Deux cadres de base ont été froidement abattus dans la nuit de jeudi à vendredi 16 mai sur l’avenue CEAVI, au quartier Mugunga, dans la commune de Karisimbi. Il s’agit du chef d’avenue Avu et d’un chef de dix maisons, tués par des hommes armés non identifiés aux alentours de 2 heures du matin, selon des témoins sur place.
Les coups de feu ont semé la panique dans ce quartier déjà en proie à une insécurité grandissante. Le chef de quartier, Safari Mbalibukira, a confirmé la nouvelle à ACTUALITÉ.CD, précisant que les corps des victimes ont été acheminés à la morgue de l’hôpital CBCA Ndosho. Il appelle les services compétents à diligenter des enquêtes pour identifier et punir les auteurs de ce double meurtre.
" L'incident s’est produit aux environs de 2h du matin sur l’avenue CEAVI, dans le quartier Mugunga. C’est vers 5h du matin que j’ai été alerté que deux cadres de base venaient d’être assassinés. Il s’agit notamment de Monsieur Safari, âgé de 60 ans, tué aux côtés de son chef de dix maisons. Ce matin, nous nous sommes rendus sur le lieu du drame. Il faut préciser qu’hier déjà, plusieurs coups de feu ont été entendus dans cette partie de Mugunga. Ce n’est qu’après que nous avons appris la terrible nouvelle de leur assassinat. Accompagné de mes services de sécurité et de la protection civile, nous avons transporté les corps à la morgue de l’hôpital CBCA Ndosho. Nous attendons à présent l’ouverture officielle des enquêtes afin d’identifier les auteurs de ce crime odieux et les traduire en justice pour qu’ils répondent de leurs actes ", a-t-il témoigné.
Cet assassinat s’ajoute à une longue série de violences qui endeuillent la ville de Goma. Depuis plusieurs semaines, la situation sécuritaire se dégrade rapidement sous l’occupation des rebelles du M23/AFC et de leurs alliés rwandais. Un rapport conjoint des conseils communaux de la jeunesse de Goma et Karisimbi, publié le 14 mai, révèle un bilan alarmant entre le 25 avril et le 10 mai : au moins 15 personnes tuées par balles, 110 maisons attaquées, 9 corps sans vie retrouvés, 4 enlèvements, 6 blessés par balles et 3 cas de justice populaire.
Les quartiers les plus affectés sont notamment Mugunga, Ndosho, Kasika, Mabanga, Bujovu, Lac-Vert, Kyeshero, Himbi, Katindo et Mapendo. Les victimes sont souvent ciblées par des hommes armés, certains portant des uniformes militaires, souvent associés aux éléments du M23.
Le ministre de l’Intérieur, Jacquemain Shabani, a dénoncé ces exactions dans un communiqué officiel. Il accuse les rebelles d’avoir massacré 107 civils et enlevé plus de 4000 personnes entre le 10 et le 13 mai, dans une campagne violente contre les populations civiles accusées à tort de collusion avec les FDLR, les FARDC ou les combattants Wazalendo.
Dans cette opération, près de 300 jeunes ont été interpellés à Goma et dans ses environs. Les rebelles ont affirmé avoir arrêté des membres des FARDC, de la police, des combattants Wazalendo, des présumés FDLR ainsi que des ressortissants rwandais. Le gouvernement congolais, de son côté, dénonce une « chasse à l’homme » et une grave violation des droits humains, perpétrée avec le soutien présumé de l’armée rwandaise.
Josué Mutanava, à Goma