Apprendre les bases de l’écriture aux plus jeunes, tel était un des objectifs d’un atelier d’écriture de 4 jours qui s’est tenu à Lukala, à l’Institut de la Cilu avec les élèves. Les écrivains Rufus Mata et Joyeux Ngoma ont conduit l’aventure qui a abouti à des initiatives de poursuite des activités de ce genre pour permettre aux élèves de structurer leur imaginaire au-delà de ce qu’ils apprennent à l’école.
“L’objectif était de créer un espace où l’écriture devient un outil de construction de soi, de découverte de l’autre, et de libération intérieure”, souligne Joyeux Ngoma à ACTUALITE.CD
L’atelier d’écriture s’est déroulé du 6 au 9 mai 2025 à l’Institut de la Cilu, à Lukala. La clôture et la remise des brevets s’est déroulée lundi 12 mai en présence d’au moins 80 élèves participants, issus de toutes les classes du secondaire, de la 1ère à la 6ème. Il a été organisé par l’association Cercle Du Savoir que dirige l’écrivain Joyeux Ngoma. Ils ont abordé les bases essentielles de la nouvelle littéraire : l’art de créer des personnages crédibles, de construire une tension narrative, de choisir une chute forte, mais aussi de développer sa propre voix, son style, sa sensibilité.
Cependant, le constat est fort côté organisateurs car cet atelier est l’une des rares initiatives culturelles et littéraires de cette contrée de la province du Kongo-Central. Et Joyeux Ngoma pense que la littérature peut changer des vies.
“Ce retour à Lukala est un moment fort de ma tournée littéraire africaine. Il confirme que l’écriture a encore un rôle à jouer dans les lieux parfois oubliés par les politiques culturelles. Pour moi, Lukala est bien plus qu’une étape : c’est une source d’inspiration, une terre de promesses. Ce succès donne à mon parcours d’écrivain une dimension plus humaine, plus concrète, plus proche des réalités. Il me rappelle que la littérature peut aussi changer des vies en silence”, affirme-t-il.
Cet atelier a renforcé l’idée de multiplier, étendre et soutenir ces initiatives. La structure Le Cercle Du Savoir compte proposer d’autres cycles d’ateliers dans d’autres localités, avec des thématiques variées, tout en conservant cette exigence de qualité et de proximité. Des discussions sont déjà en cours pour des ateliers dans d’autres écoles et villes du Kongo Central, mais aussi à Kinshasa, et dans d’autres provinces du pays.
“Le besoin est réel et profond. Ce que nous avons vu à Lukala, c’est une jeunesse avide d’apprendre, curieuse, passionnée, mais souvent laissée sans outils ni encadrement. Il y a un vide à combler en matière de formation littéraire, surtout dans les provinces, et Lukala est un exemple frappant de ce potentiel inexploité. L’intérêt massif des élèves et la qualité de leurs productions démontrent qu’avec un peu d’écoute et de transmission, de grandes choses peuvent émerger”, souligne Joyeux Ngoma.
Et d’ajouter :
“Pour prolonger l’élan, nous avons prévu la mise en place d’un club de lecture et d’écriture au sein de l’Institut de la Cilu. Un recueil collectif réunissant les meilleurs textes issus de l’atelier est également en préparation. Nous voulons créer un écosystème de suivi, où les élèves peuvent continuer à lire, à écrire, à se former, et à rêver ensemble. L’objectif est de faire de cette formation un point de départ, pas une fin”.
Dès le plus jeune âge, la littérature expose les enfants à de nouveaux vocabulaires, à des structures de phrases variées et à des expressions différentes, enrichissant ainsi leur langage et leur compréhension orale. Elle est également une puissante source de stimulation pour l'imagination et la créativité, transportant les jeunes esprits dans des mondes fantastiques et les encourageant à inventer leurs propres récits.
Cette immersion prépare le terrain pour une meilleure concentration, une mémoire accrue et un développement cognitif solide, des atouts majeurs que Nsimba Balembi Masudi, promoteur de l’Institut de la Cilu, a compris pour travailler avec le Cercle du savoir et des écrivains pour le bien des enfants formés dans son école. La culture littéraire ne se décrète pas mais c’est un processus qui nécessite du temps, conclut Joyeux Ngoma.
“Il faut semer très tôt pour espérer récolter demain. La culture littéraire ne se décrète pas, elle s’incarne, se transmet, se partage. Les jeunes sont prêts, disponibles, et très réceptifs quand on leur offre un espace où ils peuvent s’exprimer librement. Ces ateliers sont des lieux de renaissance intellectuelle et de réconciliation avec soi-même”, indique-t-il.
Plus qu'un simple divertissement, la littérature est un outil pédagogique complet qui aide les enfants à comprendre le monde et leurs propres émotions. En explorant les péripéties des personnages, ils développent leur empathie, apprennent à gérer leurs sentiments et à mieux appréhender les différentes cultures et modes de vie.
La lecture partagée renforce par ailleurs le lien affectif entre l'enfant et l'adulte, associant le livre à un moment de plaisir et de complicité. La littérature façonne l'esprit et le cœur des enfants, leur offrant les clés pour interagir de manière significative avec le monde qui les entoure.
Kuzamba Mbuangu