrant un espace privilégié d’expression des attentes, préoccupations et aspirations de chaque partie, pour un partenariat plus équilibré et davantage centré sur les priorités de leurs populations.

"Nous abordons ces sujets dans un esprit d’ouverture, mais avec la ferme conviction que notre partenariat doit se renforcer sur des bases plus équitables, en cohérence avec les intérêts stratégiques des deux parties. Je suis convaincue que nos discussions permettront de dégager des pistes de travail claires, des engagements mutuellement bénéfiques et des mécanismes de suivi efficaces", a affirmé la cheffe de la diplomatie congolaise.

À l’issue du dialogue, Jean-Pierre Bemba Gombo a exprimé l’espoir de voir le partenariat entre les deux parties renforcé dans plusieurs domaines clés. D’abord, il a évoqué la transition économique et industrielle :

"Notre défi commun est de transformer les   richesses minérales stratégiques en valeur ajoutée durable pour notre peuple, à travers l’industrialisation, la montée en gamme des chaînes de valeur, la formalisation de l’artisanat minier et la création de compétences locales"

Ensuite, il a insisté sur la sécurité et la stabilité :

"La pacification totale de la RDC reste une priorité absolue, et nous saluons l’accompagnement de l’Union européenne dans la réforme du secteur de la sécurité. Nous souhaitons un appui davantage coordonné et aligné sur nos priorités, notamment en matière de protection des civils, de gouvernance locale et de renforcement de la justice".

Troisièmement, il a évoqué la diversification économique et la durabilité :

"Face à l’urgence climatique, notre partenariat doit être un moteur pour une économie verte et diversifiée. La RDC, pays pivot pour le climat mondial, attend une coopération renforcée pour protéger ses forêts, valoriser ses services écosystémiques et maintenir un accès compétitif au marché européen tout en respectant les nouvelles exigences environnementales"

Enfin, il a mis l’accent sur l’investissement et le secteur privé :

"Nous devons créer un environnement plus attractif pour les investissements européens durables, créateurs d’emplois pour notre jeunesse. Global Gateway, s’il est orienté vers une connectivité cohérente dans les secteurs du transport, de l’énergie et du numérique, peut devenir un catalyseur majeur d’industrialisation, d’intégration des fournisseurs congolais et de sécurisation des corridors commerciaux"

Pour sa part, l’ambassadeur Nicolas Berlanga, au nom de la délégation de l’Union européenne et des États membres, a salué un dialogue marqué par la transparence, la confiance et l’écoute mutuelle.

"Lors de cette séance, nous espérons recevoir votre vision sur la place de l’Union européenne en RDC, en Afrique et dans le monde. Je tiens à confirmer que la RDC représente pour nous un partenaire singulier, non seulement pour ses ressources naturelles et ses opportunités d’investissement, mais également pour les liens culturels et humains historiques que nous souhaitons faire perdurer. Nos diasporas respectives représentent une force d’amitié, d’alliance et aussi de mobilisation en faveur des intérêts communs. Le Congo est le plus grand pays francophone au monde", a-t-il déclaré.

Abordant la question du climat des affaires, le diplomate européen a souligné la nécessité de progrès :

"Vous souhaitez que nous élargissions la présence d’investissements, notamment privés, et d’entreprises européennes en RDC. Ces entreprises regardent votre pays avec intérêt, mais il existe encore une certaine frilosité en attendant une amélioration du climat des affaires. Contrairement à d’autres acteurs économiques, nos entreprises doivent respecter des règles strictes de transparence, de bonnes pratiques et de durabilité environnementale. Le financement est majoritairement privé, et les engagements doivent être respectés"

Ce dialogue s’inscrit dans un contexte marqué par la tenue, les 24 et 25 novembre 2025, du 7ᵉ sommet Union africaine–Union européenne à Luanda, en Angola.

L’accord de partenariat OEACP-UE, également appelé accord de Samoa, encadre les relations entre l’Union européenne et 77 pays : 47 pays africains, 15 des Caraïbes et 15 du Pacifique. Il constitue désormais le cadre juridique qui régit la coopération politique, économique et sociale entre les deux blocs.

Clément MUAMBA