Des jeunes issus des organisations de la société civile et des mouvements citoyens se sont réunis ce jeudi 9 janvier 2025, à Kinshasa pour émettre leur avis en rapport avec le débat sur la révision ou changement de la constitution.
Au cours de cette activité organisée à l'initiative de l'Asbl Centre national d'appui au développement et à la participation populaire (CENADEP), ils ont estimé que certaines dispositions de la constitution méritent d'être révisées mais ils considèrent que les conditions ne s'y prêtent pas actuellement et donc, le changement ou la révision de la Constitution est inopportune.
Pour ces jeunes, les autorités du pays doivent se concentrer pour mettre fin à la guerre d'agression Rwandaise via la rébellion du M23 mais aussi rassembler des énergies pour le développement du pays.
"Pour les jeunes la question de la révision ou le changement de la Constitution reste inopportune .Il vaut mieux se concentrer à mettre fin à la guerre et de rassembler des énergies pour le développement du pays", ont-ils souligné dans leur déclaration.
Dans l'hypothèse de la révision constitutionnelle, ils ont analysé les propositions des révisions des articles 10, 42, 71, 168 et 217.
"L'article 10 sur la nationalité congolaise une et exclusive devrait être révisé et ouvrir le pays à la double nationalité en vue de permettre aux congolais de l'étranger de participer au développement du pays. Mais les jeunes ont recommandé la mise en place des verrous pour préserver la paix nationale; L'article 42 pour souligner la protection et la promotion des jeunes dans les instances décisionnelles, une loi qui fixe les modalités d'applications; L'article 71: remettre le scrutin de l'élection présidentielle à deux tours; Article 168: Mettre en place une chambre d'appel au sein de la Cour Constitutionnelle pour garantir le principe du droit au recours en matière de contentieux électoral; Article 217 ne pose aucun problème, car c'est la conséquence logique de la ratification par la RDC des accords et traités internationaux. C'est de la manipulation pure et simple", ont-ils expliqué.
Abordant spécifiquement l'aspect lié au changement de la constitution, ils ont noté quelques avantages et des inconvénients. Toutefois, ils estiment que les jeunes ne se retrouvent pas dans ces propositions de changement mais celà va plutôt renforcer le pouvoir d'un seul individu à savoir le Président de la République.
"Comme avantages, nous avons relevé les propositions suivantes: la suppression du Sénat, faisant double emploi avec l'Assemblée Nationale et jugé budgétivore; le retour du mode de scrutin de l'élection présidentielle à deux tours ; l'adoption de l'Anglais comme une des langues officielles; la mise en place d'un Parlement monocaméral; la double nationalité", ont-ils fait remarquer dans leur déclaration.
Et de poursuivre :
"Comme inconvénients; nous avons noté; Une tendance de concentration du pouvoir entre les mains d'une seule personne, le président de la République et toutes les institutions lui seront subordonnées ; la crainte d'une dictature silencieuse; la disposition limitant le Président de la République à deux mandats serait foulée au pied pour lui donner la possibilité de briguer un autre mandat dans une nouvelle République, avec le risque de lui octroyer une présidence à vie; la suppression du multipartisme et le pluralisme syndical, en violation de la liberté d'association et de réunion".
Le débat sur une éventuelle révision de la Constitution divise profondément la classe sociopolitique congolaise. Lors de ses récents déplacements, Félix Tshisekedi a annoncé la création prochaine d’une commission multisectorielle chargée de proposer une Constitution "adaptée aux réalités des Congolais et rédigée par des Congolais".
Selon l’UDPS, actuelle formation au pouvoir, la Constitution en vigueur, rédigée à l’étranger, contiendrait des dispositions entravant le bon fonctionnement des institutions. De son côté, l'opposition, incluant Joseph Kabila, Moïse Katumbi, Martin Fayulu et d'autres figures, considère ce projet comme une tentative de consolidation d’un régime autocratique.
Clément MUAMBA