RDC : la situation socio-économique à Walikale Centre en six points essentiels, près d’un mois après le retrait des rebelles de l’AFC/M23

Le rond-point à Walikale-centre
Le rond-point à Walikale-centre

La situation socio-économique à Walikale Centre (Nord-Kivu), dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC), reste marquée par des défis importants, malgré le retrait, il y a près d’un mois, des forces rebelles de l’AFC/M23. La région peine toujours à retrouver son dynamisme économique. Les activités commerciales, pourtant cruciales pour la survie des habitants, connaissent une reprise timide, lente et parfois même chaotique.

1.      Séquelles du pillage organisé

L’un des principaux obstacles à la relance économique de Walikale Centre reste les pillages systématiques orchestrés par des groupes armés, notamment durant et après le retrait des rebelles de l’AFC/M23. Ces actes ont paralysé les activités et infrastructures économiques locales. Les magasins, les marchés et les établissements commerciaux ont été dépouillés de leurs stocks, rendant difficile la reprise des activités commerciales.

Cette situation a plongé la population dans une grande précarité. Le manque de biens de consommation de base, l’augmentation des prix, et la désorganisation générale des circuits de distribution sont des conséquences directes de ces pillages. La population locale, déjà fragilisée par la guerre, peine à se remettre de cette catastrophe économique.

2.      Hausse des prix des produits de première nécessité

Un autre facteur aggravant la crise économique à Walikale Centre est la hausse des prix des produits de première nécessité. Le coût des denrées alimentaires, des médicaments et des produits essentiels a considérablement augmenté. Cette inflation est en grande partie due aux difficultés de transport et à la rupture de chaîne d’approvisionnement, notamment entre Walikale et les centres commerciaux comme Goma et Bukavu. Les routes sont de plus en plus risquées à emprunter à cause de l’insécurité persistante. Ce qui limite les échanges commerciaux et aggrave les pénuries de produits de base.

Le transport est désormais un secteur en crise : les camions et les véhicules de transport sont souvent attaqués, et les commerçants hésitent à s'engager sur les routes au risque de leurs vies pour approvisionner la région. Cette situation a un impact direct sur le pouvoir d'achat des habitants, déjà confrontés à des conditions de vie difficiles.

3.      Pillage des structures sanitaires : l’accès aux soins compromis

Les infrastructures sanitaires de la région ont également été durement touchées par le conflit. Plusieurs centres de santé, notamment sur l’axe Walikale-Goma, ont été pillés et vandalisés par les rebelles de l’AFC/M23. Parmi les structures les plus touchées figurent l’hôpital général de Kibua, dans le groupement Ihana, ainsi que des établissements de santé dans les localités de Kumbwa et Mutakato. Ces établissements étaient des piliers essentiels pour la santé de la population locale.

Conséquence, l’accès aux soins de santé est désormais un défi majeur pour la population de Walikale Centre. Les habitants ont été privés de médicaments, d’équipements médicaux et même d’infrastructures de base pour se soigner. Cette situation a exacerbé les vulnérabilités des communautés locales, qui se retrouvent dans l'incapacité de recevoir des soins appropriés.

4.      Population en déplacement, les activités scolaires perturbées

Le climat d’insécurité qui persiste dans certaines zones de Walikale continue d’obliger une partie de la population à rester dans leurs milieux de refuge. De nombreuses familles se sont réfugiées en brousse, loin des zones de conflit. Cette situation a des répercussions dramatiques sur l'éducation des enfants. Les écoles, déjà vulnérables en période de guerre, connaissent un taux de présence très faible d’élèves. Beaucoup de jeunes sont toujours en déplacement, et l'incertitude quant à l'avenir a découragé certains parents d'envoyer leurs enfants à l’école.

Les enseignants et les élèves font face à des conditions de vie très précaires. Ce qui entrave la reprise normale des activités scolaires. Plusieurs établissements scolaires sont endommagés, et l'absence de matériel éducatif est une difficulté supplémentaire pour les écoles restantes.

5.      Evaluation des dégâts et espoir pour la résilience

Face à cette situation de crise, l’administrateur militaire du territoire de Walikale a récemment lancé une opération d’évaluation des dégâts causés par la guerre. L’objectif est de documenter l’étendue des destructions et des pertes, afin de rédiger un rapport détaillé qui sera transmis au gouvernement central. Cette opération suscite une lueur d’espoir car le rapport pourra permettre la mise en place de mesures concrètes pour soutenir la résilience de la population locale.

Cependant, les habitants de Walikale attendent encore une assistance tangible. Le gouvernement congolais, en collaboration avec les organisations humanitaires, devra fournir une aide d'urgence pour répondre aux besoins immédiats de la population, notamment en matière de nourriture, d’eau, de soins de santé et de réhabilitation des infrastructures essentielles.

 6.      Retour lointain à la normalité

La situation économique de Walikale Centre reste très préoccupante. Malgré le retrait de l’AFC/M23, la région reste dévastée par les pillages, l’insécurité et les conditions de vie difficiles. Les habitants, encore marqués par les traumatismes de la guerre, se battent pour reconstruire leur vie, mais les obstacles sont nombreux. Le soutien du gouvernement, des ONG et des partenaires internationaux sera crucial pour que Walikale puisse renouer avec un avenir plus stable et prospère.

En attendant, la population continue de vivre dans une précarité extrême, et la reconstruction, aussi bien économique que sociale, s’annonce longue et difficile. Les défis restent immenses, mais l'espoir d'un retour à la paix et à la stabilité reste intact.