Neutralisation des FDLR et levée des mesures défensives par le Rwanda : les deux parties s’accordent sur des actions à court terme et examinent les préparatifs des opérations militaires

FDLR

L’évaluation de la mise en œuvre de l’Accord de paix signé le 27 juin 2025 à Washington, D.C., était au centre de la quatrième réunion du Comité mixte de surveillance, qui réunit des représentants de la République démocratique du Congo (RDC) et du Rwanda, ainsi que des États-Unis, de l’État du Qatar, de la République du Togo (médiateur de l’Union africaine) et de la Commission de l’Union africaine.

Cette rencontre, tenue dans un contexte de tensions et d’accusations mutuelles persistantes entre Kinshasa et Kigali, a permis de dresser un constat de lenteur dans la mise en œuvre de l’accord et d’appeler à un redoublement d’efforts pour concrétiser les engagements pris à Washington.

"Les Parties se sont entendues sur des actions concrètes à court terme, conformément à leurs obligations respectives, visant à neutraliser le groupe armé FDLR et ses groupes associés, ainsi qu'à accélérer le désengagement des forces et la levée des mesures défensives par le Rwanda. Elles ont examiné les préparatifs des opérations militaires dans une zone d'intérêt désignée, adopté un accord de mise en œuvre et salué les efforts déployés par les deux Parties pour traduire leurs obligations en actions tangibles sur le terrain", indique le communiqué du département d’État américain publié à l’issue de la réunion.

Le même document souligne que les parties ont réaffirmé leur engagement à s’abstenir de toute action ou rhétorique hostile, y compris de propos ou d’attaques politiques susceptibles de compromettre la pleine mise en œuvre de l’accord de paix, notamment dans les instances internationales.

Sur le terrain, la campagne de sensibilisation à la reddition volontaire des combattants des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), lancée récemment dans le territoire de Walikale (Nord-Kivu), se poursuit. Ce mercredi 5 novembre, une délégation des FARDC dépêchée de Kinshasa et conduite par le général de Brigade Sasa Nzita, de l’état-major des renseignements militaires, a tenu un meeting à Walikale-centre. L’objectif : échanger avec la population sur la présence présumée des FDLR dans cette partie de la province.

Ces échanges s’inscrivent dans le cadre de la mise en œuvre des résolutions de l’Accord de Washington entre la RDC et le Rwanda, en vue d’instaurer une paix durable dans l’Est du pays. La mission en provenance de Kinshasa a recueilli plusieurs témoignages de la population locale, qui a affirmé unanimement que les FDLR ne sont plus présents sur l’ensemble du territoire de Walikale, contredisant ainsi les affirmations du Rwanda.

Selon Kigali, la rive gauche de la rivière Lowa, au cœur du territoire de Walikale, serait toujours occupée par les FDLR, une allégation formellement rejetée par la population et démentie par la délégation congolaise sur place. Le général Sasa Nzita a appelé la population à s’impliquer activement dans cette campagne, notamment en encourageant les combattants encore cachés à se rendre volontairement. Il a par ailleurs annoncé que cette initiative sera étendue à d’autres territoires du Nord-Kivu, notamment Masisi et Rutshuru, afin d’inciter la population à se désolidariser des groupes armés étrangers et à encourager la reddition volontaire des combattants rwandais auprès des FARDC ou de la MONUSCO. L’objectif, selon lui, est de favoriser un retour pacifique des FDLR au Rwanda, leur pays d’origine, sans recours à la force, afin d’éviter de nouveaux affrontements.

Malgré des avancées diplomatiques notables, la situation sur le terrain demeure préoccupante, marquée par des accusations réciproques entre les parties au conflit. S’adressant à la communauté congolaise vivant au Brésil, le président Félix Tshisekedi a déclaré :

"Les pourparlers dont vous avez entendu parler, qui se déroulent à Washington et à Doha, sont sur le point d’aboutir. Dans les prochains jours, les Américains, et notamment la Maison Blanche, nous adresseront officiellement des invitations pour conclure ces négociations par la signature d’un accord de paix".

À la suite de la chute de Goma et Bukavu et de l’échec du processus de Luanda, l’Accord de Washington et le processus de Doha constituent aujourd’hui les deux volets complémentaires des efforts diplomatiques visant à mettre fin aux conflits persistants dans l’Est de la RDC, en particulier ceux impliquant le Rwanda et les groupes armés tels que le M23.

Après la signature de l’accord de Washington entre la RDC et le Rwanda sous les auspices des États-Unis d’Amérique, les discussions se poursuivent à Doha pour aborder les dimensions internes du conflit, notamment la restauration de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire et la réintégration des groupes armés.

Clément MUAMBA