La situation sécuritaire et humanitaire dans la province du Nord-Kivu demeure extrêmement préoccupante, et cela se fait particulièrement sentir dans le territoire de Rutshuru, rapporte le Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA). Au cours du mois d’octobre, la chefferie de Bwito a connu une intensification des affrontements entre groupes armés, affectant plusieurs villages des Zones de Santé (ZS) de Kibirizi, Bambo et Birambizo.
Ces violences ont causé la mort d’une dizaine de civils, l’incendie de centaines de maisons et des déplacements massifs. Selon des partenaires humanitaires d’OCHA cités dans le rapport d’octobre, plus de 1 253 ménages (environ 5 000 personnes) ont fui vers des localités jugées plus sûres notamment Kyahala, Ruza, Kodjo, Kashovu, Kikuku et Mumo tandis que 1 163 autres ménages ont été enregistrés au centre de Bambo.
"Les familles déplacées vivent dans des conditions précaires, sans assistance humanitaire suffisante. Le pillage des structures de santé, le 16 octobre, à Rwindi et Birambizo, a privé près de 92 500 personnes de l’accès aux soins", précise le rapport rendu public ce mardi 18 novembre.
Dans la chefferie de Bwisha, OCHA note que l’accalmie observée depuis plusieurs semaines a été interrompue le 12 octobre par des incursions armées à Nyamagana et Kiwanja, causant la mort d’au moins deux civils et le déplacement de plus de 2 000 ménages vers Kinyandoni.
"L’incertitude sécuritaire persiste dans l’ensemble du territoire, rendant la situation extrêmement volatile et accentuant les besoins urgents en matière de protection et d’assistance multisectorielle".
Par ailleurs, le mois d’octobre a été marqué par une recrudescence des violences entre groupes armés dans plusieurs villages de la Zone de Santé de Masisi, entraînant de nouveaux déplacements massifs. Les affrontements des 25 et 27 octobre à Nyabiondo, Kaandja et Mbuhi ont contraint plus de 7 200 personnes à fuir en une seule journée. Selon une évaluation menée du 30 septembre au 4 octobre, plus de 103 000 personnes s’étaient déplacées au cours des six derniers mois dans la ZS de Masisi, dont 18 152 vivent dans des centres collectifs.
"Les besoins humanitaires sont critiques, avec un accès limité aux services essentiels et une pression accrue sur les familles d’accueil. Malgré quelques accalmies ponctuelles, la proximité des positions des groupes armés laisse craindre une nouvelle escalade des violences. L’insécurité persistante continue également d’entraver les opérations humanitaires. Le 4 octobre, deux travailleurs humanitaires enlevés fin septembre ont enfin été libérés", ajoute OCHA.
Depuis le début de l’année, l’escalade du conflit et l’intensification des attaques de la rébellion AFC/M23, appuyée par le Rwanda au Nord et au Sud-Kivu, ont déplacé des centaines de milliers de personnes, aggravant une crise humanitaire déjà critique. Les violences ont fait des centaines de morts et des milliers de blessés, tandis que les routes coupées et l’insécurité compliquent davantage l’accès humanitaire.
Malgré ces conditions difficiles, les acteurs humanitaires poursuivent leurs opérations vitales en négociant l’accès aux zones affectées et en fournissant des soins médicaux d’urgence, une aide alimentaire et d’autres formes d’assistance essentielle. Selon l’ONU, il est impératif de garantir un accès humanitaire rapide, sans entrave et sécurisé aux populations dans le besoin, et de lever tous les obstacles existants.
En dépit des avancées annoncées dans le cadre des initiatives de médiation notamment le processus de Washington piloté par les États-Unis pour le dossier RDC–Rwanda et l’implication du Qatar dans la crise opposant la RDC à la rébellion AFC/M23 la situation sur le terrain peine à s’améliorer. Face à ce constat, de nombreuses voix appellent les parties prenantes à respecter leurs engagements dans les différents accords et déclarations signés, afin de faire taire les armes et offrir enfin une chance à la paix après près de trois décennies de conflit.
Clément MUAMBA