Lubero : suite à l’attaque de l’hôpital de Biambwe par les ADF, l’intersyndicale des médecins de Biena suspend ses activités

Les agents de santé de la zone de Biena, dans le territoire de Lubero, ont décidé de suspendre leurs activités pour une durée de 48 heures après une série d’attaques meurtrières attribuées des islamistes ADF, qui ont ciblé plusieurs villages et même des structures sanitaires.

La mesure fait suite à l’incursion survenue récemment dans la localité de Biambwe, dans la chefferie de Baswagha, où un centre de santé a été incendié. Plusieurs patients y ont été tués. 

Selon le docteur Nzenze Mutsumbirwa Josyline, contactée par ACTUALITÉ.CD, le personnel soignant exprime une profonde inquiétude pour sa propre sécurité, celle des malades ainsi que pour la protection des équipements médicaux, régulièrement pillés ou détruits lors des assauts armés.

Les agents réclament la mise en place urgente de mesures de protection sociale pour le personnel de santé, ainsi que la sécurisation des patients et des infrastructures médicales. 

« Les personnels soignants ont suspendu leurs activités pour hier et aujourd’hui (jeudi et vendredi), et nous allons évaluer la situation demain à partir de 17 h. Ils réclament qu’on assure la protection sociale des agents de santé, mais aussi celle des malades, et qu’on prenne des dispositions protectrices concernant les structures sanitaires. Dans ces structures, il y a des intrants de santé, et comme l’hôpital a été pillé, la structure a trop perdu : on ne peut pas avoir une structure sans intrants sanitaires. Et jusque-là, depuis qu’il y a eu des massacres dans cette structure, il n’y a pas encore eu de mesures prises par le gouvernement. Nous réclamons simplement notre protection, nous les personnels soignants, ainsi que celle des patients. On ne peut pas maintenir des structures sanitaires sans intrants, alors que l’hôpital a été pillé et que les pertes sont énormes », s’indigne le docteur Nzenze Mutsumbirwa Josyline, l’une des responsables syndicaux.

Cette suspension préventive doit permettre aux autorités d’adopter des dispositions sécuritaires jugées indispensables.

La décision intervient après de nouvelles attaques enregistrées le week-end dernier dans le secteur des Bapere et la chefferie des Baswagha, où 29 civils ont été tués, dont 17 patients retrouvés sans vie dans un centre de santé de Biambwe. Le 20 novembre, d’autres civils ont encore perdu la vie à Makoko, portant le bilan provisoire à au moins 25 morts dans cette seule localité.

Un rapport récent de la protection communautaire de Baswagha fait état de plus de 50 personnes tuées en quatre jours dans la chefferie et le secteur des Bapere. Son coordonnateur, Vianney Kitswamba, alerte sur une situation sécuritaire demeurant extrêmement précaire dans plusieurs villages.

La Mission des Nations unies en République démocratique du Congo (MONUSCO) a condamné ces exactions, affirmant que les attaques menées entre le 13 et le 19 novembre dans le territoire de Lubero ont fait 89 morts, selon les informations recueillies par ses équipes.

Des acteurs locaux de la société civile soulignent que les assaillants profitent de l’absence des forces de défense dans certaines zones pour cibler les populations civiles.

Josué Mutanava, à Goma