Un nouveau rapport du groupe d'experts des Nations-Unies a révélé l'implication de l'armée rwandaise aux côtés de la rébellion du M23 dans la déstabilisation et conquête des territoires et localités dans la province du Nord-Kivu. D’après les experts onusiens, la conquête par les rebelles de nouveaux territoires n’aurait pas pu se faire sans l’aide de la RDF, qui a dirigé des opérations ciblées et disposait d’armes de haute technologie.
La RDF a continué d’apporter un soutien systématique au M23 et de contrôler de facto ses opérations. Malgré la publication de ce énième rapport du groupe d'experts des Nations-Unies, les sanctions contre Paul Kagame et le Rwanda tardent à venir, une situation étrange pour le gouvernement de la RDC.
"En effet, pourquoi est-ce qu'il n'y a pas de sanctions ? Nous nous posons cette question et nous n'allons pas arrêter de poser cette question. Il s'agit dans le cadre diplomatique, des relations entre États. Ces relations sont régies par le droit international, nous avons tous adhéré à une série de conventions, nous sommes tous Etats membres des Nations-Unies et donc notre plaidoyer et notre travail que nous menons et que nous allons toujours continuer à mener c'est de montrer à quel point il y a une divergence entre le comportement du Rwanda et ses engagements internationaux", s’est alarmée Thérèse Kayikwamba Wagner, ministre des Affaires Étrangères devant la presse ce jeudi 9 janvier à Kinshasa.
Kinshasa n'arrive pas toujours à digérer le silence du Conseil de Sécurité de l'ONU face à ces nouvelles preuves incluant l'armée rwandaise sur le sol congolais.
"En tant qu'Etat membre, le Rwanda n'a pas le droit de violer notre intégrité territoriale, en tant qu'Etat membre des l'ONU, en tant que signataire des conventions de Genève, il n'a pas le droit de bombarder des écoles, camps de déplacés et nous n'allons pas arrêter de le rappeler mais le droit doit être aussi imposer et observer les pays partenaires. C'est pour ça que nous menons un plaidoyer d'arrache-pied envers tous les partenaires et en particulier les membres permanents et non permanents du conseil de sécurité pour montrer justement les violations du Rwanda par rapport à ses droits internationaux. La deuxième question qui se pose c'est pourquoi est-ce que les autres pays membres des Nations-Unies n'agissent pas ?", s'est interrogé Mme Kayikwamba.
La cheffe de la diplomatie congolaise fait une promesse: "Nous allons dresser une liste d'individus qui selon nous, doivent être sanctionnés et le régime des sanctions des Nations-Unies le permet".
"Nous allons aussi recommander des mesures pour punir le Rwanda dans le cadre de ce qui est déjà fait et ceux qui existent dans le cadre des activités du comité des sanctions et du conseil de sécurité. Certes, c'est frustrant, je le reconnais tout à fait mais encore une fois nous prenons tous ces pays, tous ces États membres qui se disent nos partenaires, nos alliés, tous ces pays qui donne des leçons sur les droits de l'homme, nous les tenons aussi pour responsables pour leur silence accablant qui, pendant de décennies a permis au Rwanda de tuer, violer et de piller en République Démocratique du Congo et l'histoire ne sera pas généreuse par rapport à leur silence et ils devront assumer cette responsabilité, nous assumons la nôtre en parlant, en usant de tous les moyens possibles".
Pendant ce temps sur terrain, les affrontements violents se poursuivent entre les Forces Armées de la République Démocratique du Congo et les rebelles du M23 soutenus par le Rwanda. Mercredi, l’armée a délogé le M23 de la cité de Masisi-centre qu’il avait conquise le samedi 4 décembre dernier. Ce jeudi encore les affrontements se poursuivent au chef-lieu du territoire de Masisi. Ce qui a permis aux rebelles de réoccuper Masisi-centre. D’autres fronts sont signalés à dans le territoire de Lubero où des affrontements violents ont eu lieu jeudi à Mambasa et Mathembe. Un civil a été tué et une maison détruite dans l’agglomération de Kitsombiro suite à l’explosion d’une bombe tirée par le M23.
Clément MUAMBA