Le cri du CAFCO à la Francophonie : « Nos cœurs sont meurtris, nos corps sont meurtris. La femme congolaise a droit à la paix, comme toute autre femme à travers le monde »

Foto
Des membres du CAFCO à l’APF

Une mission de bons offices de l'Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF) s’est ouverte le lundi 26 mai au Palais du Peuple à Kinshasa, avec pour principal objectif d’examiner la situation sécuritaire préoccupante dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC).

Initiée en application des décisions prises lors de la 49e session plénière de l’APF à Montréal (juillet 2024) et de la 16e Conférence des présidents de la région Afrique à Brazzaville (avril 2025), cette mission, qui s’étend jusqu’au 27 mai, marque le lancement d’un processus de dialogue parlementaire francophone. Elle vise à soutenir les efforts de paix dans la région des Grands Lacs, notamment par l’utilisation de la diplomatie parlementaire comme levier de stabilisation.

Parmi les interventions de la première journée, figurait celle du Cadre permanent de concertation de la femme congolaise (CAFCO). Dans une déclaration, Grâce Lola, directrice exécutive de l'organisation, a mis en lumière les souffrances spécifiques des femmes dans les zones de conflit.

« Notre message a été court : nous avons trop pleuré. Nos cœurs sont meurtris, nos corps sont meurtris. La femme congolaise a droit à la paix, comme toute autre femme à travers le monde. Nous demandons la cessation des hostilités, la fin des conflits armés. Nous demandons la paix pour la RDC. »

Le CAFCO a dénoncé l’instrumentalisation du corps féminin comme arme de guerre, les violences sexuelles systématiques, l’enrôlement forcé des enfants, ainsi que la perte de repères familiaux et sociaux. Pour Grâce Lola, les femmes doivent être actrices à part entière des processus de paix :

« Ce sont leurs maris qui sont tués, leurs enfants enrôlés, et leurs corps qui deviennent champs de bataille. Les femmes doivent être présentes partout où se négocie la paix. »

La délégation du CAFCO a également interpellé l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), perçue comme trop silencieuse face à trois décennies de violences en RDC :

« Pour nous, la Francophonie est une grande famille. Mais nous avons eu l’impression qu’elle avait les yeux bandés face à notre douleur. Aujourd’hui, votre présence est une valeur ajoutée. Mais nous voulons que cela se traduise en actes. »

Les femmes ont aussi plaidé pour une implication plus concrète et durable des femmes dans les mécanismes de dialogue et de médiation, soulignant que toute paix véritable doit intégrer ceux qui en subissent le plus directement les conséquences.

La mission de l’APF poursuivra ses travaux dans les jours à venir et prévoit une prochaine étape au Rwanda, dans le cadre d’une démarche de médiation interparlementaire entre Kinshasa et Kigali. L’objectif est d’ouvrir un espace de dialogue capable de désamorcer les tensions régionales et de promouvoir une paix durable dans l’Est de la RDC.

Nancy Clémence Tshimueneka