Les officiers supérieurs des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) interpellés ces derniers mois sont tous vivants et vont pouvoir de nouveau recevoir la visite de leurs épouses, a déclaré samedi Paul Nsapu, président de la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH), lors d’une conférence de presse à Kinshasa.
« Le dossier de ces officiers militaires est à une phase d’instruction, une phase d’approfondissement de ce qu’on reproche à ces officiers militaires. En attendant la fixation, c’est le procès devant la justice militaire », a déclaré M. Nsapu.
La CNDH, a-t-il rappelé, « est une institution d’appui à la démocratie qui a pour rôle de veiller à la promotion et à la protection des droits de l’homme dans toutes ses dimensions. Elle fait le monitoring tant au niveau des institutions du pays qu’au niveau de ceux qui sont cités comme violateurs des droits de l’homme. Nous recevons des plaintes des individus personnellement et aussi des plaintes des institutions, aussi bien de l’État que d’autres ».
Concernant les officiers détenus, il a précisé : « Par rapport aux plaintes que nous avons reçues des familles et des proches de ces compatriotes sous le drapeau ils ne sont pas encore condamnés. Voilà pourquoi il m’a été donné, avec d’autres responsables des organisations internationales des droits de l’homme qui étaient présents, de visiter ces officiers là où leur liberté est restreinte. Leur liberté est vraiment restreinte dans le sens qu’ils subissent, si vous voulez, les coups de l’instruction juridictionnelle. »
« Nous, on s’intéresse avant toute chose au niveau des conditions de privation de liberté, que ce soit à Makala, à Ndolo ou ailleurs dans la société. La CNDH travaille. Pour ce cas, nous avons rendu visite à ces officiers, tous à l’ordre, parce que nous avons reçu des allégations au niveau de la CNDH : ils sont portés disparus, on les a déjà tués. ils n’existent plus. Mais tous, alors tous, ils sont vivants et en bonne santé, dans des conditions qui n’ont rien à voir avec les autres lieux d’enfermement. Mieux qu’à Makala par exemple, mieux qu’à Ndolo, dans ces prisons », a détaillé M. Nsapu.
Il a ajouté : « Nous avons même échangé. Ils sont en bonne santé, les médecins les visitent, chacun avec ses petits problèmes, ses petits bobos de santé. Et nous avons même blagué : ils sont tous contents parce que nos Léopards ont gagné, ils ont suivi tous les derniers matchs contre le Nigeria. Ils étaient en joie, ils ont même sautillé. Ils nous ont dit comment ils étaient très contents et fiers. C’est pour dire que le droit au loisir, à la lecture, ils ont dit qu’ils sont dans de très, très bonnes conditions. »
Sur les visites familiales, suspendues pour des raisons de sécurité, M. Nsapu a expliqué : « Mais vous savez, nous sommes des parents. Ils ont demandé un peu de souplesse pour que ces personnes rencontrent leurs épouses. Ce qui leur a été produit sur le champ. Mais bien avant, pour leur sécurité, on avait suspendu les visites puisqu’il y avait des risques de menaces. À ce moment-là, on avait suspendu les visites de leurs proches, notamment au niveau de la famille. Mais alors, ces visites vont reprendre puisque nos services de sécurité nous rassurent que la menace est passée. Alors on va reprendre le rythme de visite par leurs épouses ».
Le président de la CNDH a également évoqué le suivi judiciaire : « Nous n’avons pas touché au fond, en attendant la fixation de leur procès. La CNDH va déployer, lorsque les procès seront lancés, des missions d’observation judiciaire qui pourront suivre le côté de leurs droits, le droit de la défense, et également se prononcer à la fin de ces procès sur le fond. C’est ce que nous faisons toujours lorsqu’il y a des procès aussi sensibles, aussi importants dans la vie de notre pays ».
Enfin, il a tenu à rassurer : « C’est pour vous rassurer qu’ils sont tous vivants, dans de bonnes conditions, ils sont bien traités. Finies les circulations de rumeurs, puisque nous avons reçu beaucoup de plaintes, de ceux qui les soutiennent parfois politiquement, parfois au niveau du besoin social avec leurs familles, leurs proches, etc. Je répète encore : ils sont en très bonnes mains et ils sont sécurisés comme il se doit. Avec les collègues défenseurs des droits de l’homme qui sont avec nous et qui seront encore avec nous, nous allons essayer d’apporter ces témoignages à ce stade. »
Clément Muamba