Est de la RDC : entre crise du dollar et isolement, le pari risqué de l’AFC/M23 sur la CADECO

PH. ACTUALITE.CD

Le dollar, principale devise étrangère en RDC, est devenu extrêmement rare à Goma. La pression se fait sentir sur l’ensemble de l’économie locale. Le taux de change du dollar, qui s’établissait à environ 2 700 francs congolais avant l’arrivée de la rébellion, dépasse désormais les 3 000 francs, selon des changeurs de monnaie interrogés sur place. Le peu de billets en dollars qui circulent encore proviendrait des stocks restants des cambistes et de certains apports en espèces réalisés par des opérateurs économiques. « Je peux faire une semaine sans toucher le dollar, c’était quasiment impossible avant l’arrivée de la rébellion », explique un habitant de Goma.

Face à cette situation de blocage, l’AFC/M23 dit vouloir mettre en place un système parallèle. Le mouvement a annoncé la création d’une structure baptisée « Autorité de régulation du système bancaire », censée être opérationnelle dans les zones sous son contrôle. Il prévoit également la relance de la Caisse générale d’épargne du Congo (CADECO), une institution publique créée en juin 1950, aujourd’hui en déclin, mais qui pourrait, selon la rébellion, devenir la principale banque dans les territoires qu’elle contrôle.

Corneille Nangaa a rencontré des changeurs de monnaie à Goma. Il leur a affirmé que la CADECO allait rouvrir dans les jours à venir, les incitant à y ouvrir des comptes et à transférer leurs avoirs depuis les banques commerciales encore officiellement rattachées à Kinshasa. Deux nouveaux responsables ont d’ores et déjà été nommés à la tête de cette institution, selon les sources du mouvement.

Mais plusieurs obstacles risquent de freiner ce projet. « Le premier, c’est la crédibilité », prévient Jimmy Kande, expert du secteur bancaire. « Comment convaincre les opérateurs économiques de déposer leur argent dans une institution contrôlée par une rébellion, sans garantie de stabilité ? » s’interroge-t-il. En plus du manque de confiance, se posent des problèmes de connexion au système bancaire international, en l’absence de banques correspondantes, ainsi que les risques liés aux circuits financiers opaques, notamment dans un contexte d’exploitation minière.

Yvonne Kapinga