Tueries des ADF : "Nous avons l'impression d'être abandonnés", Mgr Sikuli Paluku, l'évêque de Butembo-Beni

Mgr Sikuli Melchisédech
Mgr Sikuli Melchisédech

Alors qu'il célébrait la réouverture de la pro-cathédrale Saint Gustave de Beni-Paida vendredi dernier, l'évêque du diocèse de Butembo-Beni, Monseigneur Sikuli Melchisédech Paluku est revenu sur la situation sécuritaire marquée par les récentes tueries dans le territoire de Lubero où les islamistes ADF multiplient des attaques contre la population civile.  Plus de 25 civils ont été tués cette semaine dont une dizaine de patients dans un centre de santé à Biambwe, dans la chefferie des Baswagha, à Lubero.

Le prélat catholique regrette “l'inattention” des autorités face à ces tueries,  exprimant aussi sa compassion mêlée d'une déception suite à cette situation qui pousse des milliers de civils à abandonner leurs milieux respectifs.

"Nous ne comprenons plus ce qui arrive dans notre région. Le gouvernement a la responsabilité d'assurer la sécurité des citoyens congolais. Quand on voit des tueries successives dans les zones où il y a même les forces de sécurité, nous nous posons la question: est-ce qu'ils sont capables de nous sécuriser ou alors nous sommes oubliés", a-t-il indiqué.

L’évêque de Butembo-Beni dit même avoir l'impression que le gouvernement ne se préoccupe pas de la situation dans la région marquée par des attaques meurtrières des ADF.

"Je reviens de Kinshasa et je n'ai pas l'impression qu'on se préoccupe d'ici. Dans les rues, on ne sait même pas ce qui se passe ici. Quand on vient d'ici et on sait ce qu'on vit chaque jour, on est troublé. Nous avons l'impression d'être abandonnés. Je demande à l'État d'assurer sa responsabilité et d'assurer la sécurité de ses citoyens. Nous sommes congolais et nous avons le droit d'être sécurisés".

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En une semaine, 89 civils ont péri dans les attaques ciblant plusieurs localités du secteur de Bapere. Certaines victimes sont des patients tués dans une structure sanitaire aux côtés des pavillons incendiés. Nombreuses familles sont encore à la recherche des corps de leurs proches, alors que d'autres ont quitté la zone vers des entités supposées sécurisées. 

Dieubon Mughenze