Judith Suminwa, première ministre congolaise, a lancé ce mardi 15 avril 2025 à Kinshasa les travaux du « dialogue national sur la gouvernance minière, dans un contexte de conflit en RDC et dans les Grands Lacs », organisé par le Comité de crise pour la paix et la sécurité (CCPS S-RDC), une structure de la société civile.
Dans son allocution, la cheffe du gouvernement a souligné le rôle de la société civile dans la promotion d'une bonne gouvernance du secteur minier et son impact sur le développement du pays, dans un contexte où la RDC subit les atrocités liées à l'exploitation de ses ressources minières.
« Face à cette réalité, il était urgent et même vital que la société civile dans toute sa diversité - ONG, syndicats, groupes confessionnels, chercheurs, journalistes - se lève pour reprendre la parole, recentrer le débat et construire une vision souveraine de notre gouvernance minière », a déclaré Judith Suminwa.
Elle a par ailleurs rassuré que le gouvernement tiendrait compte des recommandations issues de ces assises de trois jours et les intégrerait dans la stratégie gouvernementale pour développer le secteur minier.
« Je vous recommande donc d'inclure dans vos conclusions des mécanismes de contrôle citoyen sur les chaînes d'approvisionnement, des propositions concrètes pour protéger les droits humains dans les zones minières, des stratégies de lutte contre l'exploitation illicite transfrontalière ainsi qu'une dynamique d'implication des jeunes, des femmes, des chefs coutumiers et des communautés de base », a recommandé la première ministre.
Pour sa part, Kizito Pakabomba, ministre congolais des Mines, a indiqué que ce dialogue constituait une réponse collective à un impératif historique, à savoir mettre fin à la guerre menée par l'armée rwandaise et les rebelles de l'AFC-M23 contre la population congolaise.
« Ce dialogue est crucial. Il ne s'agit pas d'une rencontre de plus. Il s'agit d'un espace d'engagement, de vérité et d'action. Un moment privilégié pour diagnostiquer, et surtout pour agir avec des solutions qui fonctionnent », a affirmé le ministre.
Pour sa part, Ingo Herbert, ambassadeur de l'Allemagne en RDC, a réitéré la solidarité du peuple allemand avec la population congolaise face à la guerre dans l'Est du pays, où l'armée rwandaise et les rebelles de l'AFC-M23 commettent des massacres.
« C'est dans ce moment difficile que la République fédérale d'Allemagne se place aux côtés du peuple congolais pour lui témoigner sa solidarité. Personne ne peut ignorer que les ressources minières de la RDC constituent un élément clé de cette instabilité sécuritaire », a expliqué l'ambassadeur.
Il a par ailleurs exhorté le gouvernement de la RDC à mettre en place des mécanismes capables de promouvoir la traçabilité des produits miniers et d'empêcher la violation des droits humains dans les zones d'exploitation artisanale, tout en respectant les standards nationaux et internationaux en matière d'exploitation minière.
Patient Bashombe, modérateur principal du CCPS S-RDC, a, pour sa part, souligné que ce dialogue devrait contribuer à l'élaboration de politiques publiques justes et efficaces, appuyer l'État dans la défense de l'intérêt général, protéger les communautés locales et promouvoir un plaidoyer fort et crédible aux niveaux national, régional et international.
« Nous ambitionnons d'identifier les liens systémiques entre l'exploitation minière illégale et les conflits armés dans les zones affectées. Nous voulons formuler des recommandations concertées pour une gouvernance minière plus éthique, inclusive et souveraine », a-t-il conclu.
Bruno Nsaka