Guerre et ses effets dans l’est de la RDC : près de 2 000 consultations en santé mentale réalisées par MSF à Masisi en sept mois

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Dans le territoire de Masisi, au Nord-Kivu, Médecins Sans Frontières (MSF) accompagne au quotidien des personnes touchées par des troubles psychologiques liés à la guerre et à la violence. Entre janvier et juillet, près de 2 000 consultations en santé mentale ont été réalisées dans les structures appuyées par l’organisation.

Selon Charly Shako Omokoko, superviseur santé mentale et psychosociale à Masisi, la santé mentale est essentielle pour soulager la douleur des patients victimes des séquelles de la guerre, surtout en période post-conflit.

Depuis plus de vingt ans, les conflits armés qui secouent le Nord-Kivu ont un impact majeur sur la santé mentale des populations. De nombreuses familles sont séparées, des milliers de personnes déplacées vivent dans des camps de fortune et beaucoup sont exposées à des violences répétées. Face à cette réalité, MSF a mis en place, depuis 2009, des activités de santé mentale à Mweso, dans le territoire de Masisi, afin d’aider les communautés locales et les personnes déplacées à surmonter ces traumatismes.

L’équipe encadrée par Charly Shako Omokoko mène régulièrement des activités de sensibilisation et de psychoéducation dans plusieurs quartiers de Masisi. Ces actions visent notamment à soutenir les personnes ayant subi des violences sexuelles ou domestiques, ainsi que celles vivant avec le VIH.

« Pendant les moments de conflit ou de post-conflit, la santé mentale est une activité très importante pour essayer un peu de soulager la douleur de nos patients. La situation des conflits a un impact négatif sur la santé mentale de la population. Au niveau de la prise en charge spécialisée, il y a les troubles liés au stress aigu, qui viennent en première ligne. Il y a aussi des troubles liés à l’anxiété, le syndrome de stress post-traumatique ou les troubles de stress post-traumatique. Il y a également la dépression, mais aussi les troubles psychosomatiques.», explique-t-elle.

Et de poursuivre :

« Nous sensibilisons sans cesse les gens sur l’importance de la santé mentale et sur les maladies psychiques, afin de lutter contre la stigmatisation et de renforcer la résilience des individus, des familles et de la communauté.

En plus des blessures physiques, ces événements traumatisants laissent des séquelles psychologiques et affectent la santé mentale de nombreuses personnes. Beaucoup de gens ne se rendent pas compte qu’ils ont besoin de soutien psychologique. Je leur explique qu’on peut aussi soigner avec des mots », ajoute madame Charly Shako Omokoko, superviseure santé mentale et psychosociale à Masisi.

Entre janvier et juin 2022, MSF, en collaboration avec le Bureau Central de la Zone de Santé, a apporté un soutien psychosocial à plus de 10 540 personnes à Mweso. En 2021, plus de 32 770 consultations individuelles en santé mentale ont été réalisées à travers la République Démocratique du Congo.

Selon Médecins Sans Frontières, le traumatisme psychologique est une conséquence fréquente des crises humanitaires comme les conflits, les catastrophes naturelles ou les épidémies. L’organisation intègre donc systématiquement un soutien psychologique dans ses interventions afin d’aider les patients à surmonter le stress, à renforcer leur capacité d’adaptation et à prévenir les troubles mentaux sur le long terme. Cette approche permet également aux équipes soignantes d’améliorer la qualité de leurs services auprès des communautés.

Pour MSF, la santé mentale est indissociable de la santé physique, et sa prise en charge contribue directement à la guérison et à la reconstruction des individus affectés.

À l’occasion de la Journée mondiale de la santé mentale, célébrée chaque 10 octobre, le Centre hospitalier neuropsychiatrique de Goma a enregistré plus de 1 000 cas de maladies mentales depuis janvier. Ces chiffres ont été communiqués à l’issue de quatre journées de consultations gratuites organisées par cette structure spécialisée.

Selon son directeur général, Alain Bahwere, depuis janvier 2025, plus de 1 000 patients ont été hospitalisés pour des troubles mentaux, une flambée qui serait liée à la crise sécuritaire persistante dans cette partie du pays.

Ces statistiques confirment l’urgence de renforcer les services de santé mentale dans la région, un combat que Médecins Sans Frontières continue de mener aux côtés des autorités sanitaires et des communautés locales pour offrir un accompagnement psychologique adapté aux victimes de la guerre et de l’instabilité.

Josué Mutanava, à Goma