Alors qu'on l'accuse d'avoir des liens avec la rébellion de l’AFC/M23 soutenue par le Rwanda pour la déstabilisation de l'Est de la République Démocratique du Congo, certains proches de l'ancien Chef de l'État Joseph Kabila Kabange ont été arrêtés à la veille de la plénière du Sénat censée statuer sur le rapport de la commission spéciale chargée d'examiner le réquisitoire de l'auditeur général des FARDC.
Si auparavant le lieu de détention de l'ancien ministre des Mines et ancien député national Martin Kabwelulu Labilo et de son épouse, la députée nationale honoraire Yvonne Mwepu Kibanda, n'était pas connu, des sources proches du dossier renseignent qu'ils sont détenus dans les locaux du Conseil National de CyberDéfense (CNC), service spécialisé de la Présidence de la République dirigé par Jean-Claude Bukasa.
Si sa femme a été relâchée quelques jours après pour regagner la résidence familiale, l'ancien élu de Manono (Tanganyika) et ministre honoraire des Mines Martin Kabwelulu est maintenu par les services de sécurité, qui veulent en savoir un peu plus sur les différents carrés miniers en interne qui appartiendraient encore à l'ancien Chef de l'État Joseph Kabila Kabange.
"Le dossier ne le concerne pas lui personnellement, ça concerne l'ancien Président. L'histoire est assez compliquée. Il a passé la nuit là-bas au Conseil National de CyberDéfense (CNC) et on attend de voir comment l'affaire évoluera, parce que des téléphones ont aussi été saisis. Ils sont en train de vérifier un peu tout dans son téléphone. Sa femme a déjà été libérée depuis hier à midi. Elle était juste obligée d'y aller, mais elle a été libérée hier à midi et déjà elle était à la maison", a expliqué à ACTUALITE.CD vendredi 23 mai 2025 une source proche du dossier.
Selon les informations d'ACTUALITE.CD, l'un de leurs enfants a pu lui rendre visite, mais les avocats ont été empêchés d'entrer en contact avec l'ancien ministre des Mines.
"Ils avaient empêché l'avocat de l'assister, mais dans la soirée il y avait sa femme et son fils aîné qui ont pu le voir et discuter avec lui", a ajouté une autre source proche du dossier.
Par ailleurs, selon toujours les informations d'ACTUALITE.CD, le régime Tshisekedi et les services de sécurité soupçonnent Martin Kabwelulu d'être parmi les financiers de l'ancien Président de la République Joseph Kabila Kabange.
« Les questions qui lui ont été posées portent plus sur les carrés miniers. Comme lui, il a géré le ministère des Mines pendant plus de 12 ans, on lui demande de dire tous les carrés miniers de Kabila et de sa famille, et de citer les sources de financement de Joseph Kabila, parce qu'ils veulent maintenant récupérer tous ses biens », nous a confié une source proche du dossier.
En dehors de Martin Kabwelulu, la famille Banywesize Cishungu a exprimé son inquiétude profonde suite à la disparition inattendue du Général de Brigade Pierre Banywesize, ancien chef de sécurité de l’ancien Président Joseph Kabila et actuellement engagé au service de la République à Dungu, dans la province du Haut-Uele. Selon un communiqué de sa famille parvenu à la rédaction d'ACTUALITE.CD, il aurait été emmené par des personnes non identifiées, dans des circonstances encore floues.
"Depuis lors, nous sommes sans nouvelles de lui, ni informés de sa localisation, ni des raisons de cette situation. Notre seul souhait, en tant que famille, est d’avoir des éclaircissements sur ce qui lui est arrivé et d’être rassurés quant à sa sécurité. Le Général Banywesize a toujours servi la nation avec loyauté et abnégation, sous différents commandements, et dans un esprit de discipline et de respect des institutions. Nous en appelons au sens de responsabilité des autorités compétentes afin qu'une lumière soit faite sur cette situation, dans le respect des droits et de la dignité de chacun", lit-on dans le communiqué de la famille.
Rappelons-le, les immunités du sénateur à vie Joseph Kabila sont levées, et ce dernier est désormais exposé aux poursuites judiciaires. 88 sénateurs, soit 91,66 % des 96 ayant pris part au vote, ont voté pour la levée des immunités parlementaires et l'autorisation des poursuites contre l’ancien Chef de l’État, 5 (soit 5,2 %) ont voté contre, aucune abstention et 3 bulletins nuls (soit 3,12 %).
En adoptant le projet de résolution de la commission spéciale dirigée par Christophe Lutundula, l'assemblée plénière de la chambre haute du Parlement a ainsi réservé une suite favorable au réquisitoire de l'auditeur général près la Haute Cour militaire sollicitant la levée des immunités et l'autorisation des poursuites contre M. Kabila.
Ces allégations, portées par le gouvernement du président Félix Tshisekedi, ont été vivement contestées par les proches de l’ancien président, qui dénoncent une « persécution politique » orchestrée pour écarter un rival influent. Le FCC parle d’un « acte de terrorisme d’État » et tient le pouvoir en place pour responsable de toute atteinte à leur intégrité physique ou à leur santé. Les autorités congolaises n’avaient pas réagi jeudi matin à ces accusations.
Clément MUAMBA