La fermeture des institutions financières et la détérioration de la situation socio-économique dans les zones sous contrôle de la rébellion du M23 soutenue par le Rwanda préoccupent l'ancien Chef de l'État Joseph Kabila Kabange. Dans son message vendredi 23 mai 2025, l'autorité morale du Front Commun pour le Congo (FCC) a exprimé sa compassion et sa solidarité aux congolais de cette partie du pays et demande aux autorités d'humaniser les conditions de vie des populations du Nord et Sud-Kivu.
"Militaire, j’ai juré de défendre la patrie jusqu’au sacrifice suprême. Hier au pouvoir, aujourd’hui en dehors du pouvoir, je demeure plus que jamais fidèle à ce serment. En ce moment où le pays est de nouveau divisé, appelé par le destin, j’ai le devoir d’œuvrer à la recherche de la paix et de contribuer à la reconstruction de notre pays qui se meurt.C’est dans cet esprit que j’ai choisi ce moment pour exprimer ma sympathie à l’endroit de toutes les victimes du conflit en cours; de réconforter et de marquer ma solidarité avec la population de la partie orientale de notre pays, vous qui êtes abandonnés par un pouvoir central qui semble avoir pris le parti de vous punir, entre autres, en déconnectant les institutions financières locales du réseau bancaire national, et en restreignant les mouvements des personnes et des biens", a déploré Joseph Kabila Kabange.
Et de poursuivre :
"Ces décisions et bien d’autres, vous asphyxient et rendent votre vie plus précaire que jamais. J’en appelle aux uns et aux autres, en particulier au gouvernement de Kinshasa, d’humaniser les conditions de vie de nos compatriotes de cette partie du territoire national. Ils ont droit à la vie, à la scolarisation de leurs enfants et aux autres conditions du bien-être.En attendant le rétablissement de l’autorité de l’État sur toute l’étendue du territoire national, j’invite les tenants du pouvoir à protéger la population. De même, l’armée, la justice et les autres structures en charge de l’ordre et de la sécurité, doivent être véritablement au service de la population et répondre à ses aspirations".
Se référant à son expérience en tant qu'ancien Président de la République, Joseph Kabila Kabange appelle les dirigeants actuels à la sagesse et à ne privilégier que l'intérêt général du pays en optant pour des solutions censées soulager la population et mettre fin à la crise actuelle en RDC.
"De par mon expérience, dans des situations similaires, le patriotisme et l’humanisme ont guidé le processus de règlement des conflits et porté des fruits dans le passé aussi bien sur le champ de bataille que sur celui des négociations ou du dialogue. Notre pays a en effet été divisé de quasi-moitié pendant des années, la sagesse avait alors prévalu, nous avions recollé les morceaux et le pays a survécu dans son unité. C’est ainsi qu’après quelques années de réflexion sur la crise en cours, après avoir consulté des chefs d’États et des anciens Chefs d’États de la région, ainsi que des acteurs politiques et sociaux, nationaux et étrangers, je fais ce jour, une proposition qui engage la nation toute entière à un sursaut patriotique pour un pacte citoyen, afin de tirer le pays du gouffre", a ajouté Joseph Kabila Kabange.
Au lendemain de la prise de la ville de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu par la rébellion du M23 soutenue par l'armée Rwandaise, des voix en interne et à l'extérieur du pays s'étaient levées pour appeler les différentes parties au dialogue national pour aboutir à la résolution de la crise sécuritaire dans l'Est de la République Démocratique du Congo. L'église catholique et l'église protestante ont initié et proposé pour ce faire, des consultations de la classe sociopolitique pour un dialogue national. Mais cette démarche est réfutée par le parti présidentiel, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) qui affirme que « l’église n’a pas vocation de prendre des initiatives politiques ».
Au niveau international, à l'instar de la France et de la Belgique qui soutiennent les initiatives de paix en cours, ne cessent d'encourager également des initiatives nationales en vue de régler durablement les conflits dans l'Est du pays. Jusque-là, Kinshasa semble réticent à ces différents appels de certains États au niveau national.
Depuis l'occupation des grandes villes du Nord et Sud-Kivu par la rébellion du M23 soutenue par le Rwanda, les institutions financières sont fermées sur instructions des autorités de Kinshasa. Les autorités rebelles ont tenté de relancer les activités de la CADECO pour soulager tant soit peu les souffrances des populations, cette démarche semble ne pas donner les résultats escomptés jusqu'à ce jour.
Clément Muamba