La population de la partie Est de la RDC, principalement dans la ville de Goma, dans une situation précaire depuis fin janvier, recourt parfois à des moyens de survie dangereux. Parmi eux, l’approvisionnement en eau non potable au lac Kivu pour survivre en cette période où l’impératif de survie n’a d’égale que la paix. Ce qui, par ailleurs, multiplie le risque de voir l’épidémie de choléra faire son chemin et dévaster autant que la guerre.
Le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF) a alerté dans un communiqué sur ce risque, se disant inquiète et préoccupée par la situation.
« Nous observons déjà des signes inquiétants d’une augmentation des cas de choléra, étroitement liée à la hausse des déplacements de population et au fait que les gens ont recours à de l’eau insalubre. Bien qu’il soit difficile de recueillir des données dans ces circonstances difficiles, nous sommes extrêmement préoccupés par l’explosion du nombre de cas à l’approche de la principale saison des pluies », a déclaré Jean-François Basse, représentant par intérim de l’UNICEF en RDC.
Pour limiter cette tendance au recours à l’eau non traitée via le lac Kivu, cet fonds des Nations Unies et ses partenaires ont donc installé plus de 50 sites de chloration le long de la côte pour traiter l’eau du lac où s’approvisionnent quotidiennement 56 000 personnes afin de limiter l’expansion de l’épidémie de choléra, indique la note de l’UNICEF.
« L’eau salubre est une ressource vitale. Alors que les épidémies de choléra et de variole se poursuivent dans l’est de la RDC, les enfants et les familles ont plus que jamais besoin d’eau salubre pour s’en prémunir et éviter une crise sanitaire plus grave », a expliqué Jean-François Basse.
Au cours de la dernière décennie, le choléra a causé la mort de plus de 5 500 personnes en République démocratique du Congo, où moins de la moitié de la population a accès à un service de base en approvisionnement en eau. De plus, seuls 15 % des habitants bénéficient d’installations sanitaires minimales, ce qui aggrave les risques de propagation de maladies.
À Goma, le conflit en cours a détérioré une situation déjà critique. Avant même l’intensification des violences, près de 700 000 personnes déplacées vivaient dans des camps où l’accès à l’eau potable, à l’hygiène et aux infrastructures sanitaires était extrêmement limité. Cette précarité expose les enfants aux maladies et accroît le danger de violences sexistes pour les femmes et les jeunes filles chargées de la collecte de l’eau et du bois de chauffage.
Face à cette crise, l’UNICEF exhorte les acteurs du conflit à préserver les infrastructures hydrauliques, conformément aux principes de Genève.
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Kuzamba Mbuangu