Selon les résultats du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) de juillet 2022 à juin 2023, 45% de la population de la province du Tanganyika est classée en situation de crise. Ceci montre l’ampleur et la magnitude de l’insécurité alimentaire dans cette province où entre 70 et 79% des ménages ont un score de consommation alimentaire pauvre ou limite.
Cette insécurité alimentaire couplée à la malnutrition et à la pauvreté a des conséquences sur les l’apprentissage des élèves, notamment la faible assiduité, le manque de concentration pendant les cours, l’abandon scolaire, le manque de motivation ou la difficulté pour les enfants de parcourir des longues distances pour aller à l’école, le manque d’intérêt pour des familles de scolariser leurs enfants, en particulier les filles.
A ces multiples défis, s’ajoutent notamment les conflits armés et communautaires, les inondations liées au changement climatique et le mauvais état des routes de desserte agricole, qui freinent l’accès des communautés locales aux champs pour alimenter les marchés locaux et subvenir aux besoins alimentaires des familles et des écoliers en particulier.
‘Dans ce contexte, les cantines scolaires, apparaissent comme un levier essentiel pour favoriser la réussite scolaire, la santé infantile et le développement global de la communauté’ déclare Francis BERE, chef de bureau du PAM dans le Tanganyika. ‘Modèle innovant et résilient, les cantines scolaires permettent aux communautés scolaires de surmonter les pénuries alimentaires en s'appuyant sur les ressources locales tels que la patate douce, le manioc, les haricots et les légumes’, se réjouit Francis.
Les cantines scolaires rentrent dans le cadre du Plan stratégique pays du PAM en RDC qui repose sur une vision plus large de développement communautaire intégré, de renforcement de l'autonomie alimentaire, de promotion de l'agriculture durable et d’encouragement de la participation active des communautés locales. Elles constituent aussi une réponse locale et adaptée pour l’atteinte de plusieurs Objectifs de développement durable (ODD) à l’horizon 2030.
Un engagement communautaire exemplaire
La stratégie des cantines scolaires repose sur l’implication active des communautés pour bâtir un modèle durable et résilient. Parents, enseignants, élèves et partenaires s’engagent collectivement pour développer des solutions adaptées aux réalités locales.
Dans ce cadre, le recours à la production locale manioc, patate douce et légumes issus des jardins scolaires ne répond pas uniquement à des difficultés ponctuelles d’approvisionnement. Il s’inscrit d’abord dans une démarche structurée visant à soutenir l’agriculture de proximité mais aussi améliorer la qualité nutritionnelle des repas. Lorsqu’elle est bien mise en œuvre, cette stratégie permet aussi, de manière complémentaire, de compenser les retards éventuels dans les livraisons du PAM. Une preuve concrète de l’efficacité d’un engagement communautaire exemplaire.
‘Le PAM, à travers son partenaire APETAMACO, nous a enseigné que même si les céréales venaient à manquer, nous devions être en mesure de nous nourrir des produits venant de nos champs’, témoigne Thérèse Romana Joséphine, une élève de l’école primaire Mulolwa, territoire de Kalemie.
Cette approche a porté ses fruits : 6,3 tonnes de tubercules de manioc et de patate douce ont été récoltées et servies à plus de 23 700 élèves entre 2023 et 2025. Cette fructueuse récolte a été rendue possible grâce aux champs communautaires et aux jardins scolaires, où les parents d’élèves jouent un rôle actif, en s’impliquant activement dans les travaux champêtres.
Une résilience qui inspire
Le directeur de l’école primaire Nyota à Tundwa, Kabila Kongolo Symphorien, exprime avec fierté l’importance de cette initiative : ‘la cantine scolaire est un projet communautaire et c’est à nous de l’adapter. Après le PAM, ce projet doit être pérennisé. La production des champs communautaires est la solution qu’il faut adopter ‘.
Pour l’année scolaire 2024-2025, 46 écoles de la province du Tanganyika ont remplacé les céréales par des tubercules de manioc et de patate douce produits localement. Cette transition ne se limite pas à une simple substitution alimentaire : elle témoigne d’une transformation profonde, où les populations locales prennent en main leur sécurité alimentaire.
Un modèle pour l’avenir
Cette expérience du Tanganyika est un message d’espoir tangible. Elle démontre que le renforcement des capacités des communautés, accompagné de l’engagement, de la solidarité et de l’innovation, peut assurer la résilience alimentaire des élèves, même dans des contextes de crise et de l’insécurité alimentaires. Au-delà des frontières de la province du Tanganyika, cette initiative pourrait inspirer d’autres régions confrontées aux mêmes défis. Elle rappelle une vérité essentielle : les solutions existent souvent là où l’on croit que tout est perdu.
En RDC, le PAM, renforce la résilience des communautés locales par des initiatives innovantes et contextualisées favorisant une autonomisation intégrale. Cette action est menée grâce au soutien de partenaires financiers tels que la Coopération française, la Coopération belge, le Japon, ECW.