Le prix Nobel de la paix, Denis Mukwege, a affirmé samedi que la guerre d’agression actuelle dans les Kivus s’inscrivait dans « la ligne droite d’une planification orchestrée depuis 1998 », à l’occasion de la commémoration du début de la deuxième guerre du Congo.
« Ce conflit, qui est le plus meurtrier depuis la 2e guerre mondiale, a ouvert la voie à un cycle de violences qui se poursuivent jusqu’à ce jour », a-t-il déclaré dans un communiqué. Il a rendu hommage « aux victimes et aux communautés martyres de trois décennies d’exploitation, d’asservissement et d’extermination planifiée ».
Mukwege a estimé que « le dernier rapport du Groupe d’experts des Nations Unies sur la RDC a encore démontré que le mobile principal de la résurgence du M23 contrôlé par l’armée rwandaise réside dans l’accaparement des ressources minières congolaises ».
Il accuse les autorités congolaises de poursuivre « le bradage de nos ressources et l’abandon de notre souveraineté » à travers « des accords de paix précipités, opaques et non-inclusifs ». Citant « la présence prédatrice des Chinois opérant en RDC », il affirme que « les récentes initiatives diplomatiques s’inscrivent une fois de plus dans une logique extractiviste néocoloniale choquante ».
« Pour chercher à obtenir la paix, le régime de Kinshasa s’est engagé à travers les Accords de Washington et de Doha à légaliser le pillage de nos ressources et à légitimer l’occupation de nos agresseurs », a-t-il dénoncé.
Le Dr Mukwege estime que « la diplomatie congolaise se distinguerait davantage en exigeant un Tribunal Pénal international pour la RDC, en déployant des efforts continus pour réclamer des sanctions internationales à l’encontre des agresseurs et en réclamant la mise en œuvre de la résolution 2773 du Conseil de Sécurité des Nations Unies ».
Il dénonce également la progression d’un « plan de balkanisation de la RDC » : « Après l’invasion des zones minières et l’installation d’administrations parallèles, les rebelles de l’AFC/M23 [...] promeuvent un fédéralisme qui préfigurera l’éclatement du pays », estime-t-il, ajoutant que ces revendications visent « la naissance d’un nouvel État dans l’Est de notre pays ».
« En cette journée du GENOCOST, qui signifie le génocide pour des gains économiques, nous réaffirmons que la justice pour les millions de victimes congolaises est non négociable », a encore insisté Denis Mukwege, en saluant les commémorations organisées à Kinshasa, en RDC, mais aussi dans plusieurs pays à travers le monde.
« Personne ne viendra sauver le Congo à notre place. […] Aucun dirigeant du monde ne placera notre souffrance au rang de ses priorités », a-t-il conclu.