Rapport ONU: Kinshasa dément toute alliance entre les FARDC et les FDLR et appelle l'ONU à poser des actes concrets pour soulager les souffrances des millions d'innocents dans l'Est

Arrivée à Beni des chefs d'état-major des FARDC et de UPDF
Arrivée à Beni des chefs d'état-major des FARDC et de UPDF

Mandatée par le Conseil des droits de l'homme des Nations-Unies, la Mission d'établissement des faits du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme sur la situation dans les provinces du Nord et le Sud-Kivu accuse la RDC de porter la responsabilité non seulement des violations commises par ses forces armées, mais aussi par ses groupes armés affiliés « dans la mesure où leurs membres ont agi sous sa direction ou son contrôle ».

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Prenant la parole à la 60e session ordinaire du Conseil des droits de l'homme de l'ONU consacrée à l'examen de ce rapport, le ministre de la communication, Patrick Muyaya a défendu le travail abattu par les FARDC. Rejetant tout lien avec les FDLR, le porte-parole du gouvernement rappelle l'existence des instructions présidentielles interdisant toute collaboration avec les forces négatives. Aussi, il a récusé toute tentative de comparer le travail d'une armée républicaine avec celui d'un mouvement rebelle agissant sur base des intérêts étrangers.

"Les Forces Armées de la République Démocratique du Congo sont une armée nationale et républicaine soumise au droit international Il n'existe aucun lien de commandement ni d'alliance politique entre les Forces Armées de la République Démocratique du Congo et les FDLR bien au contraire des instructions présidentielles traduites en consignes pour l'armée sont strictes et interdisent toutes formes de collusion et des mesures disciplinaires comme judiciaires sont systématiquement engagées à l'encontre de tout élément soupçonné. Nous réaffirmons notre engagement à prendre toutes les mesures nécessaires contre tout élément des FARDC qui se compromettrait par des actes contraires aux valeurs républicaines y compris par des poursuites judiciaires", a indiqué Patrick Muyaya.

Et d'ajouter :

"Le gouvernement juge donc de ce fait inappropriée toute tentative de présenter une fausse symétrie entre, d'une part, une armée nationale redevable de ses actes et défendant la souveraineté du pays, et, d'autre part, un groupe armé subversif, supplétif d'un État voisin, dont la stratégie repose essentiellement sur la terreur, les crimes de masse et l'exploitation illégale des ressources naturelles, véritable raison de l'agression".

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S'agissant des wazalendo, Patrick Muyaya déclare:  "Ce sont des groupes d'auto défense qui protègent des populations face aux massacres. C'est la résurgence du M23 qui a tout perturbé du processus de Nairobi conduit par le Président Uhuru Kenyatta et qui avait obtenu de tous ces groupes l'engagement à être démobilisé".

Pour Patrick Muyaya, il est temps pour la communauté internationale d'agir pour mettre fin aux souffrances des populations congolaises. 

"La République Démocratique du Congo voudrait exprimer sa gratitude aux experts internationaux mais insiste pour que les moyens puissent être réorienter prioritairement pour la mise en œuvre effective de la commission d'enquête indépendante seule voie crédible pour briser le cycle de l'impunité et rendre justice aux victimes. L'Est de la RDC vit une tragédie humaine qui ne peut plus être ignorée, la RDC appelle donc ce conseil à agir sans délai pour établir la vérité, identifier les responsables et restaurer la dignité des victimes. C'est par des actes concrets et non par de simples paroles que nous soulagerons les souffrances des millions d'innocents et ouvriront la voie à une véritable paix que nous voulons durable et définitive", a plaidé le porte-parole du gouvernement.

En réponse à l’aggravation de la crise des droits de l’homme et de la crise humanitaire causée par la récente escalade des hostilités dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu, le Conseil des droits de l’homme a adopté, lors d’une session extraordinaire tenue le 7 février 2025, la résolution A/HRC/RES/S-37/1, demandant au Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme d’établir d’urgence une Mission d’établissement des faits (OFFMK) sur les graves violations et abus des droits de l’homme, ainsi que sur les graves violations du droit international humanitaire commises dans ces provinces.

L'OFFMK est notamment chargée d'enquêter et d'établir les faits, les circonstances et les causes profondes de toutes les allégations de violations des droits de l'homme, d'atteintes au droit international humanitaire et d'éventuels crimes internationaux. Elle doit également identifier, dans la mesure du possible, les personnes et entités responsables de violations des droits de l'homme, d'atteintes au droit international humanitaire et d'éventuels crimes internationaux.

Clément MUAMBA