La 3e édition du Salon International de l’Histoire et de la Culture, plus connu sous le nom de Café na Culture, initialement prévue du 22 au 28 février au Centre Culturel et Artistique des Pays de l’Afrique Centrale à Kinshasa, se tient finalement au centre Wallonie-Bruxelles de Kinshasa, ce vendredi 11 et samedi 12 juillet. Après les panels du premier jour, un concert est prévu dans la soirée de ce samedi.
L’événement se veut un espace de culture musicale par excellence mais également un lieu de discussion entre jeunes, également avec les plus âgés, décideurs, leaders de la société civile, artistes, etc. Un premier jour réussi malgré les défis, indique Pedro Mukena, coordonnateur due Café na culture.
« Je suis content de la participation de la jeunesse qui est une cible particulière. Voir qu’elle est réunie pour cette activité, c’est une grande satisfaction. Je pense qu’on se réunira encore plus nombreux prochainement », a-t-il dit.
Depuis sa création, “Café na Culture” ne cesse d’évoluer. Si les éditions précédentes se déroulaient sur une seule journée, la nouvelle mouture propose une programmation enrichie sur plusieurs jours, répondant ainsi aux attentes du public.
Des panels enrichissants
Pour cette troisième édition, le thème retenu est “La RDC : héritage et renaissance”. Un choix qui vise à interroger le passé congolais, à analyser l’héritage culturel et à envisager la reconstruction de la société. L’idée est de réfléchir à la manière dont la jeunesse peut s’approprier son héritage, le préserver ou le faire évoluer.
Pour ce faire, trois panels étaient au programme de ce premier jour. Le premier a été consacré l'architecture et l’urbanisme, le deuxième sur la renaissance politique et le troisième sur la gastronomie et la cohésion. Chacun des intervenants a enrichi l’auditoire, à majorité rempli de jeunes, sur différents aspects.
Intervenant au premier panel sur l’architecture comme reflet d'identité nationale : symbole et innovation, le Professeur Victor Bay de l’ISAU, a été formel : il n’existe pas d’architecture congolaise.
« Je prends dangereusement le risque de dire qu’il n’existe pas une architecture identitaire congolaise. Il existerait une architecture congolaise, celle qui respecterait les coutumes, les traditions, les habitudes, les formes, les spécificités et les techniques locales congolaises », souligne-t-il.
Et d’ajouter :
« Il y a des traces congolaises qu’on peut retrouver sur certains bâtiments emblématiques mais alors l’empreinte congolaise n’existerait non plus parce que la plupart des bâtiments sont transformés sur des modèles qui ne sont pas congolais ».
Victor Bay est critique vis-à-vis de l’architecture actuelle de Kinshasa qu’il qualifie d’avoir un problème d’aliénation. Autrement dit, cette architecture est empruntée à des modèles extérieurs pour dominer un lieu local avec des écritures qui ne sont pas locales. Sur ce, il estime qu’il faut une conscientisation dans le chef, non seulement des architectes en formation, mais de toute la population.
« Pas seulement les architectes, depuis la base, les enfants doivent connaître les symboles identitaires congolais, au niveau supérieur de l’enseignement, les enfants doivent être aussi informés sur les cultures et les symboles de notre pays. Toutes les facultés dans les universités doivent inspirer la population à connaître ces symboles », ajoute Victor Bay.
Dans un autre registre, le panel consacré à la politique a vu Marie-Josée Ifoku intervenir parmi les trois conférenciers. Candidate à l’élection présidentielle congolaise de 2018 et 2023, elle est à la tête d’un parti politique et d’un mouvement citoyen des jeunes. Avec son balais à la main, elle porte l’idée de la combolisstion qui résulte au nettoyage dans plusieurs compartiments de la société pour la rendre bien meilleure.
« La renaissance doit commencer par soi-même d’abord, une prise de conscience de la situation dans laquelle le Congo se trouve aujourd’hui. Je ne pense pas que nous devons continuer à pointer du doigt les autres au sujet de notre situation, mais c’est se poser la question si on est nous-mêmes le problème. Alors la renaissance va commencer », soutient Marie-Josée Ifoku.
Dans un élan de convivialité, les participants ont dégusté la nourriture apprêtée par la référence culinaire dire la diva de la cuisine congolaise, Maman Godé Muvaro. Elle a d’abord pris la parole en tant qu’intervenante dans son propre panel pendant lequel elle a entretenu l’auditoire sur la gastronomie comme pont intergénérationnel : transmission des recettes et savoir-faire ancestraux.
« La gastronomie est fondée sur des relations entre la nourriture, la culture et la tradition. Au fil de temps, la gastronomie s'est révélée comme une force culturelle et elle a aussi une influence linguistique », explique la diva de l cuisine congolaise.
Du haut de ses 23 ans d’expérience dans l'art culinaire en tant qu’animatrice et présentatrice d'émission culinaire sur plusieurs chaines de Télévision de la place, elle a énuméré les plats de chaque espace géographique de la RDC, non sans vanter l’originalité, le goût et l’ancrage culturel de ceux-ci. Cependant, elle reste ferme quant à dire aux jeunes de s’approprier de la cuisine de leur pays.
« Au fil de temps, cette gastronomie est butée à de grandes transformations, à des ajouts, à beaucoup d'influences technologiques et industrielles, à beaucoup de modernité. Toutes ses influences ne feront pas changé la gastronomie de nos terroirs qui malgré cela conserve son originalité et ses saveurs naturelles. Je vous exhorte à aimer notre gastronomie, chérissons-la, conservons-la, parlons d'elle et faisons sa promotion partout, mais surtout quand nous somme en dehors de nos frontières », a dit Maman Muvaro.
La deuxième journée de Café na culture est dédiée à la musique rumba, un concert est prévu au centre Wallonie-Bruxelles à 18h, l’entrée est libre.
Kuzamba Mbuangu