Massad Boulos : “Certaines questions peuvent être d’ordre constitutionnel… Elles prennent du temps”

Massad Boulos, conseiller principal pour l’Afrique, département d’État des États-Unis
Massad Boulos, conseiller principal pour l’Afrique, département d’État des États-Unis

Le conseiller principal américain pour l’Afrique, Massad Boulos, a détaillé jeudi à New York l’état d’avancement du processus de paix entre le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) et le mouvement M23, en insistant sur le rôle central de la médiation qatarie à Doha et sur plusieurs mécanismes déjà actés entre les parties.

Interrogé sur la perspective d’une rencontre à Washington, il a démenti toute annonce officielle : « Nous n’avons jamais fait aucune annonce concernant un événement à la Maison-Blanche. Toutefois, nous avons effectivement parlé d’un éventuel événement à la Maison-Blanche, et le président Trump l’a mentionné à plusieurs reprises. Mais nous n’avons jamais annoncé de date précise. »

Évoquant la gravité et la durée du conflit, M. Boulos a rappelé qu’il s’agit d’une crise « qui dure depuis trois décennies ou plus », ajoutant que « des millions de personnes ont perdu la vie dans ce conflit, probablement six ou sept millions ». Il a dit partager le constat du président congolais Félix Tshisekedi sur l’ampleur des violences, tout en précisant : « S’il l’a décrit comme un génocide ou comme une expression, ce n’est pas à moi de juger cette technicité. Mais des millions de personnes ont perdu la vie, et cela après le génocide. Nous ne parlons pas du génocide rwandais. »

Sur les avancées concrètes, le responsable américain a souligné la mise en place de « nombreux mécanismes » entre la RDC et le Rwanda, mais aussi entre Kinshasa et le M23. Il a rappelé la Déclaration de principes conclue à Doha : « D’abord, nous avons eu la Déclaration de principes, ensuite cet échange de prisonniers, et nous travaillons aussi sur un certain nombre de mesures de confiance. » À propos de ce mécanisme d’échange de prisonniers, il a précisé : « Cet accord est entre le M23 et le gouvernement congolais, mais facilité par le CICR. » « Ce matin même, j’ai eu le privilège de rencontrer le chef du CICR », a-t-il ajouté, soulignant la dynamique en cours à Doha.

M. Boulos a insisté sur la nécessité de traiter les causes profondes du conflit, conformément à la Déclaration de principes du 12 juillet : « Je crois qu’il y a neuf grands domaines de focus, et certains d’entre eux prendront du temps, d’autres peuvent être réglés en quelques semaines. » Il a cité, à titre d’exemples, les questions de gouvernance et de décentralisation, ainsi que l’intégration ou la réintégration des combattants du M23 et d’autres groupes « soit dans l’armée congolaise, soit dans une forme de gouvernements locaux ». « Ce sont des questions complexes. Certaines peuvent être d’ordre constitutionnel, etc. Elles prennent du temps. Cependant, nous avons un projet de texte, donc beaucoup de travail a déjà été accompli. Et encore une fois, le Qatar a joué un rôle énorme, et nous avons un projet. Ils travaillent donc sur ce texte final. »

Selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), une copie signée du mécanisme de libération des détenus liés au conflit entre la RDC et l’AFC/M23 a été remise à Doha, en présence des autorités qataries (médiateur), de représentants du gouvernement congolais et de l’Alliance du Fleuve Congo. Doha présente ce mécanisme – qui confie au CICR l’identification, la vérification et la libération sécurisée des détenus des deux côtés – comme une étape importante vers une paix durable à l’est du Congo. Le médiateur qatari a indiqué qu’un projet d’accord de paix a été communiqué aux deux parties et qu’un nouveau cycle de négociations à Doha doit débuter dans les prochains jours. La Déclaration de principes entre la RDC et le M23 a été signée en juillet à Doha, où, l’an dernier, le CICR avait par ailleurs assisté au transfert de plus de 1 300 personnels désarmés des forces gouvernementales, avec leurs familles, de Goma vers Kinshasa.