Les évêques de la CENCO appellent Félix Tshisekedi à ne pas prêter l’oreille à ceux qui veulent le détourner de l'intérêt de la population “au profit de leurs intérêts mesquins"

Félix Tshisekedi et les membres de la CENCO
Félix Tshisekedi et les membres de la CENCO

Face à la méfiance de l'administration Tshisekedi à l'égard du projet « Pacte social pour la paix et le bien-vivre ensemble en RDC et dans les Grands Lacs » porté par la CENCO-ECC, les évêques de la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) exhortent le chef de l'État Félix Tshisekedi à ne pas prêter ses oreilles à ceux qui veulent détourner son attention des intérêts de la population.

Au cours d'un face à face avec la presse ce vendredi 16 mai, le Secrétaire Général de la CENCO, Donatien Nshole, rassure que dans l'initiative de ces deux églises il n'y a aucune intention de renverser l'ordre constitutionnel mais plutôt accompagner le chef de l’Etat dans ses prérogatives de " garant de la nation".

" Il y a une partie qui comprend la pertinence de l'initiative, il y a une autre qui redoute de la bonne foi. Nous parlons avec les uns et les autres, il y en a qui sont méfiants, d'ailleurs, vous entendez ça dans les médias croyant qu'on était en train de boutiquer quelque chose pour renverser l'ordre constitutionnel. Le chef de l'État est un homme, il reçoit de sa famille politique des avis contraires et c'est cela le sens de la recommandation des évêques. C'est une façon de dire que ne prêtez pas l'oreille à ceux veulent vous détourner de l'intérêt de la population au profit de leurs intérêts mesquins, faites confiance à vos pères spirituels qui veulent vous aider, vous accompagner dans votre mission de garant de la nation ", a rassuré Donatien Nshole, SG de la CENCO à l'issue de la réunion des évêques tenue du 12 au 15 mai sur la situation socio pastorale du pays.

Si le régime Tshisekedi est méfiant, Donatien Nshole a révélé que toute l'opposition et certaines forces sociales ont bel et bien adhéré à l'initiative portée par la CENCO-ECC.

" Pratiquement toute l'opposition a adhéré. La société civile, une grande partie a adhéré aussi. Du côté du pouvoir, il y a une partie qui adhère mais ce sont des adhésions du genre un niveau qui ne doit pas encore prendre en compte comme étant suffisant vous savez que la majorité a comme autorité morale le chef de l'État donc c'est son adhésion qui entoure et comme je vous ai dit quand nous l'avons rencontré, il avait quand-même apprécié l'initiative, il a exprimé quelques préoccupations et quand il va nous recevoir ça sera pour nous aussi de lui donner les réponses aux préoccupations qu'il avait exprimées ", a ajouté Donatien Nshole.

Au lendemain de la prise de la ville de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu par la rébellion du M23 soutenue par l'armée rwandaise, des voix en interne et à l'extérieur du pays s'étaient levées pour appeler les différentes parties au dialogue national pour aboutir à la résolution de la crise sécuritaire dans l'Est de la République Démocratique du Congo. L'église catholique et l'église protestante ont initié et proposé pour ce faire, des consultations de la classe sociopolitique pour un dialogue national. Mais cette démarche est réfutée par le parti présidentiel, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) qui affirme que « l’église n’a pas vocation de prendre des initiatives politiques ».

Au niveau international, à l'instar de la France et de la Belgique qui soutiennent les initiatives de paix en cours, ne cessent d'encourager également des initiatives nationales en vue de régler durablement les conflits dans l'Est du pays. Jusque-là, Kinshasa semble réticent à ces différents appels de certains États au niveau national.

Clément Muamba