La Ministre d'État, ministre des Affaires Étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner a fixé l'opinion sur un point clé de l'accord de paix signé avec le Rwanda à savoir : le désengagement des groupes armés nationaux. Au cours d'un briefing presse tenu jeudi 3 juillet 2025, elle a fait le parallélisme entre deux volets majeurs de l'accord souvent confondus dans l'opinion “le retrait des forces étrangères et le désarmement des groupes armés nationaux”.
Contrairement aux années antérieures, le processus de désarmement, la démobilisation et le cantonnement des groupes armés opérant sur le territoire national sera pris en charge au niveau du PDDRCS (Programme de Désarmement, Démobilisation, Réinsertion communautaire et Stabilisation), cadre institutionnel approprié pour cette question.
“Le désarmement est obligatoire pour tous les groupes armés congolais, l'accord prévoit que les groupes armés congolais qui opèrent sur le territoire national doivent être désarmés, démobilisés et cantonnés sans délai. Comme vous le savez tous, nous avons le PDDRCS qui est en fait le cadre institutionnel prévu par l'État Congolais pour donner des perspectives aux ex combattants des groupes armés. On parle des groupes armés actifs dans les zones anciennement ou actuellement sous contrôle du M23, les groupes dits d'auto défense et tout mouvement prétendant représenter une revendication communautaire par la voie des armes” a fait savoir Thérèse Kayikwamba Wagner jeudi 3 juillet 2025 devant la presse.
S'agissant des ex-combattants désireux d'intégrer les forces de défense et de sécurité, Thérèse Kayikwamba parle d'une innovation dans le cadre de l'accord de Washington. Contrairement aux expériences passées, ce membre du gouvernement Suminwa précise qu'il y aura un suivi strict avant tout processus de réintégration.
“Ici aussi, il y a une rupture très importante avec des pratiques qu'on a vu par le passé notamment des pratiques d'intégration généralisée d'effectifs des groupes armés. Nous ne sommes pas dans cette logique. Nous sommes justement dans une logique où les ex combattants des groupes armés qui auraient peut être l'intention ou le souhait d'être intégrés dans les Forces Armées ou les forces de sécurité doivent répondre à des critères stricts. On doit s'assurer tout d'abord de leur nationalité congolaise, mais aussi de la non application des crimes graves et d'autres critères qui vont être appliqués. Des critères qui nous assurent que toute intégration répond à des leçons que nous avons apprises et tirées du passé et qui nous protègent, protègent nos institutions d'être affaibli de l'intérieur” a soutenu Thérèse Kayikwamba.
Plus d'amnistie automatique
L’autre précision apportée par la ministre d’Etat en charge des affaires étrangères concerne la redevabilité. Elle a mentionné dans ses réponses qu’il n'y aura pas d'amnistie automatique.
“Cela ne veut pas dire que dans le cadre d'un accord de paix tout est oublié et tout est passé. Il y a l'aspect de la redevabilité. Même s'il n'est pas ancré de manière individuelle. Quand on lit l'accord, on voit qu'il y a de manière transversale cette considération là. On ne peut pas rebâtir une société sans avoir un aspect de redevabilité, de responsabilité et tirer les leçons du passé”.
Cette disposition est contenue dans l'accord de Washington alors que la question de la rébellion de l'AFC/M23 est prise en charge au niveau de la médiation du Qatar. Depuis quelques mois déjà, les délégués du gouvernement congolais et de la rébellion soutenue par le Rwanda dialoguent en vue de parvenir également à la signature d'un accord de paix entre les deux parties.
Depuis la précédente législature, les députés nationaux avaient adopté (mardi 8 novembre 2022) la recommandation portant interdiction d'intégrer, de mixer et de brasser des éléments des groupes armés terroristes et autres au sein des forces armées, de la police nationale et des services de sécurité de la République Démocratique du Congo. Cette recommandation a été adressée au gouvernement afin de prémunir les forces armées congolaises, la police nationale et autres services de sécurité de l'infiltration et autres conséquences néfastes découlant des processus répétés de mixage et de brassage des groupes.
Clément MUAMBA