La République Démocratique du Congo et le Rwanda ont finalement paraphé vendredi 7 novembre 2025 le texte intégral du Cadre régional d'intégration économique (REIF) sous la supervision de la Sous Secrétaire d'État Hooker et du Conseiller principal en charge de l'Afrique de l'administration Trump, Massad Boulos. Il s'agit là d'une des résolutions phares issues de la quatrième réunion du Comité mixte de surveillance de l'Accord de Washington.
Toutefois, des représentants de la République démocratique du Congo (RDC) et de la République du Rwanda, ainsi que des États-Unis, de l'État du Qatar, de la République du Togo (en tant que médiateur de l'Union africaine) et de la Commission de l'Union africaine réunis pour évaluer la mise en œuvre de l'Accord de paix, signé le 27 juin 2025 à Washington, DC, ont conditionné sa mise en œuvre à l'exécution "satisfaisante" du concept d'opérations (CONOPS) et de l'ordre opérationnel (OPORD) faisant le lien entre la paix et la prospérité économique qui doivent marcher ensemble.
"Dans une avancée significative, les représentants de la RDC et du Rwanda ont paraphé aujourd'hui le texte intégral du Cadre d'intégration économique régionale (CIER), sous la supervision de la sous-secrétaire d'État Hooker et du conseiller principal Boulos. Le CIER définit les domaines clés pour favoriser la coopération et le développement économiques entre les deux pays, démontrant les avantages concrets de la paix et créant des opportunités d'investissement et de croissance qui profitent directement aux populations de la région. Sa mise en œuvre reste subordonnée à l'exécution satisfaisante du concept d'opérations (CONOPS) et de l'ordre opérationnel (OPORD) prévus par l'Accord de paix, soulignant le lien essentiel entre paix, stabilité et progrès économique", lit-on dans le communiqué final du Département d'État américain rendu public à l'issue de la réunion.
Au mois d'octobre, à la dernière minute, la République Démocratique du Congo avait refusé de signer l'accord portant sur le cadre d'intégration économique régionale avec le Rwanda sous médiation américaine, malgré plusieurs jours de négociations des experts à Washington qui avaient permis d’aboutir à un texte commun.
Alors que plusieurs parties prenantes au processus de Washington espéraient voir Kinshasa parapher ledit accord pour faire avancer sa mise en œuvre, le gouvernement a décidé de ralentir les pas, exigeant avant tout, le départ des troupes Rwandaises du sol congolais. Selon le porte-parole du gouvernement de la RDC Patrick Muyaya, la paix, la stabilité et la souveraineté sont des conditions préalables à tout cadre économique durable.
Kinshasa considère que bientôt quatre mois après la signature de l'accord de Washington, les conditions d'un retour de paix ne sont pas encore réunies. À la question de ACTUALITE.CD de savoir pourquoi cette condition n'était pas posée avant même la signature de l'accord de Washington? Le porte-parole du Gouvernement précise que ce refus n’a rien d’un désengagement, mais relève plutôt d’une « cohérence stratégique » conformément aux orientations du Président Félix Tshisekedi.
"Parce que lorsqu'on signe un accord, on le signe de bonne foi, ça veut dire que chacun doit faire sa part mais nous tous nous savions en signant y compris le médiateur américain, que les choses ne se feront pas de manière automatique. Nous savons que la paix est un processus lorsqu'on a convenu qu'on discutait sur cet accord qui réglait les problèmes sécuritaires, on sait que l'autre problème c'est l'économie, mais pour arriver à l'économie il faut créer les conditions, la paix définitive et durable, c'est l'expression du Président de la République", a-t-il expliqué lors d'un briefing presse à Kinshasa.
Le texte, appelé Cadre d’intégration économique régionale (CIER), avait pour objectif de jeter les bases d’une coopération renforcée dans plusieurs secteurs : exploitation minière, infrastructures, énergie, développement industriel, industrie agroalimentaire, santé publique et tourisme transfrontalier. Il s’inscrivait dans la continuité de la Déclaration de principes signée le 25 avril 2025 à Washington par les ministres des Affaires étrangères congolais et rwandais, et dans le prolongement de l’accord de paix conclu le 27 juin 2025 sous les auspices de l'administration Trump.
Olivier Nduhungirehe, Ministre Rwandais des Affaires Étrangères, Coopération Internationale avait rejeté les arguments selon lesquels Kinshasa aurait conditionné la signature de l’accord économique au retrait préalable de 90 % des troupes rwandaises de l’est de la RDC.
« Cette condition est un prétexte médiatique ridicule, jamais invoqué par la délégation congolaise lors des négociations », a-t-il déclaré, soulignant que les questions sécuritaires relevaient exclusivement du Mécanisme conjoint de coordination de la sécurité (MCCS).
Le CIER, présenté comme une plateforme dynamique de coopération, visait notamment à formaliser l’exploitation minière artisanale, renforcer la transparence et la traçabilité des minerais, développer des infrastructures régionales (notamment dans le cadre du corridor de Lobito soutenu par les États-Unis), accroître les capacités de production et de transformation des minerais, et promouvoir des initiatives conjointes dans les secteurs de l’énergie, de la santé publique et du tourisme.
Il devait constituer le volet économique du processus de paix lancé le 27 juin 2025 par Washington, aux côtés des engagements sécuritaires discutés dans le cadre du MCCS.
Clément MUAMBA