La rapporteure adjointe de l'Assemblée nationale, Dominique Munongo, a confirmé l'inscription, au calendrier de la session de mars de la chambre basse du parlement, de la proposition de loi fixant les principes fondamentaux relatifs à la sécurité alimentaire en République Démocratique du Congo. C'était dans la salle des Banquets, vendredi, lors de la clôture de l'atelier axé sur la sensibilisation et plaidoyer de cette proposition de loi, portée par les députés nationaux Thaddée Katembo et Alexandre Muhasa.
Tout en signalant l'importance d'avoir une telle loi dont la RDC est dépourvue depuis son accession à l'indépendance, Dominique Munongo a tout de même démontré que l'accès à une alimentation adéquate est un droit reconnu tant dans la déclaration universelle des droits de l'homme ainsi que dans la convention internationale des droits de l'enfant, la RDC étant, elle aussi, obligée de prendre des mesures en la matière. Face aux indicateurs de la sécurité alimentaire en RDC, lesquels sont au rouge, cette membre du bureau a fait savoir que ladite proposition de loi sera débattue au cours de cette session.
“La situation alimentaire et nutritionnelle de notre pays n'est toujours pas rose. Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), au total 28 millions de personnes en RDC sont confrontées à une insécurité alimentaire aiguë. Un record jamais atteint pour le pays. Comme cause sous-jacente de la malnutrition, c'est l'insécurité alimentaire au niveau des ménages, avec ses multiples facteurs, a plongé le pays dans un taux de malnutrition chronique infantile de 47,9% selon les enquêtes nationales de nutrition de 2023. La manutention aiguë est aussi loin d'atteindre le taux acceptable. Nous sommes donc heureux de vous annoncer que la proposition de cette loi a déjà bel et bien été élaborée et inscrite lors de cette session en cours”, a-t-il confirmé.
Pour le directeur du programme national de nutrition( Pronanut), la conjonction des forces s'avère impérieuse pour fléchir la courbe de la malnutrition en RDC, saluant l'initiative pour la mise en place d'une loi devant encadrer cette lutte contre l'insécurité alimentaire.
« La malnutrition constitue un problème sérieux de santé publique dans notre pays. Aujourd'hui un enfant Congolais sur deux est sujet à la malnutrition chronique et un enfant sur dix est sujet à la malnutrition aiguë. Et pour arriver à fléchir la courbe de la malnutrition, il y a lieu d’une conjonction des forces de tous les secteurs sensibles pour que nous puissions arriver au bout de la malnutrition. Dans ce travail de coordination, il y a un élément essentiel qui nous manquait, car notre loi fondamentale avait déjà prévu qu'il y ait une loi qui puisse élaborer les grands principes fondamentaux qui devraient guider la sécurité alimentaire et nutritionnelle», a-t-il déclaré.
Pour sa part , le député national Thadée Katembo, l'un des initiateurs, a expliqué que cette proposition de loi compte 11 titres, plusieurs chapitres et 51 articles. À l'en croire, elle montre les objectifs que le pays doit suivre pour la sécurité alimentaire, indiquant le cadre institutionnel de l'organisation de la sécurité alimentaire depuis le sommet de l'État jusqu'aux entités territoriales décentralisées. Elle fixe, par ailleurs, le financement de la sécurité alimentaire, mettant un accent sur le secteur minier qui, très souvent, abonne l'agriculture, ce qui occasionne la malnutrition.
Le député national Alexandre Muhasa, lui, a exposé sur le titre 5 de la proposition, qui aborde la commercialisation des denrées alimentaires. Il a fait savoir à l'assistance que les aliments produits en RDC sont repérables à environ 30% contre 70% de ceux importés pour la consommation courante. Il a rappelé les chiffres de l'ancien ministre du commerce extérieur Congolais, qui établissait, en 2023, de 7 milliards de dollars le coût de l'importation en RDC, dont 3 milliards, soit 42% constitués des produits agro-alimentaires. D'où son appel à l'État de réguler le marché des produits alimentaires.
Samyr LUKOMBO