Chérubin Okende : deux ans après, la thèse du suicide toujours contestée

Hommage à Chérubin Okende au Palais du peuple
Hommage à Chérubin Okende au Palais du peuple

À vingt-quatre heures de la date anniversaire des deux ans de la mort de l’ancien ministre des Transports, Chérubin Okende, à Kinshasa, l’opposant Claudel Lubaya estime que « ce crime odieux » demeure « une tache indélébile pour la République », à la lumière de l’issue des enquêtes judiciaires qui avaient conclu à un cas de suicide.

Dans un post publié ce samedi 12 juillet sur le réseau social X, l’ancien député national exprime son inquiétude face à la persistance du « silence et de l’injustice » qui entourent la mort tragique d’un ancien membre de l’exécutif. Il dénonce notamment l’absence de publication des résultats de l’autopsie ainsi que le silence des experts belges et sud-africains associés à l’enquête.

« Il n’existe pas de crime parfait. Deux ans plus tard, le silence et l’injustice persistent. Malgré les contestations véhémentes de sa famille et d’une grande partie de la population, les autorités ont précipitamment conclu à un suicide, sur fond d’intimidations envers quiconque contesterait cette thèse insensée et inqualifiable, qui peine toujours à convaincre », déclare Claudel Lubaya.

Et d’ajouter : « Les résultats de l’autopsie, essentiels pour élucider les circonstances de sa mort, demeurent inaccessibles au public. Pire encore, les experts étrangers, notamment belges et sud-africains, ayant participé à l’enquête, ont curieusement choisi de garder un silence assourdissant, laissant planer un épais voile d’incertitude sur cette nébuleuse affaire. »

Sceptique quant à la possibilité d’une « enquête impartiale et transparente » dans un système judiciaire qu’il juge « bien trop souvent soumis aux humeurs du pouvoir », Lubaya, aujourd’hui en exil, estime que « la responsabilité première » d’établir la vérité incombe au président de la République, qui devrait, selon lui, « user de tous les moyens légaux en son pouvoir pour faire éclater la vérité ». Faute de quoi, ajoute-t-il, « c’est sur sa personne que reposera la responsabilité accablante de l’assassinat tragique de cet époux et père de famille ».

La fille du défunt, Frida Okende, a quant à elle adressé une lettre ouverte au président Félix Tshisekedi, dans laquelle elle exprime sa douleur et son incompréhension face à la conclusion judiciaire. Elle plaide pour une « justice, même tardive », en mémoire de son père. Dans cette lettre antidatée, consultée par ACTUALITE.CD, elle prend la parole au nom de la famille, encore marquée par le traumatisme, et rappelle que la justice avait conclu à un suicide – une hypothèse qu’elle juge infondée. Elle dit s’en remettre aux valeurs de vérité et de justice que le président incarne selon elle, afin que ce dossier puisse faire l’objet « d’un regard nouveau, impartial et humain ».

Chérubin Okende, porte-parole et cadre du parti d’opposition Ensemble pour la République de Moïse Katumbi, avait été retrouvé mort, ceinture de sécurité attachée, dans sa jeep stationnée sur l’avenue des Poids-Lourds, dans la commune de la Gombe, à proximité du fleuve Congo. Sa veste et sa chemise blanches étaient ensanglantées, et un pistolet avait été découvert à ses côtés.

Quelques heures plus tôt, l’ancien député, attendu à la Cour constitutionnelle pour une déclaration de patrimoine, avait été porté disparu. Il était accompagné de son garde du corps.

Dans la même affaire, l’ancien ministre du Tourisme Modero Nsimba avait été poursuivi pour propagation de faux bruits, après la diffusion d’un audio controversé sur les réseaux sociaux. Cet enregistrement, qui lui est attribué, évoquait la mort de Chérubin Okende et mettait en cause plusieurs personnalités proches du président Félix Tshisekedi, dont Christian et Jacques Tshisekedi, ainsi que Christian Ndaywel, haut responsable des renseignements militaires. Modero Nsimba avait été placé sous mandat d’arrêt provisoire à la prison centrale de Makala, avant d’en sortir le 13 août 2024.

Samyr LUKOMBO