Après six mois d’appui médical d’urgence, Médecins Sans Frontières (MSF) s’apprête à clôturer son intervention au centre de santé de Shasha d’ici la fin septembre 2025. Cette décision marque un tournant dans la réponse humanitaire apportée aux populations du territoire de Masisi, une zone lourdement impactée par les conflits armés et les déplacements massifs de population.
Entre mars et septembre, l’intervention de MSF à Shasha a permis de renforcer considérablement l’accès aux soins de santé primaires dans un contexte de grande précarité. En l’espace de six mois, plus de 17 800 consultations curatives ont été menées, plus de 200 accouchements assistés, et 473 victimes de violences sexuelles ont été prises en charge.
L'organisation a également soigné 309 cas de choléra, procédé à la vaccination de 3 988 enfants contre plusieurs maladies, et 250 nourrissons ont reçu leur première dose contre la tuberculose.
Face aux cas les plus graves, plus de 600 patients ont été référés vers les hôpitaux de Heal Africa à Goma et celui de Kirotshe, témoignant de la complexité des pathologies rencontrées dans la région.
Malgré ces résultats significatifs, la situation sanitaire de la population demeure préoccupante. Depuis le démantèlement forcé des camps de déplacés autour de Shasha en février 2025, les habitants vivent un retour difficile à la normale. La fin de la présence massive des déplacés a entraîné une baisse de la fréquentation des structures de soins, ce qui a contribué à rendre possible la fin de l’appui d’urgence de MSF. Néanmoins, les besoins humanitaires restent bien présents.
Le territoire de Masisi, comme d’autres zones du Nord-Kivu, continue de subir les conséquences du conflit armé impliquant le groupe rebelle AFC/M23. Après la chute de Goma début 2025, des milliers de déplacés avaient trouvé refuge aux abords de la ville, avant d’être contraints par les rebelles de regagner leurs villages d’origine, parfois dans des conditions particulièrement difficiles.
Les séquelles psychologiques, la perte d’accès aux services essentiels et la vulnérabilité socio-économique des populations en retour constituent un terrain fertile pour de nouvelles urgences.
Si l’intervention à Shasha touche à sa fin, MSF prévoit de maintenir un suivi spécifique pour la prise en charge des violences sexuelles jusqu’à la mi-octobre, tout en gardant une veille attentive sur l’évolution du contexte local. L’ONG affirme son engagement à rester prête à intervenir de nouveau en cas de détérioration de la situation.
Josué Mutanava, à Goma